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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La phrase "J'étais ici et personne ne racontera mon histoire", gravée sur une pierre du camp de concentration de Bergen Belsen, est le moteur de ce recueil de 35 "histoires marginales". Poussé par le besoin de rendre hommage aux héros anonymes, Luis Sepúlveda fait oeuvre de mémoire. En quelques pages, il tire de l'oubli ou de l'inconnaissance des personnages dont l'Histoire n'a que peu retenu les noms, et qui ont en commun la résistance. Celle qui s'élève face aux barbaries nazie, chilienne, argentine,..., ou celle qui s'oppose à la "civilisation" détruisant la Nature, bref, la résistance à tout ce qui peut briser la liberté, le bonheur, l'amour, la beauté, l'humanité et son environnement. Ces textes sont écrits avec autant de simplicité et de sobriété que de compassion et de générosité. Plutôt que de dresser un acte d'accusation en règle à l'encontre des dictatures qui ont pulvérisé tant de vies, Sepúlveda, lui-même opposant de la première heure à Pinochet, préfère parler d'humanité, de solidarité et d'espoir. Proclamer sa foi en la nature humaine en dépit de tout ce qui s'acharne à l'asservir ou la pervertir, cela peut sembler idéaliste ou édifiant. En l'occurrence, c'est surtout très touchant. Je ne résumerai que deux de ces "brèves de mémoire". Dans celle qui donne son titre au recueil, "Les roses d'Atacama", il est question de Fredy, jeune militant socialiste qui sera exécuté par la junte chilienne, et qui, dans un carnet, "notait consciencieusement toutes les merveilles du monde", comme les 320 platanes du Parque Forestal de Santiago, et surtout la floraison éphémère des roses dans le désert d'Atacama, le plus aride du monde. La deuxième, "Un certain Lucas", raconte l'histoire d'un groupe de jeunes gens fuyant Buenos Aires et la répression militaire en 1976-77 et se réfugiant au fin fond de la Patagonie. Au début confrontés aux conditions climatiques hostiles, ils bénéficient très vite de la solidarité des paysans locaux qui les aident à survivre. Lorsque le "progrès néo-libéral" atteint ces contrées pour s'enrichir en déboisant la région, le groupe, avec un certain Lucas Chiappe à sa tête, s'oppose aux tronçonneuses pour sauver les forêts. C'est ainsi qu'est né le projet Lemu ("bois" en mapuche), mené, selon les autorités contrariées, par un groupe de "hippies de merde qui s'opposent au progrès". Aux dernières nouvelles, ils n'ont d'ailleurs pas encore fini de s'y opposer*.

A lire et à relire pour apprendre puis ne pas oublier.

*http://bloglemu.blogspot.com/
Lien : https://voyagesaufildespages..
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"J'étais ici et personne ne racontera mon histoire". Cette courte phrase gravée sur une pierre à Bergen-Belsen a insufflé à Luis Sepulveda l'idée de sortir de l'oubli les résistants à n'importe quel abus de pouvoir. Lui-même ayant vécu la barbarie du régime totalitaire de Pinochet, puis l'exil, a décidé de raconter des vies d'hommes et de femmes qui ont lutté pour la liberté et la démocratie, au péril de leur vie le plus souvent, au service de la mémoire s'ils ont survécu aux humiliations et aux coups.

Sepulveda a usé ses semelles sur les routes d'Amérique du Sud et d'Europe à la recherche de ces destinées méconnues ou inconnues. Il rend hommage à leur humanité, leur courage et leur détermination à vivre debout quoi qu'il arrive.

34 "historias marginales" racontent ces personnes engagées, poursuivies, malmenées, assassinées, sans jamais sacrifier au pathétisme ou à l'amplification des souffrances morales ou physiques. Au-delà du récit, les mots simples et implacables de Luis Sepulveda mettent d'eux-mêmes en accusation les dictatures internationales.

Sur les 34 histoires humaines, deux sont consacrées à un chien fidèle et aux derniers moments d'un chat de Sepulveda atteint d'un cancer des poumons. Deux "héros" à quatre pattes qui ont dédié leur vie au souvenir du maître et à l'amour d'une famille.

34 histoires marginales sans doute mais émouvantes et pleines de confiance dans la nature humaine malgré l'horreur et les échecs.
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Normalement, je ne raffole pas trop des recueils de nouvelles, histoires bien trop courtes et donc pas assez développées à mon goût. J'ai fait exception ici car je voulais découvrir autre chose de l'auteur, autre chose que de la littérature jeunesse. "Les roses d'Atacama" était le seul livre de Luis Sepúlveda disponible à la bibliothèque correspondant à ce que je recherchais. Et pour une fois, je ne ressors pas trop déçue d'un recueil de nouvelles, certainement parce qu'on peut les qualifier d'histoires "vraies" et que je les ai donc lues avec un regard bien différent de d'habitude.

