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Étrange ouvrage que cet Austerlitz à la fois fascinant et oppressant. Sebald met en scène un personnage énigmatique qui croise régulièrement la route du narrateur à qui il fait partager son immense culture et ses souvenirs. La forme est tout à fait inhabituelle; phrases sans fin, sans paragraphes ni alinéas dans lesquelles l'auteur joue de ce suspense que la langue allemande favorise en permettant de toujours repousser le verbe, laissant ainsi planer un doute sur le sens même de la narration. Ce flux logorrhéique n'est interrompu que par des photos, des bribes qui aident à construire le souvenir, à faire émerger les moments de vie aux côtés de faits qui semblent non triés. de cette reconstruction minutieuse de la mémoire finit par émerger une vérité, un drame, une histoire à la fois singulière et universelle.
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Austerlitz est l'ultime roman de W. G. Sebald, décédé, accidentellement, en 2001.
Fils d'un pasteur anglican, sévère et secret, le héros du livre découvre, à la mort prématurée de ses parents, son adoption et son vrai nom Jacques Austerlitz.
Au fil des pages, devenu professeur d'histoire, il raconte à un de ses anciens élèves, son périlleux parcours pour retrouver la trace de ses parents.
ce récit profond et saisissant , est truffé de digressions sur l'architecture, l'histoire, la nature.
Des photos, en noir et blanc, soulignent l'anecdote, un arrêt sur images pour approfondir la vérité et refléter l'angoisse.
Cette oeuvre majeure de la littérature allemande, écrite avec précision et sobriété,dépeint un tableau sombre et déchirant de la seconde guerre mondiale, et, dessine le portrait d'un être accablé et déséquilibré par une enfance déplacée.
Une quête des origines aux confins de la souffrance.
Magnifique.
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Exhumer le passé à partir de ses traces. le roman vertigineux et admirable d'après la catastrophe.

Dans cet ultime roman de W.G. Sebald publié en 2001, traduit en 2002 par Patrick Charbonneau pour les éditions Actes Sud, le narrateur part en voyage comme dans «Les anneaux de Saturne», pour échapper à un malaise diffus, mû par une impulsion incompréhensible. En Belgique, après la visite du jardin zoologique d'Anvers et en particulier de son Nocturama, où des animaux «vivent leur vie crépusculaire à la lueur d'une lune blafarde», ses pas le conduisent dans la gare d'Anvers – lieu qui se confond dans son esprit avec le Nocturama – car les êtres humains y semblent rétrécis sous la hauteur extraordinaire de la verrière et portent sur leurs visages la même expression d'accablement que les bêtes du zoo.

La suite sur mon blog ici :
Lien : https://charybde2.wordpress...
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« Des animaux hébergés dans le Nocturama, il me reste sinon en mémoire les yeux étonnamment grands de certains, et leur regard fixe et pénétrant, propre aussi à ces peintres et philosophes qui tentent par la pure vision et la pure pensée de percer l'obscurité qui nous entoure ». WG Sebald.
J'ai repensé à la phrase d'Adorno que G Didi-Huberman avait cité au début de son essai Remontages du Temps Subi, l'oeil de l'histoire (2) : «  Quand il pense, son oeil s'étonne, presque désemparé, puis s'illumine tout à coup. C'est avec un tel regard que les opprimés peuvent devenir maître de leur souffrance ».
Faire la lumière, du moins tenter de la faire vivre, du moins, de lui permettre de survivre.
Il y a entre W.G. Sebald, plus exactement entre Jacques Austerlitz, le personnage central de ce roman, Aby Warburg, historien de l'art , et Walter Benjamin ,l e philosophe, une réelle correspondance. Ils se font signe et nous font signe.
L'image est au centre de leur travail. La mémoire, la genèse de l'histoire , la problématique de l'image. Sa rémanence. Quelque chose est là, inscrit, qui fait signe, qui nous parle, qui communique. L'image non officielle, « l'image de ce tous à chacun ». Cela peur être une photographie, ou la vue directe d'un objet, la lumière de la verrière d une gare, l'escalier d'une bibliothèque, un sac à dos, un livre, un accent, une comète gravée sur un compteur électrique, le quai d'une gare ….
Jacques Austerlitz, retrouve sa mémoire comme on recouvre la vue.
La persistance rétinienne de l'âme.
Il est possible de tout perdre sans véritablement rien oublier.
L'image, l'articulation, le remontage des temps cataclysmiques, traumatiques.
Comment formuler une phrase ? . Comment affronter la déchirure, la béance du temps ? .
Notre passé, notre devenir est ce ...là ? Sous nos yeux ? Était- ce déjà entre nos mains ?
La survivance des lucioles n'est pas absente de ce roman. le travail de G. Didi-Huberman fait écho. Ces images de, et, en mémoire... leur résonnance.
Travailler sur l'image, y plonger, en remonter des mots, des parfums, des couleurs, faire passage à la musique des ombres, Comme des fragments de poterie, laisser venir l'émotion, formuler, traduire, procéder à la lecture, tout cela me parle, fait écho dans les méandres de mon esprit.
«  J'ai d'emblée été étonné de la façon dont Austerlitz élaborait ses pensées en parlant, de voir comment à partir d'éléments épars il parvenait à développer les phrases les plus équilibrées, comment, en transmettant oralement ses savoirs, il développait pas à pas une sorte de métaphysique de l'histoire et redonnait vie à la matière du souvenir ».

