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sur 63 notes
Demain matin, Samuel ramènera son fils et sa femme de la maternité. Au cours de cette dernière nuit passée seul chez lui, Samuel s'interroge sur la transmission. Sera-t-il prêt, le moment venu, à transmettre la mémoire de ses aïeux ayant été déportés à Auschwitz ? Il pense surtout à sa grand-tante Rosa qui, sitôt rentrée d'Auschwitz, est allée s'installer au Texas, où elle a ouvert un cabaret au milieu du désert, et où chaque soir elle raconte la vie des disparus pour conclure le spectacle.
Il se remémore aussi les étés passés avec sa soeur et son cousin dans les Vosges, les trois enfants vivaient de véritables aventures lorsqu'ils partaient chercher le cabaret de leur grand-tante Rosa, personnage qui les fascinait, bravant tous les dangers pour accomplir leur mission.
Un court roman fort émouvant, qui met l'accent sur l'importance de la transmission, sur la nécessité de garder en mémoire la vie de nos aïeux, leurs souvenirs, les épisodes dramatiques qu'ils ont vécus, l'essentiel étant de trouver les mots justes pour raconter. Un récit tout en sensibilité, porté par la très belle écriture de Joachim Schnerf. Je remercie les éditions Grasset pour cette belle découverte.
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Heureusement que le roman est court car je pense que je n'aurais pas eu la force d'en lire plus.

L'auteur aborde des sujets comme la mémoire et la transmission à travers des personnages qui manquent de profondeur.

Il ne se passe pas grand-chose et l'étincelle ne vient jamais. Dommage.
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J'avoue que ce livre me laisse un peu abasourdie.
D'un côté, je suis touchée par l'attitude de ce père qui ne peut dormir, à la veille d'accueillir son fils premier-né et son épouse de retour de la maternité. de l'autre, je suis perplexe devant l'objet de ses préoccupations.
En effet, s'il est important, de se poser la question de l'importance de la transmission à une nouvelle génération, et spécialement pour un Juif, le choix de Samuel me laisse perplexe. L'urgence qu'il voit à cet instant, c'est de perpétuer le souvenir de la Shoah. Même si sa famille a été frappée de plein fouet par la déportation, ne faudrait-il pas revenir aux fondamentaux, à savoir transmettre le Shema Israël, la Révélation de l'unicité de Dieu ?
Pourquoi mettre en avant le pire de ce dont l'humanité est capable ? Je pense que c'est l'épouse qui a le dernier mot le lendemain, en le remettant face à ses propres névroses.
Ceci étant dit, c'est un livre plutôt plaisant à lire. Personnellement, je pense qu'apprendre aux jeunes à s'émerveiller est plus urgent que la transmission des horreurs de la guerre…
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Cette nuit, Samuel est seul, son épouse est à la maternité. Demain il reviendra avec elle et leur fils dans leur foyer. Mais cette nuit n'est pas solitaire puisqu'il revit les moments forts de son enfance, et la perte de sa grand-tante Rosa, la dernière rescapée d'Auschwitz.
Rosa et sa famille arrivés de Pologne, ayant trouvé refuge en France. Ce pays qui a trahi et abandonné les juifs en les envoyant à la mort certaine dans les camps d'extermination nazis.
Rosa revenue des camps n'a jamais pu parler aux siens. Elle a fuit la France pour créer un cabaret au Texas, cabaret dans lequel chaque nuit inlassablement elle raconte l'horreur, la survie, le manque d'humanité parfois nécessaire pour espérer vivre jusqu'au matin, la douleur, l'amitié par delà la mort, la culpabilité du survivant, le retour, le silence, et tous ceux qui ne sont plus, tous ceux qui ne comprendront jamais. Peut-être est-il plus facile pour Rosa de raconter aux inconnus qu'à ses proches, à ceux qui sont revenus, et surtout à tous ceux qui ont comme elle perdu une grande partie de leur famille. C'est le paradoxe de ceux qui ont vécu l'horreur, ne pas en parler autour de soi, mais parfois l'écrire, le dire à ceux qui avec qui il n'y a aucun lien.

Cette nuit, Samuel se souvient, ses pensées vont du présent au passé, de son présent à son futur, mais surtout à son enfance, cette enfance avec sa soeur et son cousin et pendant laquelle Rosa était un personnage bien lointain mais cependant prégnant. J'ai été parfois un peu perdue dans ces aller-retour, mais ce roman se lit vraiment si vite que cela n'est pas trop gênant, il est toujours possible de faire quelque retour arrière.

Encore et toujours à travers les mots de Joachim Schnerf s'impose le besoin de transmettre pour ne pas oublier, dire pour que tous sachent et que jamais ne revienne l'horreur.