Luis Sepúlveda raconte 35 histoires, de personnes qu'il a connues, qui ont croisé son chemin, ou dont l'histoire est arrivée à ses oreilles. Certaines sont connues ou gagneraient à l'être plus, mais la plupart ne le sont pas du tout. Mais que ces gens soient des "personnalités" ou des anonymes, chacune de leurs histoires marquent les esprits. Luis Sepúlveda revient sans cesse à ce qui lui est le plus cher : son combat pour la protection de l'environnement et surtout pour la défense des droits de l'Homme. Chacune d'entre elles démontrent que tous les êtres humains ne sont pas tous des pourris, laissent à penser qu'on peut encore avoir espoir sur la nature humaine... L'auteur nous raconte des tranches de vie de héros méconnus, souvent des militants, considérés pour la plupart comme des "marginaux" (d'où le titre original de ce livre et qui lui correspond bien mieux : "Historias marginales").

Ces petites histoires sont très courtes, trois ou quatre pages pour chacune d'entre elles en moyenne, mais sont pourtant pertinentes. Elles peuvent être émouvantes, poignantes, percutantes, éloquentes, et parfois tout ça à la fois. Elles sont pour la majorité d'entre elles pleines de sensibilité et d'humanité.

La plume de l'auteur peut se faire aussi cassante et déstabilisante qu'elle est envoûtante, tendre et poétique. Toujours une pure merveille à mes yeux.

C'est un très bel hommage qu'a rendu Luis Sepúlveda à tous ces gens connus, peu connus, pas assez connus, méconnus, inconnus.

Un livre humaniste et militantiste qui prône le devoir de mémoire.

Un très beau moment de partage.
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Un livre fait de petites vignettes. Sepulvéda n'y parle pas de personnages victimes, pas des grands noms de l'Histoire (ou en toile de fond), mais des marginaux, ou des personnes qui par leurs actions ont marqué leur entourage.

Il y est plusieurs fois questions du Chili et du système totalitaire de Pinochet, mais pas seulement. L'auteur nous raconte des histoires dont les lieux varient beaucoup. D'un rescapé de la Shoah, à un poète oublié en passant par un pirate qui a voulu que son dernier geste soit pour sauver son équipage.
Des histoires de générosité, de bonté, de solidarité, d'altruisme, de désintéressement : des thèmes importants pour cet écrivain révolté et parfois un peu idéaliste. Et une fois de plus, la simplicité avec laquelle il raconte ces épisodes prouve son efficacité.

Un livre qui est une vraie bouffée d'air frais et qui donne envie d'avoir foi en l'Humanité.

La morale de toutes ces histoires, s'il y en a une, c'est quand même la résistance face à ceux qui ont la prétention de faire L Histoire, celle d'aujourd'hui et de demain. Pour finir, il me semble qu'il faut citer le poème du tchèque, Jan Palach, cité dans l'une des vignettes de Luis Sepulveda :

J'ose parce que
tu oses parce que
il ose parce que
nous osons parce que
vous osez parce que
ils n'osent pas.
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Parce qu'il a visité le camp de concentration de Bergen Belsen et qu'à deux pas des infâmes fours crématoires, il a été interpellé par ce message gravé dans une pierre : « J'étais ici et personne ne racontera mon histoire », Luis Sepulveda nous emmène à travers le monde pour rendre hommage aux femmes et aux hommes qu'il a croisés dans sa vie. Il met à l'honneur des gens qui semblent ordinaires à première vue et qui pourtant font preuve d'une dignité et d'un courage extraordinaire: des autochtones (Lapons, Indiens d'Amérique Centrale, …) qui vivent en symbiose avec la nature, des poètes qui s'émerveillent du spectacle de la nature, comme par exemple celui des roses du désert d'Atacama qui fleurissent un jour par an, et qui nous rappellent la beauté. Ou encore des hommes, des femmes qui restent debout dans l'adversité, d'autres qui refusent l'asservissement ou la corruption pour sauver leur peau, au nom de la liberté qu'il nous faut défendre toujours plus fort.

Ça fait du bien, en ce temps moroses, de voir que de grandes et belles choses sont possibles à notre échelle, que la femme et l'homme de tous les jours sont capables de générosité et de résistance.

