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3,13

sur 65 notes
Il est ambitieux mais il est lourd. Il est exigeant mais fatiguant. Ce roman ne tient pas ses promesses. Il est long, beaucoup trop long. Il se perd dans des détails, il assomme par ses lourdeurs et on s'interroge sur le sens de l'histoire. Que veut dire l'auteure? Où va-t-elle ? Je ne sais. J'ai lu sans émotion, sans passion mais avec détermination car il fallait surmonter l'ennui. Dommage.
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Voyage dans un pays de l'Afrique australe, la Zambie ; voyage également dans le temps de trois familles et donc de plusieurs générations, qui vont s'entrelacer au fil du temps. Nous avons là, une saga africaine, qui si, il survole le quotidien terre à terre, n'en oublie pas moins les situations et questions sur le devenir de moult pays africains, qui demeurent des proies idéales des pays occidentaux.

Un colon : Percy M. Clarke, s'installe, près d'un site majestueux : les chutes de Victoria situées sur le fleuve Zambèze. Ainsi, au fil des pages vont apparaître : une enfant dotée de poils sur tout le corps, une adepte du tennis aveugle, une mère indigne, etc... le drame pour ce florilège de femmes qui devront lutter et outrepasser ces handicaps pour continuer la lignée de la famille. Sans compter également, par le brassage des races : blanche, noire et indienne ; qui apporte une situation excessivement difficile à vivre, à certaines époques.

Mais au-delà de vie éminemment attristante du quotidien de ces femmes et de leurs enfants ; le contenu politique sous-jacent au début viendra par la suite interpeller le lecteur sur les sujets macroéconomiques. le népotisme inhérent à toute nation, la guerre véritable cauchemar et ce quelle que soit la couleur de la main qui tient l'arme, la lutte des femmes pour la reconnaissance de leurs droits dans tous les compartiments de la vie, bien évidemment la lutte contre le racisme qui n'épargne aucun pays, la volonté de créer un groupe, une identité voire enfin une nation. Enfin si beaucoup de pays africains ont obtenu de haute lutte leur indépendance, il convient de s'interroger sur les interventions de la Chine et des pays occidentaux qui sous couvert d'aides puis d'investissements pourrait être considérées comme un colonialisme larvé. Bref et sans fournir une liste exhaustive des sujets abordés, les pistes de réflexions s'avèrent bien nombreuses !

Mustiks une odyssée en Zambie, un roman doté de 698 pages, qui comporte certaines longueurs ; et avec un épilogue surprenant sur le devenir de la civilisation : un genre d'anticipation ou peut-être une dystopie ? Namwali Serpell a semble-t-il recensé les maux de son pays afin de nous faire – culpabiliser ? - réfléchir à nos propos et actions envers les pays africains.

Un grand merci aux Éditions du Seuil et Babelio pour la découverte de cette auteure et de son pays.

Lien : https://bookslaurent.home.bl..
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Le réalisme magique de l'histoire de la Zambie comme fabuleuse métaphore foisonnante, au long cours, de l'émancipation et du contrôle.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2023/03/15/note-de-lecture-mustiks-namwali-serpell/

Lancée début octobre 2022 avec les éditions La Volte, la librairie Charybde et le journaliste Antoine Daer (St. Epondyle), en attendant d'agrandir l'équipe, « Planète B » est l'émission mensuelle de science-fiction et de politique de Blast. Chaque fois que nécessaire, les lectures ou relectures nécessaires pour un épisode donné figureront désormais sur notre blog dans cette rubrique partiellement dédiée.

« Mustiks » (2019) est l'un des livres-clé de l'épisode n°5, « Surveillance et contrôle : quand la réalité dépasse la science-fiction », à regarder ici.