Nous avons tous cela en nous. Cette capacité à capter, à recevoir ce que les objets d'image nous adressent, et ce qui nous est adressé c'est un geste. L'homme qui a dessiné une forteresse, l'enfant qui regarde l'objectif, celle qui choisi l'instant de la photographie,ce livre déposé , ce visage sculpté, tout cela ce sont des gestes. Geste de vie, geste d'amour, geste de peur, de colère geste de fuite. Preuve de vie. Preuve d'absence. J'ai toujours été fascinée par l'image manquante, l'idée d'une image lacunaire, l'idée d'une clé.
De la clé au passage il n'y a peut être que les portes de notre esprit. «  là où la vie emmure, l'intelligence perce une issue » écrivait Marcel Proust.
Penser un savoir. C'est parfois l'oeuvre de toute une vie, parfois même le devoir de l'humanité.
Pour penser juste il faut penser vrai. Et ce respect du savoir que WG Sebald a su faire entrer dans cette fiction. Cela aurait pu être totalement impossible. Mais il a réussi. Comme Laszlo Nemes a réussi , dans son film le Fils de Saul, à nous faire entrer dans une des Nuits les plus terrible de l'Histoire. Ne n'en sortons pas intacts mais plus forts parce que nous devenons plus vrais, plus justes.

J'ai découvert Austerlitz de W. G Sebald à travers le chef d'oeuvre cinématographique de Stan Neumann , et je l'ai lu sur les lèvres de Denis Lavant.
Lorsque je j'ai ouvert le livre et que j'ai commencé sa lecture, je suis entrée plus précisément dans l'articulation du langage de Sebald , d'une construction étonnante.
Ce roman est construit en écho. Une fiction en écho. Les choses ne peuvent pas parfois revenir, ressurgir directement,. Les hommes les mots brûleraient, ils seraient foudroyés par l'horreur, le chagrin , la douleur.
G Sebald a choisi la forme du témoignage, sous forme d'enquête, pour mener son récit.
Jacques Austerlitz raconte au narrateur. le narrateur retranscrit. Il y a donc un effet de profondeur qui a été introduit. Effet photographique, mnémonique. Perceptive du temps qui donne lecture à l'avenir.
Les images témoignent de leur temps. Elles nous rapprochent de la vérité.De leur sauvegarde dépend notre survie.
Jacques Austerlitz part en quête de ce qu'il pressentait et cela depuis toujours. Il est en quête de sa vérité. Photographie amateur, passionné d'architecture, il perçoit, recherche le lieu, il a cet instinct de survie, Anvers...Londres, Bruxelles, Paris, Marienbad, Prague, le Ghetto de Terezin, Paris... ce lieu c'est sa mémoire.
J'ai un profond attachement pour ce personnage auquel W.G Sebald a donné vie.
Une oeuvre étonnante, magistrale. L'histoire de Jacques Austerlitz est présente.
Un jour les Amériques, un jour ...Prague, un jour Drancy , un jour l'Anatolie, la Namibie, ou la St Bathélémy, demain Srebrenica ou Sabra ou Chatila, le Cambodge , l'Ukraine, le Rwanda, encore un autre jour ...l'unité 731, et puis un autre jour …. Alep.
Ce lieu devient la mémoire ,
la mémoire, de tous à chacun d'entre nous.


