La vie de Pauline Dubuisson est faite de répétitions cruelles et dramatiques : condamnée à mort pour collaboration à la Libération dans un simulacre de procès populaire (et tondue, et violée), elle est condamnée à mort, par la justice cette fois, pour le meurtre de son ancien fiancé. Abandonnée, elle l'a été par ce même fiancé quand elle lui a avoué son sort à la Libération ; elle le sera à nouveau par l'homme avec qui elle voulait refaire sa vie, pour l'exacte même raison, l'aveu de son passé. En deuil, elle l'a été, de ses frères mort à la guerre, de son père suicidé après son arrestation. Suicidée, enfin, elle s'est vue ainsi sur grand écran dans la transposition de sa vie par Clouzot ; elle s'y est essayé plusieurs fois, et y cédera sous le poids de tant de malheur.
En lui donnant (prêtant) la parole, Jean-Luc Seigle veut faire oeuvre de réhabilitation. le récit est haletant, oppressant parfois (le récit des sévices subis par Pauline à la Libération est insoutenable), et servi par une écriture précise, fine, brillante.
Pourtant, je n'ai jamais tout à fait réussi à signer le pacte de lecture, comme si j'entendais toujours la voix de l'auteur derrière le personnage. Et du fait de cette superposition, et parce que j'avais le sentiment d'une indulgence qu'on me forçait à adopter, je suis demeurée toujours un peu à distance, en retrait. S'il est difficile de ne pas avoir d'empathie dans les chapitres consacrés à la libération, de la tonte au viol collectif, pour autant ce passé explique, mais n'excuse pas, et jamais je ne suis parvenue à entrer en empathie avec les outrances de l'héroïne (à commencer par l'assassinat de son ex fiancé), manquant au final la rencontre avec elle et ce livre.
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Privilège du romancier, faire et refaire les drames de l'histoire et leur offrir une nouvelle vie. Probablement aussi loin de la réalité que toutes les autres explications, ce livre restitue une âme et des sentiments à Pauline Dubuisson, elle que les journaux de l'époque appelaient l'orgueilleuse sanguinaire.
Peut-être une trahison bien intentionnée ? Mais merci pour elle.
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Le roman d'une femme qui a eu une vie particulièrement difficile, pendant la seconde guerre mondiale et au sortir.
Il y a des stigmates dont on arrive pas à se débarrasser ; que la société ne pardonne pas. Ce roman est pénible à lire par moments, tant par le fond que par la forme (principalement à la première personne). Il a su me mettre mal à l'aise, donc me toucher.
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Le livre est bien écrit et bien construit et l'auteur a réalisé un magnifique travail de reconstruction et d'imagination pour combler avec adresse les vides de ce parcours sidérant et hors du commun. Malgré tout, je n'ai pas réussi à éprouver de l'empathie pour Pauline Dubuisson et je suis restée un peu "en dehors"...
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