Les Roses d'Atacama

De très beaux portraits d'hommes et de femmes, résistant chacun à leur manière à l'oppression, rencontrés par l'auteur à travers le monde, et même celui d'un chien, Fernando. Une très belle écriture aussi, un voyage dans des contrées très diverses.

« Les roses d'Atacama » Luis Sepulveda (Métailié, 150 pages).
Je retrouve ce livre lu il y a longtemps, mais dont je n'avais guère gardé de souvenirs. C'est étrange, car à le relire j'ai été pris par ces chroniques, brefs textes de rencontres aux quatre coins du monde, notes de voyages, moments d'émotions partagés. Son sens de la nature, y compris la plus sauvage (celle des terres australes du sud du Chili, de la Patagonie, des océans glacés), m'a énormément touché. Mais ce sont surtout les femmes et les hommes dans ce monde qui intéressent Sepulveda. C'est très émouvant, sa solidarité à l'égard des plus humbles est si salutaire, ses révoltes sont communicatives. En Laponie ou en ex-Yougoslavie, dans la Russie d'aujourd'hui, l'auteur parle et écoute, partage un verre ici, une réunion clandestine là. On sent aussi la nostalgie de l'exilé, discrète mais palpable. Et j'ai noté avec délice cette belle citation qu'il reprend de « Papa Hémingway » : « On peut écrire d'excellents romans avec des mots à vingt dollars, mais ce qui est méritoire c'est de les écrire avec des mots à vingt cents ». C'est bouleversant d'humanité, c'est à lire.

C'est en visitant un camp de concentration en Allemagne et en lisant cette inscription sur une pierre : "J'étais ici et personne ne racontera mon histoire." que Luis Sepulveda a décidé d'écrire ces nouvelles. Pour nous faire partager les histoires de ces "résistants" comme l'auteur les appelle, des personnes dont il admire le courage, que ce soit cet artiste de cirque qui continue seul son numéro malgré la disparition de son jumeau et partenaire emmené par les autorités uruguayennes, ou bien ce jeune militant socialiste chilien qui note dans un carnet toutes les merveilles du monde, dont les roses du désert d'Atacama qui ne fleurissent qu'une fois par an, ou cet allemand rescapé des camps de concentration et déclaré mort qui luttera toute sa vie pour faire inculper ses tortionnaires.
Luis Sepulveda dresse ces portraits parfois dramatiques mais souvent drôles et toujours émouvants, pour que les histoires de ces gens qui ont lutté pour ce qui leur était cher _leur liberté, leur pays, leurs proches, leur maison, etc. ou tout simplement le droit à la vie_ restent dans les mémoires, pour lutter contre l'oubli car "raconter c'est résister" (Guimaraes Rosa).
On sent dans l'écriture de l'auteur, dans sa manière de raconter, toute l'affection et l'admiration qu'il ressent pour ces gens, mais aussi sa tristesse et sa colère, comme si chacune de ces rencontres lui avait appris quelque chose qui lui permette d'aller de l'avant, de continuer de résister lui aussi à sa manière en dénonçant par l'écriture.
Une formidable hymne à la vie et au courage. Un petit bijou à lire absolument.

Visitant un jour le camp de concentration de Bergen-Belsen, Luis Sepulveda remarqua une inscription gravée sur un rocher : "j'étais ici et personne ne racontera mon histoire..."
Ainsi sont nées "Les roses d'Atacama", inspirées par un devoir de mémoire envers les victimes de dictatures et de persécutions en tout genre. Un tour du monde qui nous emmène de Hambourg au Chili, en passant par l'Italie ou le Pérou, au cours duquel l'auteur nous présente des héros anonymes d'hier et d'aujourd'hui, qui ont résisté au service de l'Homme et/ou de la nature. Luis Sepulveda a comme traqué l'étincelle de courage et de dignité qui finit, face à l'injustice, par embraser certains individus, et en a brossé d'émouvants portraits.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..

Nouvelles aux messages philosophiques et politiques importants
que cet auteur de talent met à la portée de tous grâce à son écriture simple et lumineuse.

éblouissants portraits, comme un carnet de voyages de ses plus belles rencontres,