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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
South Bronx. Maria et Bobby forment un couple d'adolescents qui ne plaît pas à tout le monde dans le quartier : elle est d'origine sud-américaine, lui d'origine afro-américaine. le drame nous explose alors en pleine figure dès les premières pages, au même titre qu'à nos deux amoureux qui se promènent comme à leur habitude : ils sont agressés par une bande, Maria défigurée par de l'acide balancé sur son visage, Bobby molesté à coups de chaîne de vélo ; elle est envoyée à l'hôpital, il s'enfuit tant bien que mal, semi-conscient, jusqu'à trouver refuge chez Moishe, un sans domicile pas comme les autres, puisqu'il a équipé une cave de tout le confort dont l'adolescent, issu d'une famille très pauvre, ne pouvait que rêver. Pendant que l'un se soigne, se reconstruit, et découvre l'histoire tragique de Moishe, l'autre, au visage bandé, s'enfonce dans la douleur, le mal-être, soutenue tant bien que mal par les visites de sa mère et de sa grand-mère. Jusqu'à ce qu'un nouveau drame prolonge avec encore davantage de violence le premier…

Comme à son habitude, Hubert Selby Jr nous plonge dans la crasse et la noirceur d'un monde bien éloigné de l'image beaucoup plus positive que l'on peut avoir de New York. Crasse et noirceur dans le drame même qu'il nous conte, mais aussi sur les conséquences qu'il induit sur nos adolescents qui, bien que vivant dans une situation sociale misérable, n'en sont pas moins encore des enfants épris d'innocence, d'idéal, de pureté amoureuse. Crasse et noirceur dans la façon même dont il nous le conte, dans un langage toujours aussi oral et brutal, parfois ponctué de phrases brèves et percutantes qui montrent toute la violence des êtres, des choses, et des moments, parfois ponctué de phrases amples, presque sans fin, qui montrent au contraire toute la difficulté des ressentis des personnages, étouffés par leurs souffrances, physiques, psychiques, morales. Crasse et noirceur qui disent un pessimisme toujours aussi pesant, qui étouffe tout autant le lecteur que les personnages dont il suit les errances.

Mais, et c'est bien la première fois que je le ressens vraiment chez le romancier, une forme d'optimisme point avec force au fil du récit en la personne de Moishe, personnage lumineux qui, malgré un passé terrible, et peut-être même grâce à ce passé, va parvenir à donner à Bobby un autre sens à son existence, telle une figure paternelle positive de substitution.

Le saule n'est pas mon roman préféré de l'auteur, mais il a le mérite de le montrer sous un autre jour. Je me souviendrai donc pour cela de ma lecture.
Lien : https://www.aubonheurdesmots..
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Selby est un auteur méprisé par l'establishment littéraire américain qui ne le considère pas comme un écrivain: "Ce n'est pas de l'écriture mais de la typographie !"
En effet, l'écriture de Selby surprend et déstabilise d'emblée, mais ces libertés avec la ponctuation, la syntaxe, la transcription orthographique sont d'une audace et d'une créativité folles qui collent parfaitement au héros. Il s'agit de transcrire l'argot du Bronx, l'idiome de la zone par une écriture urbaine innovante et excellemment bien rendue par le traducteur qui a réalisé une véritable prouesse.
Ce langage est d'autant plus crédible que le narrateur omniscient laisse largement la place au discours indirect libre grâce auquel le lecteur accède aux pensées de Bobby. Les phrases se déroulent à un rythme effréné pour se mettre au diapason de la vie intérieure et du psychisme du gosse que l'obsession de la vengeance harcèle durant une bonne partie du bouquin. Moishe reste impuissant devant la souffrance, l'exaltation malsaine et la haine qui ravagent Bobby, il se contente de lui raconter ses souvenirs de déporté et de le rassurer par sa présence, pas de morale ni de jugement. Et au bout du compte il lui apprendra que la rédemption par le pardon est une option jouable. Ouf !
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Un roman vraiment à part dans l'oeuvre de Selby où un être brisé par la vie (lumineux personnage de Moishe) prend sous son aile et tente de dissuader un ado de se lancer dans une vendetta sanglante. La souffrance absolue mais peut-être (?) la rédemption au bout du chemin. Fort...
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(mon vieux je suis tellement rompu par ce roman que trop en parler ça niquerait complètement la paix et la sérénité qui viennent de se coincer dans tout ton toi(t))

- quand même pour te donner une idée, tu peux imaginer Clint Eastwood et Harmony Korine (deux mondes que tout oppose, mais malgré tout assez marqués par un besoin d'exprimer la haine), pris dans un étau, tu serres hyper hyper fort l'étau et une fois que t'as récupéré la meilleure partie du jus des deux, bah t'es paré pour lire le Saule.

Hubert Selby Jr. manque beaucoup à la littérature, et même si j'ai lu que trois de ces romans, je crois que celui-ci est le meilleur des meilleurs.

Et (je te jure c'est le dernier) je connais pas d'auteurs qui insufflent avec autant de réalisme les dialogues (pourtant collés serrés dans la narration) des personnages, tu les entends parler, accents et tout. Ce mec devait avoir la meilleure paire d'oreilles de tout New-York.

