Je restai béat. Elle sentait aussi bon que le cœur d'une fleur, dégageant un parfum sucré, poivré, rendu capiteux par une pointe de résine. J'avais l'impression de humer un secret.
Noam cultive des sentiments ambigus envers les survivalistes qu’il a rejoints. Il leur donne autant tort que raison. Il ne les confond pas avec les prophètes apocalyptiques qu’il a croisés durant des siècles, lesquels appartenaient à des civilisations qui, faute de savoir, croyaient. De nos jours la situation s’est inversée : les hommes savent, mais ne croient pas. Pire : ils ne croient pas à ce qu’ils savent. Quoique le réchauffement de l’atmosphère et ses conséquences relèvent de la science, ils n’y accordent ni crédit ni attention. Seuls les écologistes et les survivalistes, aux yeux de Noam, ont le mérite de croire à ce qu’ils savent.
Accuser de crétinerie ceux qu'on ne comprend pas revient à déclarer la sienne.
On n’apprivoise l’inconnu qu’en le ramenant au connu.
Huit milliards de personnes ne veulent rien changer pendant que tout change. Le consumérisme, le culte du gain, la conquête frénétique de nouveaux marchés, le libre échangisme ont causé un bouillonnement néfaste.
L’homme se croyait maintenant au-dessus de la Nature qu’il transformait. Il y avait dorénavant deux mondes : le naturel, l’humain. Et le deuxième envahissait le premier sans vergogne.
L’ours nous paraissait sans conteste le roi des animaux. Ni meute de loups affamés ni harde de sangliers furieux n’en venaient à bout. Non seulement aucun prédateur ne détrônait ce géant invincible, mais son courage nous subjuguait, sa solitude nous bluffait. Il régnait, lointain, sans rencontrer ses sujets.
... L’ours ne pâtissait pas de la réputation dont il souffre aujourd’hui, celle d’un plantigrade glouton, stupide, balourd, paresseux. Ces médisances vinrent de l’Église chrétienne.
... Elle se livra à la chasse à l’ours païen, autant dans les forêts que dans les cerveaux. Rien ne devait concurrencer le Dieu unique.
Ce qu'on fuit, on ne le quitte pas. On s'en éloigne. Pas d'avantage.
Accuser de crétinerie ceux qu'on ne comprend pas revient à déclarer la sienne.
Les cafés sont l'âme d'une ville. Sans eux, elle étoufferait, manquant d'espaces rêveurs.