À écouter, la très belle émission que France culture consacrait à l'oeuvre de W.G Sebald en septembre 2012 :
https://www.franceculture.fr/emissions/une-vie-une-oeuvre/wg-sebald-1944-2001

à voir :
« Austerlitz » film de Stan Neumann 2015
http://www.lesfilmsdici.fr/fr/catalogue/5040-austerlitz.html


Astrid Shriqui Garain

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C'est un récit difficile. Sans doute dû au style souvent indirect : des phrases longues délivrant plusieurs informations à la fois. Deux mots ont surgi de mon esprit : mathématique et liquide. On y parle d'architecture. Il est beaucoup question de la ville et des gares ferroviaires. La ville scellées par son passé, une sorte de labyrinthe de la mémoire, avec ses cimetières. A l'opposé, la gare. On y arrive et on y part. Deux mondes qui se heurtent : la mémoire et le temps au mouvement et à l'infini. C'est comme une pulsation. L'auteur utilise la langue comme signe et mystère. Elle témoigne. Des photographies sont dispersées afin d'apporter un gage d'authenticité à la quête identitaire de ce prénommé Austerlitz, homme déraciné.
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Se présentant comme un bloc monolithique, sans chapitre ni retour à la ligne, comme écrit dans l'urgence, dans l'urgence de fixer le récit oral, le souvenir, toutes les traces fugaces de la réalité et de nos vies, tel est Austerlitz. le texte est intemporel et se fiche des frontières : on passe des années 1930 à Prague aux années 1970 à Paris ou à Marienbad, puis aux années 1940 et 1950 au Pays de Galles avant de revenir dans les années 1990 à Londres ou sur l'esplanade de la BNF ... Plus de frontière donc, ni géographique ni temporelle : l'être seul compte, son expérience, et le récit suit ainsi les pérégrinations de l'esprit qui se raccroche, qui se souvient, qui saisit ce qu'il faut absolument écrire pour ne pas le perdre.

Les photographies représentent une part importante du récit. Elles interrogent les notions de réalité et de fiction. Est-ce un roman ? Un témoignage ? Un documentaire ? Un essai philosophique ? Les photographies induisent un sentiment de réalité et brouillent les pistes : sont-celles de l'auteur, W.G. Sebald ? Sont-elles personnelles ? Ou ont-elles été prises dans le cadre du travail d'écriture ? Les lieux, les objets décrits se matérialisent, existent, sortent du cadre de la fiction. Pour autant, une photographie n'est jamais qu'une image cadrée d'un endroit précis : sous l'illusion du vrai, c'est une réalité tronquée qui est présentée, puisque coupée de son environnement. Partant, les personnages photographiés - la mère supposée d'Austerlitz notamment - posent eux aussi la question de l'identité ? Qui sont-ils ? Cette femme est-elle la mère de Jacques Austerlitz ? La mère de W.G. Sebald ? Une anonyme ? Une célébrité d'antan ? A-t-elle quelque rapport avec cette histoire ?

Ce qui marque également, c'est l'imbrication des personnages, du narrateur et de l'auteur. le narrateur croise Jacques Austerlitz dans la gare d'Anvers. Ils parlent aussitôt, évoquent l'inutilité des constructions militaires des 18ème et 19ème siècles, trop longues à construire, déjà dépassées par les progrès de l'armement sitôt qu'elles sont terminées. Puis Austerlitz évoque sa vie, sans retenue mais pas sans gêne ni sans pudeur puisqu'il s'arrête parfois. Et comme ni le temps ni les frontières n'existent, si le narrateur et Austerlitz se perdent de vue, un jour, une semaine, un an ou bien vingt-cinq, Austerlitz reprend toujours son récit là où il l'a laissé. Dans le récit se superposent les personnages, leurs récits, leurs voix puisque le narrateur rapporte la parole d'Austerlitz qui, lui-même, reconstruit son passé grâce aux témoignages d'autrui.

Au-dessus d'un récit aussi sensible qu'intelligent, à l'apparence légère et aux accents poétiques, tâchant de saisir la beauté des instants en des descriptions longues, il plane comme une menace constante. C'est la mort qui plane. Elle plane lorsqu'Austerlitz évoque son amitié avec Gerald, qui se tue en avion ; elle plane quand Austerlitz parle avec Véra, sa nourrice praguoise, de ses parents, disparus ou morts. La mort apparaît comme urgence qui exige maintenant de dire et d'écrire, puisque tout est destiné à disparaître.