« Mustiks » (titre français subtil car l'on réalisera rapidement que les moustiques y tiennent le rôle d'un véritable choeur antique) commence et finit à « The Old Drift » (le titre original en anglais), petit village quasiment abandonné au bord du Zambèze, à deux pas des chutes Victoria, sur la ligne même qui fut la frontière entre la Rhodésie du Sud (aujourd'hui Zimbabwe) et la Rhodésie du Nord (aujourd'hui Zambie), en un point à la fois mineur et névralgique de ce qui fut longtemps la zone africaine australe de l'Empire colonial britannique, zone largement « déléguée » au fameux colon et marchand « privé » Cecil Rhodes.

Copieux roman choral aux facettes souvent joliment surprenantes, « Mustiks » emprunte d'abord les chemins du célèbre médecin missionnaire David Livingstone, sillonnant l'Afrique australe et centrale à la recherche de la source du Nil et de l'abolition de l'esclavage, dans la période située juste avant le « Scramble for Africa » des puissances européennes, ce dépeçage colonial en règle atteignant son apothéose avec la conférence de Berlin de 1884-1885 (période cruellement et magnifiquement traitée par Éric Vuillard dans ses « Congo » et « La bataille d'Occident » de 2012). L'Histoire, la petite mais aussi la grande, se déroule ensuite à travers les regards croisés, successifs ou imbriqués, de personnages souvent fort inattendus, puisque l'on y trouvera un pionnier boutiquier installé aux chutes Victoria en 1900, un couple de colons italiens, Sibilla et Federico, au passé pour le moins trouble (leur histoire au Piémont pendant et juste après la deuxième guerre mondiale, avant leur départ pour l'Afrique en 1956, constitue une véritable et envoûtante novella à elle seule – dont les tentacules se prolongeront loin dans l'ensemble du roman), le couple formé en 1963 contre toutes convenances sociales entre une jeune aristocrate anglaise, Agnes, et un jeune et brillant étudiant ingénieur noir de Rhodésie du Nord, Ronald, le couple d'une tout autre nature formé par le vétéran Edward Mukuka Nkoloso, vétéran, savant et politicien-clé de la jeune Zambie, et par Matha Mwamba, qui sera sa meilleure élève ainsi que la pointe du baroque et pourtant tout à fait authentique programme spatial zambien, avant de se révéler, plus tard, comme femme puissante parmi les femmes puissantes – au prix de quelques paradoxes – (l'autrice avouera en entretien, dans la Los Angeles Review of Books, ici, que ce sont bien là les deux personnages qui se sont d'abord imposés à elle), et de tous leurs descendants et descendantes, aux destins étroitement entrecroisés, entre eux et avec celui de la Zambie elle-même, jusqu'à aujourd'hui et un peu après.

Si « Mustiks » emprunte énormément d'éléments de sa trame à l'histoire tout à fait officielle et authentique de la Zambie, de Cecil Rhodes à Kenneth Kaunda et à l'époque contemporaine (voire légèrement au-delà), un certain nombre de données glissées précocement dans la narration, dont le flot ira s'amplifiant au fil de ses 700 pages, renvoient à un véritable fantastique, à un surnaturel constitué de légendes et d'inventions, de dérives et d'improbabilités réjouissantes. Publié en 2019 et traduit en français en 2022 par Sabine Porte pour le Seuil, ce roman époustouflant a suscité, surtout après l'obtention du prestigieux prix Arthur C. Clarke en 2020, de nombreux commentaires pointant à raison du côté du réalisme magique des « Cent ans de solitude » de Gabriel Garcia Marquez. Mais il faut souligner, comme Anthony Cummins dans The Guardian (ici), le formidable machiavélisme de la construction chorale et de l'enchevêtrement des vies qui nous explosera à la figure dans l'extraordinaire final science-fictif, pourtant toujours placé sous le double signe – constante discrète du roman – de la curiosité intellectuelle débridée et des amours contrariées.