Un livre salutaire je trouve.
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Une trentaine de nouvelles de sujets très différents. Touchée par Baleines de Méditerranée qui dénonce la pollution de la mer par l'homme. Révolte et indignation pour les hommes et femmes torturés pour leurs idées. Attendrie par certaines rencontres. Un bel éventail tout en sensibilité d'un grand homme.



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Avec cette cinquantaine de petits récits de rencontres en Amérique Latine, Hambourg, Paris, Venise, Asturies..., Sépulvéda rend hommage aux camarades, artistes, engagés dans de nobles causes ou victimes des dictatures.

J'ai bien aimé les conseils d'Hemingway:
Rappelle-toi qu'on peut écrire d'excellents romans avec des mots à vingt dollars, mais ce qui est méritoire c'est de les écrire avec des mots à vingt cents.

Une raie de moins ne change pas la peau du tigre, mais un mot de trop tue n'importe quelle histoire!
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Parce qu'écrire est, pour Luis Sepúlveda, une formidable résistance, meilleur moyen de contrer la lâcheté de la confortable amnésie, il relate dans ce livre, comme un devoir de mémoire, avec un style d'une belle sobriété et d'une grande séduction poétique, une série "d'histoires marginales" aux personnages tout aussi marginaux dans leur entêtement à ne pas renoncer à leurs convictions, malgré les préjugés, les dangers ou les persécutions.
Exilé de force puis nomade par choix, cet infatigable auteur-bourlingueur diffracte temporellement et géographiquement (Allemagne, Chili, Salvador, Espagne, Mozambique, Italie…) les morceaux de vie de ce livre, où la réalité surpasse la fiction, pour unir ses héros au sein d'une même détermination, fil conducteur de l'ensemble de ces histoires : le courage de dire non, d'agir ou d'être autrement et de s'y tenir. Parce que si désobéir ou résister est une décision personnelle, c'est au nom de l'humanité toute entière qu'on accepte d'en payer le prix.
Souvent humble mais extraordinaire, cette résistance dépeinte par Sepúlveda est aussi inouïe que les improbables roses rouge sang du désert d'Atacama, défiant les conditions extrêmes, illuminant l'aridité d'une terre désertée d'humanité. Ainsi, en honorant la dignité des personnages de ce livre, c'est à l'éthique humaine que Luis Sepúlveda rend hommage.
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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Ce recueil est un hommage à trente cinq héros (inconnus ou presque), rencontrés lors de son exil ou de ses voyages.
Trente cinq portraits émouvants, de thématiques très différentes, mais portant tous les valeurs de Sepulveda: liberté, respect, fraternité, amour...
Tous ces héros résistent face à la dictature, à la civilisation dévorante, à la privation de la liberté sous toutes ses formes et à l'injustice.
Très beau voyage plein d'humanité.
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L'ouvrage qui nous intéresse ici est donc un recueil de nouvelles écrit par l'écrivain chilien Luis Sepúlveda. Ce dernier est très engagé politiquement, au point d'avoir été emprisonné pour ses opinions par le régime de Pinochet. Les informations précédentes sont loin d'être anodines lorsque l'on appréhende l'oeuvre de monsieur Sepúlveda comme nous allons le voir.

Les Roses d'Atacama regroupe 35 histoires plutôt courtes qui brossent autant de portraits d'un humanisme flamboyant. Chaque tableau est dépeint d'une écriture fluide qui mets en valeur une poésie épurée. Lorsque Sepúlveda nous parle de toutes rencontres, faites durant ses nombreux voyages, c'est toute l'humanité qui nous semble défiler sous nos yeux. Par le choix de ses sujets, par la force de son écriture magnifique, c'est de lui dont nous parle l'écrivain chilien : de sa compassion, de son combat pour la dignité humaine, de sa volonté de résister contre toutes les barbaries. Les larmes et les sourires se succèdent avec beaucoup de naturel au fil des pages. Chaque nouvelle semble nous apporter quelque chose et toujours avec des mots d'une grande force littéraire : Fitzcarraldo ne vit rien de tout cela. La cupidité sera toujours comme une épine de glace dans les pupilles. Je ne veux pas trop dévoiler les sujets qui sont abordés dans cet ouvrage, ce serait dommage de gâcher le plaisir de ceux que je pourrais modestement convaincre de lire Les Roses d'Atacama.

En conclusion, témoigner comme le fait Luis Sepúlveda est en soi un acte de résistance doublé d'une magnifique oeuvre littéraire.
Lien : http://altervorace.canalblog..
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