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Citations sur Mustiks : Une odyssée en Zambie (103)

Leur couple avait cessé d'être conjugal ; son corps ne se conjuguait plus au sien ; il n'y avait plus de grammaire entre eux. p. 444
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L'idée de zombie est née au royaume du Kongo puis elle s'est propagée dans le Nouveau Monde, apportée par les bateaux d'esclaves : nzambi (un Dieu) ou zumbi (un fétiche) - quoi qu'il en soit, cela n'appartient pas au monde des vivants. Ressuscité d'entre les morts par un sorcier, un bokor, le zombie est un esclave dépourvu de volonté. Il peut être envoyé pour accomplir une tâche ou tuer un voisin. C'est une bête invincible condamnée à errer par-delà le monde en commentant le mal par procuration. Quand un zombie vous attaque, plante ses crocs dans votre chair, sait-il ce qu'il fait ? Pas vraiment.
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« On s'est fait entuber par les Chinois, marmonnait Joseph en envoyant rouler une bouteille de bière du bout du pied.

- C'est quoi ce racisme ? Ce n'est pas juste les Chinois, comme tu dis. C'est le Consortium.

- Le Sino-American Consortium ? demanda lentement Jacob comme si ces mots étaient nouveaux pour lui.

- Tu as vu les nouvelles cliniques du SAC ? Elles distribuent gratuitement des vaccins beta contre le virus.

- Pourquoi ils sont bêtes ? s'étonna Jacob en fronçant les sourcils.

- Non, beta. Tu sais, comme alpha, beta, delta ? dit Joseph. Une version beta, c'est un essai.

- Une version beta, ironisa Naila. Ça devrait s'appeler une version noire. Ils l'expérimentent sur nous.

-- Oh-oh ? » dit doucement Jacob.

Naila ne réussit pas à déchiffrer son expression.

« Les essais sur les humains sont la seule façon de faire avancer la science, dit Joseph.

- Oui et les noirs ont toujours été de bons cobayes, rétorqua Naila en croisant les bras.

- Tu cries toujours au paternalisme, mais le développement est une bonne chose, dit Joseph. Regarde AFRINET et Digit-All.
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Quand Jacob rencontra la fille albinos, elle en portait trois : Une à monture-écaille posée dans son afro blonde, une autre à double foyer autour du cou et des lunettes d'aviateur sur le nez. Son frère, en tee-shirt bleu ciel orné d'une inscription blanche et d'une photo de couronne, était également chargé de trophées, le torse sanglé de lanières entrecroisées, des sacs pendant sur les hanches. Un des sacs - petit, en cuir noir - avait la moue reconnaissable d'un étui d'appareil photo. Jacob s'approcha du garçon et le lui ôta de l'épaule. Il se tourna vers la fille, qui était visiblement la patronne.

« Zingati ?

- Le Aka kothyoka là ? » dit-elle, les verres de ses lunettes d'aviateur impénétrables.

Jacob ouvrit l'étui, sortit l'appareil photo et le retourna entre ses mains, essaya les boutons, joua avec le levier cassé. Puis il s'accroupit et braqua l'objectif sur elle.

« Ah-ah, il n'est même pas nimérique », se lamenta-t-elle, regrettant de ne pas pouvoir voir d’aperçu. Mais son frère prit la pose, croisant les bras sur la poitrine et faisant des gestes de rappeurs américains. La fille craqua et mit une main sur la hanche et un coude sur l'épaule de son frère. Jacob regarda dans le viseur et leur fit signe de reculer. Dès qu'ils s'exécutèrent, il se leva et fila en courant en embarquant l'appareil photo doublement volé.
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Grincheuse d'avoir à s'aplatir ainsi, Matha s'accroupit tour à tour devant chaque tantine pour leur serrer la main, le coude droit au creux de la main gauche. Les salutations s'élevèrent en un canon mélodieux :

Mulishani mukwayi
Eyamukwayi
Mulishani mukwayi
Eyamukwayi

Matha s'assit par terre au pied du demi-cercle de femmes. Il n'y avait pas un bruit, seulement la rumeur qui provenait des portes ouvertes de la véranda - des oiseaux, des chiens, un générateur diesel - et la radio qui annonçait les changements de position d'un match de cricket.
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(…) ce qui a ruiné ce pays, c’est l’efficacité – le culte de l’efficacité des Britanniques. Les premiers colons n’étaient ni intelligents, ni princiers. Ce n’étaient pas des rois. L’empire était une mascarade. C’était des colonisateurs, et pour cela, la force brute suffit, pas de quoi se vanter quand on l’a. Le pouvoir n’est qu’un accident qui dépend de la faiblesse des autres. Ils ont fait main basse sur tout ce qu’ils pouvaient par simple plaisir. Du vol avec violence, du meurtre prémédité à grande échelle, et ces sales bazungu qui s’y livraient à l’aveugle – des hommes s’attaquant à d’autres hommes dans les ténèbres. La conquête de l’Afrique, qui consistait à la voler à des gens qui avaient le tient plus foncé et le nez plus plat, est immonde, man. Et pire encore, c’est l’idée qu'il y avait derrière, non pas la curiosité ou l’amour, mais juste la foi en une idée – quelque chose qu’ils ont exalté, devant lequel ils se sont inclinés, auquel ils nous ont sacrifiés...
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- Je sais lire, s'indigna Jacob. Un peu. Mais qu'est-ce que ça veut dire ? Auto comme une voiture ?

- Non, comme automatique - tout seul. Autophage, ça veut dire quelque chose qui se mange lui-même.

- Du cannibalisme, dit Ba Godfrey en hochant sagement la tête.

- Mmm. » Joseph balança la tête de droite à gauche. « De l'auto-cannibalisme, plutôt.

- Ça parle de manger, pourquoi ? insista Jacob. Je croyais que l'article était sur les drones.

- C'est... » Joseph parcourut le paragraphe. « Le microdrone peut se servir de sa propre structure comme d'un carburant. - Mais s'il se mange... » Jacob secoua la tête. « II va disparaître, non ?

- Probablement, dit Joseph en fronçant les sourcils. Peut-être qu'il utilise seulement une part de sa structure. Ou alors, dit-il avec un sourire, peut-être que les drones se mangent les uns les autres.

- Héhé ! » Ba Godfrey souffla une volute de filmée. « Du cannibalisme ! »

Il tendit le joint aux garçons. Mais Joseph s'était mis à traduire sérieusement à côté de Jacob qui lui montrait les mots qu'il ne connaissait pas.
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Il n'est jamais facile d'imaginer la souffrance des autres, encore moins une souffrance aussi abstraite qu'un chagrin d'amour. (Matha p. 246)
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Pendant ses études à l'université, Ronald avait appris que "l'histoire" était le terme qu'employaient les anglais pour rendre compte de toutes les fois où un blanc rencontrait quelque chose qu'il n'avait jamais vu et s'empressait de se l'approprier, en le renommant souvent pour faire bonne mesure. L'histoire, en bref, était les annales de la brute de la cour de récré.
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L'employée qui était au guichet l'appela et Naila s'approcha de la vitre. Elle lui tendit un formulaire sur un clipboard écorné. Naila l’examina.

« Oui, je ne connais pas mon numéro de passeport, dit-elle.

Il est dans le coffre-fort de mon hôtel.

Il suffit de scanner votre Perle, Miss », lui dit l'employée. Naila glissa le doigt sous la vitre et la femme le toucha avec sa Perle.

En entendant les deux Perles biper, Naila pensa comme chaque fois à Adam et Dieu dans la chapelle Sixtine.
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