C'est bien aussi que derrière l'enchevêtrement joueur et méticuleux des vies ordinaires et extraordinaires, « Mustiks » tisse son récit envoûtant de deux thématiques politiques en diable – qui sont aussi inscrites au centre des projets les plus ambitieux de la science-fiction telle que je l'aime -, l'une, directe, autour de la colonisation, de la décolonisation, de la recolonisation et de la néo-colonisation, toute tendue de la dialectique à l'oeuvre entre émancipation et contrôle (le travail de l'imagination sur l'évolution paradoxale et ambiguë de l'usage démultiplié du smartphone par les populations les plus fragiles est à lui seul proprement impressionnant), l'autre, plus indirecte mais tout aussi stratégique, autour du rôle politique de l'espace – qu'il soit géographique ou sidéral – et du territoire, individuel et collectif. Et c'est ainsi que Namwali Serpell nous offre un grand roman contemporain, qui englobe et dépasse de très loin l'histoire de la naissance et de la vie d'une nation africaine.
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J'ai eu beaucoup de mal à terminer ce roman, qui m'a semblé long et difficile, mais je suis arrivée à la fin et mon impression est plutôt entre deux.

Nous suivons au début un photographe qui décide de s'installer près des chutes Victoria en Zambie. Ce dernier va alors y fonder son histoire, sa famille, et nous allons découvrir les ascendants et descendants de trois familles.
Au travers du destin de chacun, nous allons découvrir la culture zambienne, des lieux, et des personnalités uniques.
Nous allons ensuite dans une sorte de futur, où les technologies vont asservir encore une fois un peuple anciennement coloniser par les britanniques.

J'ai passé un bon moment dans l'ensemble, j'ai trouvé l'univers unique, j'ai découvert clairement un pays et un ensemble culturel ! Par contre, cette transformation en dystopie (ou en futur parallèle), toutes ces expressions en langue étrangère sans notes de bas de page... ça m'a fait décrocher bien trop de fois pour mettre davantage que 2,5.

Malgré tout, je ne regrette pas !
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Ce roman retrace la saga sur quatre générations de trois familles installées en Zambie depuis le début du XXème siècle. Tout commence avec l'arrivée en Rhodésie d'un photographe aventurier du nom de Percy Clark tombé sous le charme des Chutes Victoria et du fleuve Zambese. 
A travers l'histoire de ces trois familles, on va découvrir ce jeune pays qu'est la Zambie et la force de sa population qui, malgré la misère, la corruption des édiles, les nouveaux investisseurs chinois et le sida, garde toujours espoir. 

On notera aussi dans ce roman que les femmes sont les premières victimes d'une société en crise mais qui malgré tout luttent pour leurs enfants. C'est cette jeunesse qui va d'ailleurs tenter de faire bouger les lignes. 
Cette fresque qui semble par moment plutôt légère, par la voix des différents familles va mêler astucieusement les différentes cultures tout en évoquant de manière subtil les questions du racisme, du féminisme et de la dépendance de l'Afrique aux anciennes puissances colonisatrices. La lecture de ce roman se fait donc à plusieurs niveaux. Parfois on a le sentiment d'être perdu comme si on déambulait dans les méandres du Zambèse, mais cela ne dure pas et on reprend vite les cours de l'histoire  de ces trois familles. 

Ce premier roman est une réussite , il a réussi non seulement à m'emmener dans des paysages de rêve à la rencontre d'une faune et d'une flore magiques mais aussi à me faire découvrir la réalité de ce pays qui doit faire face à la noirceur de l'être humain dans son rapport à l'autre et dans son rapport à l'argent. 

J'ai aimé cette balade en Zambie mais aussi les différents niveaux de lecture de ce roman qui a plein de choses à transmettre et me suis prise d'affection pour ces femmes peu considérées mais qui tentent à leur manière de faire avancer les choses.

