Si je m'intéresse à ce que pensent les cons, je n'aurai plus de temps pour ce que pensent les gens intelligents.
J'ai essayé d'expliquer à mes parents que la vie, c'était un drôle de cadeau. Au départ, on le surestime, ce cadeau: on croit avoir reçu la vie éternelle. Après, on le sous-estime, on le trouve pourri, trop court, on serait presque prêt à le jeter. Enfin, on se rend compte que ce n'était pas un cadeau, mais juste un prêt. Alors on essaie de le mériter. Moi qui ai cent ans, je sais de quoi je parle. Plus on vieillit, plus faut faire preuve de goût pour apprécier la vie. On doit devenir raffiné, artiste. N'importe quel crétin peut jouir de la vie à dix ou à vingt ans, mais à cent, quand on ne peut plus bouger, faut user de son intelligence.
Les gens craignent de mourir parce qu'ils redoutent l'inconnu. Mais justement, qu'est ce que l'inconnu? Je te propose Oscar, de ne pas avoir peur mais d'avoir confiance.
Si je m'intéresse à ce que pensent les cons, je n'aurai plus de temps pour ce que pensent les gens intelligents.
Des pensées que tu ne dis pas, ce sont des pensées qui pèsent, qui s'incrustent, qui t'alourdissent, qui t'immobilisent, qui prennent la place des idées neuves et qui te pourrissent. Tu vas devenir une décharge à vieilles pensées qui puent si tu ne parles pas.
"Nous oublions que la vie est fragile, friable, éphémère. Nous faisons tous semblant d’être immortel." p18
Cher Dieu,
Le petit garçon est mort.
Je serai toujours dame rose mais je serai plus Mamie-Rose. Je ne n’étais que pour Oscar. Il s’est éteint ce matin, pendant la demi-heure où ses parents et moi nous sommes allées prendre un café. Il a fait ça sans nous. Je pense qu’il a attendu ce moment-là pour nous épargner.
Comme s’il voulait nous éviter la violence de le voir disparaître.
C’était lui, en fait, qui veillait sur nous.
J’ai le cœur gros, j’ai le cœur lourd, Oscar y habite et je ne peux pas le chasser. Il faut que je garde encore mes larmes pour moi, jusqu’à ce soir, parce que je ne veux pas comparer la peine à celle, insurmontable, de ses parents.
Merci de m’avoir fait connaître Oscar. Grâce à lui, j’étais drôle, j’inventais des légendes, je m’y connaissais même en catch. Grâce à lui j’ai ri, et j’ai connu la joie. Il m’a aidée à croire en toi. Je suis pleine d’amour, ça me brûle, il m’en a tant donnée que j’en au pour toutes les années à venir.
A bientôt,
Mamie-rose.
PS: Les trois derniers jours, Oscar avait posé une pancarte sur sa table de chevet. Je crois que cela te concerne. Il y avait écrit : « Seul Dieu a le droit de me réveiller.»
Regarde chaque jour le monde comme si c'était la première fois
Cher Dieu,
Peggy Blue est partie. Elle est rentrée chez ses parents. Je ne suis pas idiot, je sais très bien que je ne la reverrai jamais.
Je ne t'écrirai pas parce que je suis trop triste. On a passé notre vie ensemble, Peggy et moi, et maintenant je me retrouve seul, chauve, ramolli, et fatigué dans mon lit. C'est moche de vieillir.
Aujourd'hui, je ne t'aime plus.
Un premier couple, c'est fragile, toujours secoué, mais il faut se battre pour le conserver, si c'est le bon.