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Critique de Nelja


Il faut déjà savoir que le livre a été publié en 1965, ce qui fait que le "d'aujourd'hui" est un peu dépassé. Mais c'est très drôle, de lire la préface, qui présente le fantastique comme un genre noble à la base, et n'essaie pas du tout de l'excuser en tant que sous-genre populaire... cela fait aussi que le choix est fait en fonction de la qualité de l'écriture, au moins autant que celle de l'intrigue.

Aussi, ce ne sont que des auteurs français.

Bon, bien sûr, comme ce sont des nouvelles d'auteurs différents (et que l'anthologie est probablement épuisée, il va falloir chercher du côté des auteurs aux-mêmes), je vais parler de chacune séparément.

L'enfant de la haute mer, de Jules Supervielle : Bon, bien sûr, je suis biaisée, c'est une de mes nouvelles préférées au monde... elle m'émeut à chaque fois. j'ai été impressionnée en lisant la date, 1931. Bien sûr, on pourrait s'en douter en voyant le mode de vie de la petite fille, mais pour moi, le thème est beaucoup plus moderne que ça... Je ne veux pas la spoiler, mais je la conseille à tout les gens qui aiment les histoires douce-amères basées sur l'imagination. Pas forcément tout le recueil, juste celle-là !

Sibilla van Loon de Marcel Brion : Je n'ai pas accroché. C'est sûrement très bien écrit. Mais ça ne compense pas le fait qu'il ne se passe rien, seulement des descriptions, pendant les 10 premières pages d'une nouvelle qui en compte 25, et que c'est un pur fantasme de mec, avec la fille belle et mystérieuse qui lui est destinée de tout éternité sans qu'il ait rien fait pour ça...

La fontaine de Joyeuse, de Jean-Louis Bouquet : Une histoire d'enquête surnaturelle tout ce qu'il y a de classique, avec une folle, des fantômes, une bonne documentation historique et une happy end. C'est charmant, et à la défense de l'auteur, on peut dire que c'était un sujet beaucoup moins banal quand ça a été écrit que maintenant.

Le village invisible, d'André Dhôtel : le début est un peu mou, mais en fait, une fois qu'on est dans l'histoire, j'aime vraiment comment est présentée cette histoire de malédiction tranquille. Apparemment il y a d'autres histoires fantastiques avec le même perso principal, je jetterais bien un oeil.

La dame de Pique d'André Bay : Très court, juste consacré à l'ambiance inquiétante, un peu fascinante, sans aucune explication. Je ne suis pas vraiment rentrée dedans.

Derrière la porte de Lise Deharme : Encore une de ces histoires qui étaient originales à l'époque mais plus maintenant, avec une enquête surnaturelle, une maison hantée par un esprit qui n'est finalement pas ce qu'on croit... bah, c'est très court et c'est mignon.

La mandragore de Marie-Laure : On voit que c'est une histoire écrite par une fille : la jeune fille mystérieuse n'est pas présentée comme un modèle de pure beauté, et il y a même un peu d'homoérotisme en fond. ^^ Sinon, c'est agréable à lire, et on a la plus grande partie des explications à la fin et elles sont bien, mais on en voudrait plus.

Le cheval de Venise, de Georges Limbour : Un pur délire verbal, sur l'absence de chevaux à Venise, impliquant des vagabondages dans Venise, une boucherie chevaline, et le narrateur amoureux d'une femme qui est amoureuse d'un cheval. Cette fois-ci, je suis rentrée dedans, et donc j'ai bien aimé !

La dame de Murcie de Noël Devaulx : Encore une des ces histoires bourrées de trous - trous de mémoires, créatures indescriptibles - qui s'emplissent de mystère quand on est dans l'histoire, et déchirent la cohérence quand on n'est pas dedans. Malheureusement, je suis dans la seconde catégorie.

Le tombeau d'Arminius de Marcel Schneider : L'histoire d'un chasseur cruel, peut-être fils d'une femme et d'une bête, qui ne respecte pas la nature et dont la nature se venge à la fin. le tout raconté du point de vue de sa femme. L'histoire est très frappante et me plait, mais je n'accroche pas spécialement aux personnages ni au style.

Le diamant d'André Pieyre de Mandiargues : J'aime la relation entre l'héroïne et son père. C'est suffisamment bien écrit pour que les longueurs dans la narration (et l'insistance sur la nudité de l'héroïne ^^) soient largement tolérables. L'histoire - dans laquelle on met longtemps à entrer - est intrigante, ça ressemble plus au début de quelque chose qu'à une histoire complète.

La chambre secrète d'Alain Robbe-Grillet : C'est purement descriptif. Pas vraiment d'histoire. Très bien décrit. Et intrigant, juste une scène frappante. Mais pas assez pour me laisser envie de retrouver l'histoire qui va avec dans ma tête. Ce qui est probablement le but poursuivi.

Une vie de chien d'Henri Michaux : C'est de la triche, ce n'est pas de la nouvelle, ça, c'est du poème en prose avec une histoire (vous me direz, c'est flou ^^ ). Mais une de mes séries de poèmes en proses préférées, alors je ne vais pas me plaindre. Comment la narrateur vit une vie où il peut se transformer à tout instant en béton, en chiffon, en n'importe quoi, comment il crée des créatures pour survivre, entre la magie et la folie... Avec du délire halluciné, de la noirceur résignée, de l'humour noir. J'adore.

L'anneau et le voyageur endormi de Marcel Béalu : C'est vraiment très court, et j'aime, parce que ça ressemble beaucoup à des récits de rêves, inquiétants mais avec une bonne dose d'absurde (je ne sais pas si c'en est effectivement).

Le tigre mondain de Jean Ferry. J'avais déjà lu celle-là, je ne sais plus où. Dans L'anthologie de l'humour noir, peut-être ? J'aime bien l'idée, sans être pour autant une grande fan.

Le tricot et le brochet de Jacques Sternberg : Encore des nouvelles vraiment très courtes, effrayantes et frappantes, un humour noir qui rajoute au glauque au lieu de le délayer ; c'est du Sternberg, quoi (au moins, il ne détruit pas l'humanité dans d'atroces souffrances pour peupler mes cauchemars, cette fois ^^ )

Le monstre de Gérard Klein : J'aurais dit, en lisant le début et les histoires de premiers contacts avec les aliens, que c'était plutôt de la sf que du fantastique, et puis finalement, à voir la fin, triste, sombre et poétique, je suis finalement d'accord avec le classement de l'anthologiste. J'aime la fin en question, d'ailleurs. Je n'était pas franchement accrochée par le reste, mais dans une nouvelle, si la chute est bien, c'est une grande part de l'intérêt.

Le voyageur sur la terre de Julien Green : le début est un peu trop vie quotidienne ennuyeuse, et la fin un peu trop sous-entendue et pas claire à mon goût, mais ordinaire quand même. Sans compter le fait que je n'ai pas accroché au héros (que personne n'aime d'ailleurs) et que c'est long (mais très facile à lire, heureusement). En bref, moyen.

Mais malgré mes réserves sur certaines nouvelles, j'ai beaucoup aimé lire cette anthologie, en fait, et découvrir des auteurs, et voir le fantastique traité ni conne un sous-genre ni comme quelque chose à laisser aux anglo-saxons.
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