Je remercie donc Masse critique Babelio et les éditions du Seuil pour ce joli coup de coeur.
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Mustiks vous piquera, c'est indéniable.
Voilà un livre-odyssée en Zambie, oui, c'est ça reprenez votre géographie, situez là, et qu'en savez-vous ?
Vous serez surpris, agacé, étonné, intéressé, compliant jusqu'au jour où la démangeaison de la révolution... C'est normal, quand on passe de l'esclavage, au servage, à la servitude, à l'impérialisme et au colonialisme, à chaque fois orchestré par ces bazungus blanc, ben il y arrive un jour où on a envie de tout envoyer sur la lune.
Namwali Serpell nous traîne à la suite de Levingstone, toubib aventurier sur la terre des autres, au fil du destin, d'erreur des destins de 3 familles dont nous suivront avec précision les grands-mères ( Sibilla-Raiponce, Agnès et son obscurité, Matha hasta-la-victoria-sempre ), leurs filles, les mères (Isabella en dérapage, Thandiwe la belle fille dépassée mariée à son apamwamba-métis et Sylvia, la fille de joie d'une mère pleureuse) et respectivement les enfants (Naila, Joseph et Jacob).
Certes cela fait beaucoup, mais on n'est jamais perdu.
Et les moustiques aussi tracent des jalons, des points rouges pour nous éclairer.
Mais c'est surtout l'écriture qui nous guide dans le quartier de Kalingalinga à Lusaka, qui nous fait rentrer dans les maisons au toit de bouteilles en plastique, qui nous ouvre les portes des foyers et des coeurs à coup de comparaisons savoureuses et de scènes quotidiennes crues.
Certes la tension littéraire s'effrite en arrivant aux enfants, peut-être parce que l'époque est la nôtre et que l'intérêt est moindre. Alors quand ça bascule en anticipation, on décroche.
Grand merci aux éditions du Seuil pour cette exploration aussi dépaysante que bouleversante.

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En Zambie, de la conquête coloniale au début du 21° siècle, nous suivons les destins croisés de trois familles sur plusieurs générations. Quelques personnages marquants ressortent plus particulièrement, majoritairement féminins. Il y a Sibilla qui est née entièrement couverte de longs poils et cheveux qui repoussent à toute vitesse quand on les coupe; Agnes, espoir du tennis devenue aveugle avant ses vingt ans; Matha dont les yeux n'arrêtent pas de pleurer depuis que Godfrey, son amour, a disparu... Européens, Africains et Indiens se métissent au fil des générations.

L'histoire de la Zambie, pays du sud-est de l'Afrique, sert de toile de fond au roman. Il est question de la colonisation et de ses abus (racisme, violences et déplacements forcés de populations), de l'indépendance du pays, de l'épidémie de sida, de l'arrivée des investisseurs chinois. Il y a un peu de fantastique et aussi de l'anticipation quand, au début des années 2000, la population du pays, puis du reste du monde se fait équiper de Perles, une puce électronique dans le doigt qui permet un accès facilité à internet mais bientôt peut-être le contrôle des populations ? Dans ce cas comme dans celui de la recherche d'un vaccin contre le sida les habitants de ce pays pauvre servent de cobayes.

