Le troisième roman de
Joachim Schnerf,
le cabaret des mémoires, regroupe les interrogations d'un nouveau père avec son passé et la question de sa transmission à la troisième génération, d'après le génocide de la seconde guerre mondiale.
Samuel est seul pour la dernière fois, une nuit, avant le retour de sa femme Léa et son petit. En endossant son costume de père, encore trop apprêté,
cette nuit de solitude est habitée des inquiétudes devant ce nouvel envol. Les angoisses du passé reviennent en mémoire avec ses images inracontables que la mémoire familiale ne cesse de lui renvoyer.
Et, celles qui le hantent le plus, ce sont des images d'une génération perdue et des survivants et notamment du cabaret de la Grand-tante Rosa, enfouie aux USA dès son retour des camps. Celle dont la voix chaque soir, abritée derrière un personnage chaque fois différent, raconte les mêmes mots, ceux de l'indicible.
De plus, ce spectacle insolite se termine toujours par l'énumération de l'insoutenable par la voix de la dernière rescapée du camp d'Auschwitz. Et, au Cabaret de Shtetl city, Rosa, la soeur de son grand-père, tient sa dernière représentation.
A travers cette composition qui raconte l'enfance habitée du souvenir de cette tante et son nouveau rôle de père,
Joachim Schnerf, à travers son narrateur, pose la question de la transmission de la mémoire familiale devenue Histoire du monde.
Les derniers rescapés nous quittent. La génération qui a vécu la peur et la souffrance n'a pu parlé à son retour. Il s'agissait rapidement, ou simplement en apparences, de se reconstruire et de tenter d'oublier.
Leurs enfants n'ont pu, sans ouvrir des blessures mal fermées, en parler sans faire souffrir leurs parents. Il a fallu que certains survivants, sentant la fin proche, se mettent enfin à parler pour que la génération suivante s'en imprègne, en l'apprivoisant en jouant aux héros, comme le narrateur.
Mais, surtout en reconstruisant un devoir de mémoire débarrassé de la culpabilité d'être né porteur d'une religion maudite par
L Histoire.
Mais, que fera la troisième génération ?
Joachim Schnerf se demande ce que le fils du narrateur trouveras pour faire vivre ce devoir de mémoire. Car, il est urgent de ne jamais oublier pour ne jamais laisser la place aux négationnistes de tous bords. Là, est la teneur principale de ce court roman !
Que transmettons-nous de notre histoire à nos enfants et qu'en feront-ils ? Tout reste à écrire !
En développant cette métaphore propre au Cabaret des mémoires,
Joachim Schnerf permet cette réflexion universelle, encore plus d'actualités pour les victimes des exactions antisémitiques du milieu du XXè siècle, de la transmission familiale. Cette voix d'un père solitaire pour la dernière fois émeut et emmène loin vers la réflexion, tout en nous contant une histoire plaisante et facile à découvrir. La fiction pour soutenir la réflexion !
Lien :
https://vagabondageautourdes..