La quête de l'identité est le thème central du livre. Qui est Jacques Austerlitz (mais aussi : qui est le narrateur, et pourquoi Austerlitz semble se confier si facilement à lui ?) ? Ses premiers souvenirs remontent, au début du récit, à un pasteur gallois et à sa femme dont il ne comprend pas la langue. Rigueur des premières années, sermons chrétiens où pointe une terrifiante eschatologie. Puis les années d'étude, le rugby où il excelle, l'amitié avec Gerald, sa place de professeur d'histoire de l'art, une thèse monstrueuse sur l'architecture monumentale et sociale de la fin du 19ème siècle. Mais Austerlitz s'interroge, lui qui s'est toujours senti un étranger en n'importe quel lieu. Peu à peu s'éclaircissent les pièces d'un puzzle historique et personnel : Jacques, enfant de Praguois francophiles, dont la mère est déportée à Terezin (ancien ghetto de Terezienstadt), le père enfui en France, lui, l'enfant, sauvé par un voyage en Angleterre alors qu'il n'a que 4 ans et demi. Survivant de la guerre et de l'Holocauste, Austerlitz a été néanmoins durablement marqué par cette histoire - pis, il a été changé, construit, modelé par cela. En lui les langues - l'anglais, le français, le tchèque - résonnent, se confondent, ont à voir avec son être profond ; mais, pour autant, polyglotte et homme de toutes les cultures, il est aussi, à sa manière, un apatride, étranger en tout lieu. Si Austerlitz paraît comme un survivant de la guerre, il en est bien une victime.

Austerlitz serait un roman. Il est, à coup sûr, un objet littéraire. Qui puise sa source dans l'histoire la plus sombre du 20ème siècle, dans la folie la plus noire. Inhabituel dans sa forme, il est littéraire dans ses longues phrases sans but autre que celui de la description, serpentant dans les souvenirs, dans les images instantanées aux couleurs et aux contours flous, oeuvre de mémoire - puisque, selon l'adage, les paroles s'envolent et les écrits restent - autant que livre qui interroge celle-ci, la remet en question.
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Un livre difficile. Foisonnant. Érudit.

Il faut réussir à se délivrer de la première moitié du livre pour ensuite se laisser porter par l'histoire d'Austerlitz. Un livre triste truffé de connaissances et de précisions. Impressionné.



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Jacques Austerlitz est un homme à qui ses origines, son histoire de famille, ses racines, ont été ôtées, et qui un jour ne peut faire autrement que partir à leur recherche. Il va découvrir l'histoire tragique de ses parents, comprendre comment il fût un jour un autre par la volonté de ses parents adoptifs. Et retrouver comme miraculeusement intacts les souvenirs de sa petite enfance. Et en même temps reconstituer l'Histoire du continent qui est le nôtre.
J'éprouve un sentiment mélangé à cette lecture. C'est incontestablement un très grand livre, sensible et poignant, d'autant plus qu'il évite les facilités, les bons sentiments faciles, qu'il ne condamne ni ne juge, mais se contente de montrer, ce qui est en fin de compte beaucoup plus fort. Jacques Austerlitz ne se plaint, il se contente de dire les choses telles qu'il les vit, sa souffrance n'apparaît que par des symptômes quasi médicaux, et par ce besoin de savoir, de rechercher, quasi obsessionnel qui le possède à tel ou tel moment et qui l'oblige à tous ces déplacements qui lui permettent de recueillir des éléments d'information. Raconter une historie tragique avec dignité et sans pathos et sans vouloir faire couler des larmes, est suffisamment rare pour être une très grande qualité.
Ce qui m'a toutefois posé problème dans cette lecture, c'est l'écriture de l'auteur. Pas sont style à proprement parlé, pas ses mots, qui sont superbes, mais le rythme, la respiration du texte. Pas mal de longues phrases et surtout la quasi absence de paragraphe, ont quasiment provoqué à certains moment un sentiment d'asphyxie, impossible de savoir où arrêter la lecture, et cette prose forte ne permet pas à mon sens une lecture de plusieurs heures car sa densité exige une grande concentration. Et donc j'ai par moment décroché, pas vraiment réussi à intégrer certains passages. J'ai tout de même mieux apprécié la deuxième partie du livre, à partir du voyage à Prague, à partir de là j'ai d'une certaine façon réussi à trouver mon rythme, et j'ai d'avantage était aspiré par le texte.
Je ne regrette absolument pas d'avoir fait cette lecture, même si elle m'a demandé un effort appréciable, et je suis pas sûre d'avoir complètement intégré tout ce que j'ai lu, et je ne me sens pas prête dans l'immédiat à reprendre ce livre.
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Difficile de pas être attiré par la photographie de couverture qui représente un garçonnet blond déguisé en page. Qui est cet enfant fixant l'objectif avec confiance ? D'autres photographies en noir et blanc ponctuent ce récit étrange qui mélange astucieusement réalité et fiction, souvenirs et rêves, à la recherche d'un passé enterré, occulté, extirpé par fragments à travers des correspondances parfois déconcertantes pour le lecteur. Ce jeu de piste à travers la mémoire a quelque chose de fascinant.
le narrateur rencontre Austerlitz dans la salle des pas perdus de la gare d'Anvers en 1967. Celui-ci, professeur d'histoire et spécialiste d'architecture, engage la conversation et la discussion se poursuit au buffet sur la genèse de la gare d'Anvers. D'autres rencontres ont lieu, disséminées dans le temps, jusqu'à celle décisive au bar du Great Eastern Hotel en 1996. Jacques Austerlitz raconte à son ami la quête douloureuse de ses origines, lui l'orphelin, recueilli en 1942 à l'âge de quatre ans par un couple de gallois sans enfant et qui ne prit connaissance de son vrai nom que dans sa quinzième année. Commence alors l'étonnant récit de Jacques Austerlitz, au nom si peu commun.
Ce roman d'une densité inouïe, ultime roman de W.G. Sebald, résonne avec une acuité particulière en ces temps de migrations forcées et de déracinements. Avec Austerlitz, la douleur de l'exil et la perte de ses racines prennent une dimension universelle.
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Austerlitz ....
Grande victoire napoléonienne .....combien de personnes peuvent se vanter d'avoir ce patronyme pas banal ?
Des personnes au destin hors du commun sans doute...on comprendrait mal que de tels personnes restent dans l'ombre...
Jacques Austerlitz, personnage principal de ce livre de W.G Sebald est l'un de ceux-là, un érudit, un passionné, un philosophe, un homme à la recherche de son passé, de celui de sa famille...Quelle a été sa vie avant l'âge de 4 ans 1/2? ....S'est-il toujours appelé Austerlitz? A t-il toujours vécu au Pays de Galles, dans une famille de pasteur?.
Lire la suite...