Tout ce que j'ai lu sur l'histoire de la Zambie m'a intéressée, d'autant plus que c'est un pays que je ne connaissais absolument pas et que Namwali Serpell a déniché quelques épisodes étonnants. L'intérêt que j'éprouve pour les vies des personnages est plus inégal. Il y a des passages que j'ai trouvés un peu ennuyeux et il me semble qu'on aurait pu retrancher quelques pages à ce gros bouquin. Sur la période qui concerne le temps présent j'ai apprécié la façon dont l'autrice a bien montré la vitalité qui se dégage de la jeunesse du pays et ce malgré le sida, les inégalités criantes et la corruption. C'est enfin un roman qui est fort bien écrit.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Ma première visite en Zambie s'est faite aux chutes Victoria. Un pont métallique permet d'admirer la splendide cataracte du Zambèze, appelée en langue locale « Mosi-oa-Tunya », la fumée qui gronde. D'un côté, c'est le Zimbabwe, où nous logions, et de l'autre la Zambie. Il faut voir les chutes des deux côtés : un peu plus de recul, et donc un point de vue plus panoramique du côté zimbabwéen, des sentiers qui mènent plus proche de l'eau et de son tumulte de l'autre côté. La rive zambienne est aussi moins développée touristiquement que la petite ville de Victoria Falls qui attire les visiteurs au Zimbabwe. Pour atteindre la première ville en Zambie, il faut prendre un minibus juste après le poste frontière pour rejoindre, à un peu moins de vingt kilomètres, Livingstone, qui porte encore le nom du célèbre médecin et explorateur britannique.
Le roman de Namwali Serpell, née en Zambie, offre une large fresque multigénérationnelle de son pays. Les premiers chapitres sont situés au bord du fleuve Zambèze. le titre anglais du roman « The Old Drift » fait référence au premier hôtel construit, autour de 1900, près des chutes Victoria. La traduction française paraîtra en novembre 2022 sous le titre « Mustiks. Une odyssée en Zambie ». le livre ne se déroule pas uniquement au bord du Zambèze : quelques chapitres ont lieu en Italie et en Angleterre, et une part importante de l'action se déroule à Lusaka, la capitale, que j'ai visitée lors d'un second voyage.
Namwali Serpell met en scène trois familles, une zambienne, une italienne et une indienne dont les destins s'entremêlent au fil des générations, des débuts de la période coloniale à un futur proche dans lequel des mini-drones pas plus grands que des moustiques surveillent la population. le récit parcourt des aspects connus et d'autres moins connus de l'histoire du pays : la colonisation britannique et son racisme ordinaire et paternaliste, la lutte pour l'indépendance, la construction du Barrage de Kariba, les ambitions chimériques du programme spatial zambien juste après l'Indépendance, la tragédie de l'épidémie de SIDA, les tentatives de trouver un vaccin et la lente progression de la corruption et des trafics en tous genres qui sapent les fondements d'un pays neuf.
Le style du roman est fascinant. L'auteur adopte plusieurs points de vue, prenant tour à tour la voix des colons britanniques, des ingénieurs italiens du barrage, d'une famille de commerçants indiens et des jeunes zambiens, d'abord désireux de façonner leur nouvelle nation, et une génération plus tard, plus désabusés mais devenus adeptes de la débrouille. Elle rajoute à cette polyphonie dominée par les voix féminines, une touche bien dosée de réalisme magique.
C'est un roman entraînant et envoûtant qui donne envie de quitter les berges du Zambèze pour partir à la découverte d'un pays peu connu, à l'écart des sentiers battus.

Lien : http://www.lecturesdevoyage...
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Namwali Serpell ne s'est pas fixée un objectif modeste : retracer l'histoire de la nation zambienne, chercher à dévoiler son identité, sa singularité. Elle y consacre environ 700 pages : ce n'est pas rien. Ces 700 pages laissent une impression assez mélangée.

Je parlerais d'abord de son immense créativité et de sa capacité à réunir sous sa plume des univers assez différents. Un des personnages, Sibilla, est atteint d'une forme extrême d'hirsutisme qui en fait un personnage quasi magique dans un récit proche parfois du surréalisme. Dissimulée à la vue des hommes dans son Italie natale, elle devient une personne libre alors qu'elle se marie en Zambie. Agnès, la championne de tennis anglaise et blanche qui, devenue aveugle, épouse un zambien appelé à devenir un leader au moment de la décolonisation. Nous retrouvons une destinée vue dans toutes sortes de romans portant sur la période, à l'exception de la cécité qui ajoute une symbolique forte. le burlesque est au rendez vous avec Edward Makuka Nkoloso, un personnage extravagant qui a existé. La description de l'entrainement mis en place pour le programme spatial zambien est absolument improbable. Matha, la troisième grand-mère du livre, participe dans sa jeunesse à ce programme inouï. Apparemment, elle aurait réellement existé. Les chapitres consacrés à Edward Makuka Nkoloso et à Matha rejoindraient au moins en partie L Histoire.