Pfiou.
Lien : https://www.instagram.com/lo..
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C'est en lisant un roman de Véronique Ovaldé que je me suis souvenue que « le saule » traînait dans ma PAL depuis un certain temps. En effet, dans « Et mon coeur transparent », l'un des personnages s'appelle Tralala, qui est également le prénom, nous précise-t-on, de l'héroïne d'un roman de Selby (qui n'est d'ailleurs pas "Le saule", mais "Last exit to Brooklyn").
Voilà pour la petite histoire…

Là s'arrête tout éventuel rapprochement entre les deux romans : je suis passée d'une douce excursion dans un univers fantaisiste à une brutale plongée dans un monde de violence et de rancoeur… c'est-à-dire le nôtre, et plus précisément celui des bas-quartiers de New York, où nous faisons la connaissance de Bobby, un adolescent noir de 13 ans, et de sa petite amie Maria, qui est elle d'origine portoricaine. Ce flirt déplaît fortement à certains membres de la communauté dont est issue la jeune fille, qui en viennent à la défigurer en lui jetant de la soude au visage, pendant que Bobby est roué de coups.
Alors que Maria est hospitalisée, Bobby, qui a fui les lieux du drame, trouve refuge chez un vieil homme, Moishe, qui vit dans les sous-sols du Bronx, où il s'est aménagé un appartement au confort surréaliste.

Bobby et Moishe font connaissance et s'apprivoisent d'autant plus facilement que l'adolescent est touché par la sollicitude que lui témoigne son nouvel ami, avec lequel il se sent en sécurité pour la première fois de sa vie. Quant à Moishe, ayant perdu ses proches et vivant seul depuis longtemps, c'est tout naturellement qu'il se prend d'affection pour le jeune garçon. Seulement, l'affection engendre aussi l'inquiétude. Bobby n'a qu'une idée en tête : se venger de ses agresseurs. Moishe, qui a connu l'enfer des camps de concentration, sait à quel point la haine peut s'avérer délétère pour celui qui l'éprouve, et il est au désespoir face à celle de son protégé.

« le saule » est l'histoire de la lutte entre deux alternatives face au mal, à la barbarie : haïr, et se venger... ou pas. Je n'ai pas eu l'impression qu'il s'agissait ici de pardonner à ses ennemis, mais plutôt d'oublier sa haine parce qu'elle détruit l'intégrité et l'estime de soi de qui la ressent. Si Moishe tente de lutter contre celle de Bobby, c'est davantage pour sauver ce dernier que ses agresseurs ! Et il a deux armes pour mener à bien cette lutte : son amour et son expérience. L'amour, qui est présenté comme un antidote actif à la haine : en incitant Bobby à profiter des petits moments de bonheur, en démontrant que l'affection que l'on ressent pour autrui est ce qui permet aux individus de vivre et d'être en paix avec eux-mêmes, le vieil homme essaie de le focaliser sur ce que l'existence peut apporter de bon et de gratifiant. Quant à son expérience… eh, bien, que pouvait choisir Selby de plus représentatif qu'un rescapé des camps de la mort pour étayer son hypothèse qu'il est possible de renier la haine même lorsque les circonstances qui la motivent paraissent la justifier ?

Ai-je été moi-même convaincue par les arguments de Moishe ? Je ne crois pas. D'un côté, j'ai remarqué que curieusement, les fois où les larmes me sont venues au cours de ma lecture, c'était d'émotion en lisant les passages décrivant les rapports entre Bobby et Moishe, ce qui prouve sans doute que Selby est éloquent lorsqu'il veut persuader le lecteur de la grandeur et de la force de l'amour. Seulement, cette force est-elle assez grande pour annihiler le désir de vengeance ? En ce qui me concerne, j'avoue ne pas m'imaginer capable de pouvoir un jour « souhaiter le bonheur » de mes éventuels bourreaux, ainsi que le préconise Moishe !

Et d'ailleurs, vous savez à quoi il m'est arrivé de penser en lisant ce roman ? Au film « le vieux fusil », de Robert Enrico, avec Philippe Noiret et Romy Schneider. Pour ceux qui ne l'auraient pas vu, le personnage incarné par Noiret se venge de soldats SS qui ont sauvagement violé et assassiné sa femme et sa fille. Je l'ai vu il y a longtemps mais je me souviens encore de l'espèce de jubilation que j'ai ressentie au moment où le héros assouvit sa vengeance. Un sentiment naturel et compréhensible ?
Il me paraît en tout cas plus facile –car plus instinctif, sans doute- de haïr ceux qui nous ont fait du mal, que de passer outre à cette haine.
Et pour Bobby aussi, c'est inconcevable...

Le précepte défendu par le vieil homme a manifestement une connotation religieuse. Il me semble en tout cas difficilement applicable...
En effet, ce que l'on peut également constater, dans « le saule », c'est que la barbarie semble être une des composantes inhérentes à la nature humaine. Il paraît évident que l'humanité ne tire pas vraiment de leçon des horreurs qui ont pu être perpétrées dans le passé.
Il suffit d'avoir sous les yeux les effroyables conditions dans lesquelles vivent les enfants comme Bobby ou Maria, par exemple, pour être convaincu de la cruauté et de l'iniquité du monde.

"Le saule" n'en reste pas moins un roman très fort, Selby utilisant de plus un procédé de narration qui happe le lecteur : une grande partie du récit est la transposition des monologues intérieurs des personnages exprimant leurs angoisses, leurs souffrances, d'une façon parfois saccadée qui confine à la litanie.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Un roman fort, âpre, dur. On en sort un peu bousculé.
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