Je vous écris dans le noir

Récit étonnant et dérangeant de la vie de Pauline Dubuisson, condamnée à la peine de mort (dont elle réchappe) à la libération puis, à l'âge de 21 ans à 9 ans de prison pour le meurtre de son fiancé. L'auteur incarne les pensées et le ressenti de la jeune femme ; il relate, dans une langue précise et efficace son histoire terrible, dont une partie sera occultée lors du procès. Il démontre les raisons et les circonstances de son geste... version qui prend le contre pied de ce que l'on savait. Il en profite pour dénoncer les archaïsmes des tribunaux, le machiste de l'époque, l'horreur de la guerre et de ses effets secondaires, la mentalité française, les raccourcis de la presse, les rapports familiaux... Pauline est jeune, belle et intelligente. Elle devient le bouc-émissaire idéal sur lequel on s'acharne. Sa souffrance et ses doutes n'ont été écoutés que par sa mère et son avocat, semble-t-il. Et le destin la poursuit de nouveau, 11 ans après l'assassinat, alors qu'elle a le courage de recommencer sa vie. A lire d'une seule traite, mais attention, beaucoup de questionnements s'en suivent...

j'ai eu beaucoup de mal à aller au bout de ce roman. La volonté farouche de l'auteur de rendre son héroïne excusable, voire de la plaindre, m'a gonflée à un point que j'aurais du mal à décrire. Oui, Pauline Dubuisson, la vraie, a connue des choses épouvantables, et n'importe qui aurait pu tourner barge à moins que ce qu'elle a enduré, oui parfois on perd les pédales, etc. Mais vraiment, cette façon de glisser sur les preuves qui ont étayé le dossier, de spéculer sur une intention, de toujours présenter son côté victime, de minimiser la gravité de l'acte de tuer (même dans l'hypothèse qu'il fut un salopard), etc., m'ont bien déplu. Ajouté à ça un style un peu trop lourd à mon goût, et vraiment j'ai eu du mal à arriver au bout (bon, en plus connaître déjà la fin de l'histoire n'aide pas, certainement). Pas détesté, mais pas franchement aimé non plus.
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Pauline Dubuisson, fille de bonne famille de Dunkerque, a été condamnée en 1953 aux assises de Paris pour le meurtre de son fiancé. Ce fait divers fit la une à l'époque. Georges-Henri Clouzot en a tiré un film ("La Vérité" avec Brigitte Bardot). Jean-Luc Seigle, lui, s'est mis dans la peau de Pauline pour raconter sa vie, depuis son enfance jusqu'à ses dernières années à Essaouira où, libérée pour bonne conduite, elle tentera d'oublier le passé, mais le passé ne s'efface jamais.
Jean-Luc Seigle a beaucoup de talent. C'est là le problème. Car "sa" Pauline" se confie au manuscrit qu'elle écrit, nous fait part de ses sentiments, de ses réactions, alors que la vraie Pauline s'est tue durant tout son procès. Elle n'a jamais évoqué son passé tumultueux pour avancer des circonstances atténuantes. Nul ne saura jamais qui elle était, ce qu'elle ressentait. Seigle ne s'est pas contenté de relater des faits, sans doute en grande partie exacts, il a inventé un personnage à partir ce fait divers. Et c'est là que son talent m'interpelle: sous sa plume brillante, Pauline devient un être incompris et le lecteur ne manquera pas de s'y attacher, voire d' éprouver de la compassion ou même de la sympathie pour elle. Cette démarche me choque quelque peu. La Justice a déjà trop tendance à protéger les assassins et à se désintéresser des vraies victimes. de grâce, que les écrivains n'en rajoutent pas une couche!