Du côté de l'Histoire, on retrouve bien sur Kenneth Kaunda, mais aussi Percy C. Clarke le photographe anglais établi tout près des chutes Victoria avec lequel débute le récit. L'épidémie du Sida occupe un part importante de la partie finale, lorsqu'il s'agit d'évoquer la deuxième puis la troisième génération, les enfants et petits enfants de Sibilla, Agnes et Matha. On évolue ensuite vers une forme de science-fiction puisque le roman se prolonge un peu au delà de la période actuelle, notamment autour des recherches pour vaincre le sida.

Les personnages centraux sont des personnages de femme, qui portent en plus le poids d'une difficulté supplémentaire : un handicap, une bizarrerie génétique, une naissance dans un univers violent. Elles traversent la vie en agissant, en se battant mais aussi en supportant beaucoup : il faut encaisser quand on est une femme en ces temps et en ces lieux. Parfois, elle se replient sur leur vie, parfois elles foncent dans le maelstrom de l'Histoire. Les hommes, quant à eux, sont tour à tour extravagants et fous, inconséquents et pleutres, prétentieux et arrogants. Mais hommes et femmes, avec leurs forces et leurs travers, sont finalement confrontés sans cesse, et malgré tous leurs efforts, à la déroute de leurs espoirs dans un pays colonisé, puis décolonisé, puis économiquement dépendant.

Ce roman hétéroclite et baroque contient tout ou presque, de l'histoire à la science fiction, de la politique aux histoires d'amour tumultueuses, du roman historique" classique" à la fantaisie débridée, du roman social au féminisme. On peut s'y noyer et j'ai bien failli à plusieurs reprises, mais toujours quelque chose m'a rattrapée. Peut être en premier le caractère inhabituel de cet éclatement des genres qui correspond si bien à notre époque
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Au bord du Zambèze, où des colons se sont installés au début du XXème siècle, à proximité des chutes Victoria. Un des pionniers est le photographe anglais Percy M. Lark, qui s'y établit en 1903. Il monte un magasins de curiosités puis plusieurs sociétés de transport.
A côté se trouve le Victoria Fall Hotels, dont le directeur est le Piémontais Pietro Gavuzzi. Un jour, sa fille, Lina Gavuzzi, a pris peur assommé un jeune indigène. Plus tard, alors que Percy chassait des faisans, pense tirer sur un cochon. Il s'agissait finalement de l'indigène N'gulubu, dont le prénom signifie "cochon", qui avait été frappé par Lina. Beaucoup d'effervescence dans la région malgré un taux de mortalité élevé, en raison notamment des maladies apportées par les moustiques.
Le roman est introduit par un arbre généalogique où nous pouvons retrouver ces trois familles, d'origine anglaise, italienne et zambienne. Nous suivons au fil des années, la vie de 9 représentants de ces familles, dont le destin est lié, à travers les grands-mères, les mères et les enfants, qui ont vécu en Zambie (ex. Rhodésie du Nord) du début du XXème siècle à nos jours.
Chaque chapitre du livre est consacré au récit d'une tranche de vie d'un des membres atypiques de ces 3 familles, en privilégiant le point de vue des femmes, ce qui apporte de la richesse au récit de ces années où le rôle des femmes a évolué. Chacun illustre la malédiction de Nyami Nyami, Dieu du fleuve Zambèze (hirsutisme, cécité, abandon, pauvreté...). Ces histoires imbriquées à travers les générations nous plonge au Zambèze sur les différents événements avec le regard de colons britanniques, d'indigènes mais également des moustiques.
Ce roman de près de 700 pages est l'occasion d'aborder l'Histoire de cette région d'Afrique (la colonisation, le combat pour l'indépendance, l'épidémie de SIDA, l'immigration indienne…), la culture zambiènne mais également des sujets plus universels (l'amour, la ségrégation raciale, les inégalités entre les hommes et les femmes, le rejet des différences…).

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