Chronique complete sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2022/10/29/le-cabaret-des-memoires-joachim-schnerf/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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Alors qu'il s'apprête à aller chercher sa femme et son fils à la maternité, Samuel, le narrateur, convoque les fantômes de son passé et plus particulièrement la mémoire de Rosa. Déportée à Auschwitz, Rosa est la grand-tante de Samuel. Une grand-tante comme un mythe familial car elle est partie s'installer aux Etats-Unis après la guerre où elle a ouvert un cabaret à Shetl City et a coupé les ponts avec sa famille et cette France qui l'a trahie. Dans ce cabaret elle se raconte soir après soir, elle la dernière survivante du camp de la mort, comme un ultime témoignage de ce qu'il ne faut jamais effacer des mémoires.

Ce roman profondément intimiste est évidemment un récit qui traite de filiation et de transmission. Samuel vit comme un besoin absolu le fait de vouloir raconter à son fils nouveau-né l'histoire la plus tragique de sa famille, comme un nécessaire passage de témoin alors que toutes les voix qui ont vécu ces atrocités s'éteignent petit à petit, rattrapées par le temps qui passe.

Le récit alterne ainsi entre trois époques charnières. Celle vécue par Rosa à Auschwitz puis son arrivée aux Etats-Unis. Celle, présente, vécue par Samuel qui attend le levé du jour pour se rendre à la maternité. Et celle vécue par un Samuel enfant, en compagnie de sa soeur et de son cousin, avec qui il mettait en scène la recherche de Rosa dans une Amérique fantasmée transposée dans les forêts vosgiennes.

Le roman très court, se lit dans un seul souffle. le personnage de Rosa est évidemment celui à travers lequel le lecteur éprouvera les plus grandes émotions. Elle est à la fois un élément de fascination pour les membres de sa famille restés en France et notamment pour les plus jeunes comme Samuel mais aussi, certainement un élément de souffrance et de culpabilité. On pense ici à son frère, le grand-père de Samuel qui a échappé à la rafle dans laquelle a été prise Rosa car il avait eu le temps d'être caché. On regrettera peut-être un peu que cette relation du frère et de la soeur ne soit pas explorée et que si Samuel montre de la curiosité vis-à-vis de cette grand-tante exilée il ne semble pas en avoir éprouvé face à son grand-père auprès duquel il a grandi, et qui a perdu sa famille.

On comprend évidemment les motivations de Samuel à vouloir transmettre l'histoire de Rosa à son fils, mais on se dit aussi qu'il ne peut pas lui transmettre que cela de son histoire familiale. Et c'est peut-être cet aspect qui manque dans ce récit, une ouverture vers l'avenir.
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Rosa avait douze ans quand elle a été raflée à Paris avec sa mère. Sa famille avait fui les pogroms et trouvé refuge dans la capitale française. Si son frère a pu être caché par des voisins, Rosa et sa mère ont été emmenées à Auschwitz. Rosa a survécu à l'horreur. En rentrant en France, elle a préféré s'exiler au Texas.
A Shtetl City, elle a ouvert un cabaret où chaque soir elle raconte son enfance en Pologne, sa venue à Paris. L'histoire d'Auschwitz n'est qu'une succession de mots, une litanie sobre mais poignante. Les planches sont son mémorial, un lieu où elle rend hommage à son amie Jamia, morte à Auschwitz.
Samuel a été élevé avec l'histoire de sa grand-tante Rosa. Elle hantait les discussions des repas de famille. A neuf ans, Samuel invitait le spectre de Rosa dans ses jeux avec sa soeur Tania et son cousin Michaël. Déguisés en cowboys, les enfants partaient sur la piste de Shtetl City, la ville où Rosa avait installé son cabaret.
Plus tard, adolescent, l'esprit de Rosa planait sur le camp scout où Samuel rencontre Lena, sa future femme.
Rosa est toujours présente dans la mémoire de ceux qui l'ont connue. Malgré les coeurs meurtris, la rescapée suscite l'imaginaire des jeux d'enfants, guide vers l'amour, la chaleur humaine, la vie et la lumière.
Au moment du récit, Samuel attend le retour de sa femme et de son premier enfant de la maternité. A sa mort, Rosa lui a envoyé les mots qu'elle n'a jamais pu dire. Cette histoire, il devra la raconter à son fils pour car le silence crée les névroses.
Nous sommes les garants des histoires racontées par les rescapés des camps. Nos enfants ne connaîtront pas les mains qui tremblent, les regards perdus, les stigmates de l'horreur sur les visages. Plus que jamais, il est pourtant essentiel de transmettre cette mémoire pour que l'horreur ne se reproduise pas.
Un livre essentiel. Son style et son émotion en font un témoignage utile qui restera dans les mémoires des jeunes générations.
Lien : https://surlaroutedejostein...
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Prix Orange du Livre en 2018, Cette nuit (Zulma) aura fasciné les lecteurs par sa grande fresque familiale en pleine période de Pâque juive. Cette rentrée littéraire, Joachim Schnerf propose un tout autre type de récit, un voyage immersif vers ce Cabaret des mémoires publié aux éditions Grasset. Celui d'une judéité qui garde les stigmates du passé, d'une histoire qu'il faudrait pourtant transmettre malgré l'indicible et l'inaudible.