Un homme qui page après page reconstruit sa mémoire, cherche à comprendre son passé et celui de ses parents, depuis le Pays de Galles, jusqu'à la Tchécoslovaquie, en passant par l'Allemagne, Paris, Londres....et d'autres encore...une mémoire qui se construit par la visite de lieux, de bibliothèques, de villes, de fortifications, par des rencontres avec d'autres passionnés, par des croisements entre L Histoire et l'actualité du moment, entre ses connaissance et celles de ses interlocuteurs, par des lectures, par un travail d'enquête.
Le narrateur qui eu Jacques Austerlitz comme instituteur, s'entretient avec lui. Jacques est maintenant chargé de cours dans un institut d'histoire de l'art londonien....mais il a eu tant d'autres centres d'intérêts, tant d'autres passions, tant d'autres vies, tant d'autres métiers
Un livre passionnant, qui "se mérite", pas facile à lire et à suivre...déstabilisant parfois..les narrateurs se croisent, leurs propos se suivent,...les connaissances de Jacques, se mêlent à celles du narrateur, ou de personnes rencontrées.
Aucune des personnes que rencontrera Jacques n'est banale. Toutes ont une foule de connaissances, sont passionnées, par un lieu, une ville, une fortification ...elles ont une histoire, une vie à raconter...elles sont presque obsédées chacune dans leur coin par des insectes ou des papillons, des perroquets, l'histoire de villes, des gare, de cimetières, d'immeubles tranquilles aujourd'hui mais qui ont été des lieux de torture, de déportation...
Austerlitz nous force à réfléchir quant à la vanité de l'homme et de certaines constructions humaines, des forteresses obsolètes et dépassées par le progrès quand elles sont achevées, construites pour défendre et utilisées finalement pour tuer des innocents, des bibliothèques modernes construites pour promouvoir la culture...et laisser la trace dans l'histoire de leur initiateur, et finalement inadaptées pour la promotion de la culture...un livre fait pour rappeler un passé qu'on cherche à laisser de côté, l'importance des traces du passé à ne pas oublier...message d'un auteur allemand anti-nazi
Chaque mot est pesé, chaque description de lieu, chaque référence historique ou culturelle est un plaisir...Que de connaissances accumulées, mises à la disposition du lecteur ...peut-être un peu trop complexes, parfois semblant inutilement accumulées.
Une construction du livre pas banale et qui peut être rebutante, certains refermeront ce livre après 20 pages...l'auteur l'a construit sans aucun chapitre, sans paragraphe, sans guillemet..mais on ne lit pas la poésie, la mélancolie, les références culturelles et historiques, les réflexions philosophiques ou sociologiques, la construction de la mémoire "en diagonale".... Non ! on s'accroche!.
J'en sort un peu groggy, mais heureux.
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