🦟Chronique🦟
« On ne peut contenir la fureur diverse d'un peuple, d'un fleuve, d'une femme! »
Il était donc l'Histoire de la Zambie…Un jour, elle prend forme la fureur, elle devient son et lumière, elle devint même aveugle et hirsute, elle pourrait devenir plurielle et omniprésente…La Zambie, c'est une nouvelle nation, une mouvance, une possibilité de lOve. C'est un bruit qui naît, un accident, un territoire lointain. Ceux qui la constitue sont, fièvre, énergie et magie, et si elle vous étiez contée, alors vous verriez le déferlement, la nuée, et le chant polyphonique et puissant des femmes…Ne reste plus qu'à vous laisser piquer de leurs histoires, de leurs amours, de leurs revendications, de leurs erreurs pour comprendre la portée évocatrice de leurs engagements…C'est tellement fort, qu'on y rêve de lune, de libertés, de métamorphoses, mais presque dans le secret aussi, d'émancipation, de guérison et d'exploits…Mille ans d'émotion, de rêves et de cauchemars, qui se racontent en une fresque familiale passionnante de 700 pages très denses, c'est rien de moins que ce qui vous attend dans cette odyssée grandiose…
« S'il arrive que nous vous donnions une furieuse envie de vous démanger, cette envie de fuir qui vous démange n'appartient qu'à vous. »
Je sais combien les moustiques sont énervants. Eux-mêmes le savent pertinemment, et vont vous accompagner, insidieusement, au cours de ce voyage littéraire. Et tout comme la fièvre ou les virus affluent, les métaphores autour de la transmission sont multiples, tenaces, redoutables. le mauvais sang, les malédictions, les larves de révolutions se donnent, de générations en générations, de corps à corps, de fluides en fluides…et tant qu'à être piqués, le mal continue sa route d'êtres en êtres, de pays en pays, de continents en continents…À l'échelle Mustiks, vous n'êtes rien de plus que des hôtes, que des transmetteurs, que des colporteurs…Peu importe la couleur de peau, le sexe ou la valeur de vos existences, ils piquent et parasitent, transmettent et distribuent, dispersent et continuent…Impertinents, ils s'adressent à vous, comme pour mieux se moquer de vos querelles intemporelles, de vos discours enflammés, de vos guerres incessantes, ils vous rappellent, sournoisement, que vous êtes si semblables, vous et eux…J'ai tellement aimé le parallèle entre moustiques et humanité, comme leurs histoires s'étreignent, comme ils partagent le goût du sang, comme leurs destins sont fatalement et irrémédiablement, liés…
« …mais il se disait qu'il préférait regarder le monde qu'y être. »
C'est parce qu'il est inclassable, original et intense, entre science-fiction et roman historique, que cette lecture est très immersive. On ne peut y échapper, on est piqué. Piqué de curiosité, d'histoires, d'émotions, de réalités, de fantastique, de vérités, d'écoutes, de beautés, de rages, de poésie, de chants, de lumières...Tout nous interpelle, de l'étrangeté aux mystères autour des chutes, du désastre du passé colonial à la quête d'identité d'un pays, de l'émergence de l'amour au fléau de la contamination, de la vocation scientifique au possible futur interconnecté…C'est un roman foisonnant, flamboyant, tortueux, féministe, enfiévré, vivifiant, triste, audacieux, indomptable, furieux, inspiré…Je ne saurai pas STOPper le flot d'émotions qui me traverse quand je repense à ces quatre générations qui se confiées à moi durant cette lecture, mais je peux vous dire que l'imperfection nous unit, et qu'il serait une erreur monumentale de ne pas trouver ensemble la force de faire SOTP…
« We. Intend. To Cause. Havoc. On va causer des ravages, tu vois? ».
Remerciements:
Je tiens a remercier très chaleureusement Babelio ainsi que les éditions du Seuil de leur confiance et l'envoi de ce livre.
Lien :
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