A l'aube de sa première paternité, Samuel pense à sa grande-tante Rosa, dernière survivante d'Auschwitz. Il se remémore les souvenirs d'enfance au coeur de l'été vosgien durant lequel il se changeait, accompagné de ses cousins, en cow-boy au travers du désert texan pour atteindre Shtetl City, cet eldorado loin de tout où avait émigré Rosa après la guerre. Elle y avait érigé un cabaret où chaque soir elle racontait à demi-mot le drame de sa vie. Façon d'exorciser la douleur ou non, il est temps pour elle de faire ses adieux à la scène tandis que de son côté, le futur père prend la relève avec la lourde tâche de transmettre le vestige des souffrances que l'on ne raconte pas.

Il y aura eu l'enfance puis l'âge adulte, tous deux ornés par la question de la transmission et du devoir de mémoire. Joachim Schnerf offre une possibilité de réponse à un questionnement ô souvent amené, ici sous un récit d'une grande beauté tout en ravivant de multiples interrogations : comment raconter la Shoah ? Quelle est notre légitimité à la dépeindre à la place des victimes ? Comment perpétuer dignement le souvenir des disparus ?

A cela, pas de bonne ou de mauvaise réponse, juste le poids d'un passé qui nous transcende forcément, dans l'histoire collective d'une communauté ou non. Alors Rosa, ultime survivante des heures sombres de l'Histoire devient cette figure déique et métaphorique dans les yeux de l'enfant qui s'accapare et découvre d'une certaine manière sa propre âme juive de toute son innocence juvénile. Cette candeur qui ne voit en Rosa qu'une héroïne, forte et indépendante au fin fond du désert sans y voir encore la victime brisée par le glas du pouvoir en place quelques décennies plus tôt.

L'âge de raison oblige : le personnage principal grandit et comprend les histoires à décrypter sur le bout des lèvres, la pudeur, les traumas que l'on ne mentionne jamais et cette même angoisse de devoir transmettre à un nouveau-né ce passé qui le construira toute sa vie par la force de la filiation. Sa femme s'y oppose pourtant, le priant de laisser le nourrisson tranquille encore quelques jours, « au moins jusqu'à la circoncision, après tu pourras partager toutes tes névroses » comme lui suggère-t-elle.

Préserver de l'absolue brutalité du monde ou initier à l'essence commune d'un peuple dans ses premiers instants a tout du choix cornélien auquel seul le langage de la tragédie peut répondre. Alors Joachim Schnerf l'aborde d'une écriture poétique, fabuleuse, elle-même intimidée par ses propres questionnements impétueux. Il fait de ce roman son ultime acte mémoriel, celui de personnages qui toute génération et âge confondus se seront passés le flambeau de noms et prénoms qui auront survécus outre les camps, outre la douleur, au travers les souvenirs que d'autres se seront transmis.
Lien : https://troublebibliomane.fr..
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Samuel vient d'être père et, demain matin, il va chercher sa femme et son fils à l'hôpital pour les ramener à la maison et débuter cette nouvelle vie à trois. Pourtant, cette dernière soirée et cette dernière nuit ne seront pas de tout repos. Cette naissance fait renaître en lui des souvenirs d'enfance et surtout les images de la Shoah et l'histoire de sa grand-tante, Rose.
Sa famille, d'origine polonaise, fuit les pogroms en se réfugiant en France, ce pays d'accueil qui, lui aussi s'apprête à les trahir. Si le grand-père de Samuel sera caché et ne sera pas déporté, Rose, sa soeur, n'aura pas cette chance. Déportée à Auschwitz, elle survivra et s'exilera aux Etats-Unis, fuyant l'Europe et son frère, la seule famille qui lui reste encore.
Artiste dans son propre cabaret, elle passera son existence à évoquer son destin, sans jamais parvenir à détailler l'horreur vécue. Ce court récit est riche d'humanité, du besoin de transmission, et du devoir de conserver cette mémoire pour qu'elle ne s'évanouisse pas lorsque les derniers survivants s'en seront allés.
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Rosa, l'ultime survivante d'Auschwitz, prépare sa dernière représentation à Shtetl City, dans le cabaret qu'elle a construit de ses mains.

Samuel, son petit-neveu, sur le point d'accueillir son fils nouveau-né chez lui, se remémore les aventures imaginaires et extraordinaires qu'il vivait avec sa soeur et son cousin lorsque tous trois se lançaient sur les traces de cette femme insaisissable.

Avec la naissance de son fils, la nécessité de transmettre son histoire se fait pressante, urgente, absolue.

La juxtaposition des souvenirs fictionnels, du passé et de l'avenir représenté par le fils de Samuel donne au Cabaret des mémoires un beau relief.
Joachim Schnerf aborde de manière très délicate un sujet qui nous concerne tous : celui de la transmission "pour que toujours revienne la lumière".
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On aime :
- la brièveté et l'intensité du récit
- le récit sensible et plein d'émotions
- l'introspection sincère du narrateur
- la question de la fragilité de la mémoire
- la nécessité de transmettre et de perpétuer la parole des témoins de l'Histoire
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