Tricot d'amour

Toute la classe se gausse de Kévin, le nouveau, dont le papa est boucher. Pourquoi ? A l'heure des sweats, il arbore toujours des pulls aux couleurs et motifs improbables, tricotés avec amour par sa mémé. Mira compatit : elle-même se fait traiter de 'pouilleuse' par ses camarades, sa tête étant souvent envahie de petites bêtes...
La fillette a beau être végétarienne, et imaginer les proches de Kévin comme de dangereux et impitoyables tueurs, les deux enfants sympathisent autour de leurs punitions, infligées par une institutrice vraiment pas subtile...

Encore une réussite dans la collection Zig-Zag des éditions du Rouergue, destinée aux 8-10 ans : une jolie histoire d'amitié, de tolérance, de respect, de dignité chez les enfants, avec des dessins pleins d'humour et insérés dans le texte de manière pertinente.

Ce qui m'a frappé d'abord en lisant ce livre, c'est le harcèlement que subit Mira. Oui, j'utilise le mot « harcèlement », et même si certains me diront que ce n'est peut-être pas le terme approprié, je n'en vois pas d'autres. Comme elle a fréquemment des poux en dépit des traitements qu'elle subit, personne ne veut savoir à côté d'elle. Pire : la maîtresse d'école cautionne cet état de fait, pour ne pas dire qu'elle l'encourage, ayant, au vue de toute la classe, donné à Mira le statut de « mauvaise élève » qui récolte des punitions plus souvent qu'à son tour. Etre harcelée ou ostracisée, voire les deux en même temps, ne sont pas des situations enviables (et j'ai envie d'ajouter : non, sans blague ?).

Puis arrive Kévin, et il n'a pas le choix : la seule place libre est à côté de Mira, il doit s'asseoir à ses côtés. Ecrire ceci n'est pas rendre justice à Kévin, je pense qu'il n'aurait pas tant fait de manière, lui qui n'a pas de préjugés. Ce n'est pas le cas de tous les autres élèves – et je me demande comment la maîtresse d'école ne voit pas ce qui se passe, y compris dans la cour de récréation. Oui, après avoir un temps séduit, si j'ose dire ses camarades de classe, Kévin se retrouve lui aussi moqué, persécuté, et il tiendra bon. Par amour. Par amour pour sa grand-mère qui lui tricote des pulls, et tant pis s'ils sont de plus en plus ratés, tant pis si le tout dernier est rose, pas terminé, il le porte quand même.

Je ne sais pas ce qui l'emporte à la lecture de ce livre, la vision très noire qui est donnée de l'école, dans lequel la seule adulte responsable semble cautionner les débordements qui s'y passent, ou l'amour que Kévin a pour les siens, l'amitié qui se noue entre lui et Mira.

A voir, même si je trouve que ce livre est dur.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..

A la fois une belle et tendre histoire d'amour familial, et un vrai ressenti de la difficulté d'être mis à l'écart en classe, de la dureté des enfants envers ceux qui peuvent apparaître comme différents.
Mira a beaucoup de bon sens, une belle approche, face aux modes, et aux réactions de groupe.
Par contre, la maîtresse ... j'espère qu'elle a été caricaturée pour les besoins de l 'histoire, parce que si le modèle existe réellement, c'est grave.
J'étais à l'école primaire il y a plus d'un demi-siècle, j'ai presque tout oublié de cette période, mais je me souviens que tout le monde se moquait d'une pauvre fille, parce qu'elle avait des poux (vrai ou faux ? je ne sais plus, mais personne ne l'aurait approchée ou invitée. Que son père soit le croque-mort du village ne devait pas aider ! A cette époque, les bouchers et autres commerçants étaient au contraire bien considérés !)

« Quand le nouveau ôte son manteau, c'est la première chose qu'on remarque : son pull jaune éblouissant, tout mousseux, qui illumine les murs de la classe comme un morceau de soleil vivant. » Et chaque jour, Kévin offre un véritable défilé de pulls tricotés par sa mémé. de quoi aussi alimenter les quolibets de ses camarades de classe. Mira, sa voisine de table, observe ce jeune garçon à l'air bizarre qu'aucune moquerie ne semble atteindre. Depuis qu'il est là, les autres semblent l'oublier, elle, la tête à poux qui dégoute la maîtresse et fait fuir les écoliers. Mais malgré « toute cette lumière de pulls, toute cette beauté », Mira n'adresse pas la parole à Kévin car c'est le fils du boucher. Et Mira est résolument végétarienne, ne comprenant pas que l'on puisse trouver du plaisir à faire souffrir des animaux pour les déguster. Au fil des jours, les pulls de Kévin sont de moins en moins bien finis, les dessins irréguliers. Un jour, il arrive à l'école avec un pull plein de trous. Tout cela commence à inquiéter Mira car Kévin semble ne s'apercevoir de rien. Et puis un jour, Kévin ne vient plus à l'école, la boucherie est fermée et les rumeurs les plus folles vont bon train dans la cour de récré. Où sont donc passés Kévin et sa mémé tricoteuse ?
Encore un beau titre dans cette collection intelligente qui mêle ici joliment le texte sensible de Karin Serres et les illustrations pleines d'humour de Mathieu Demore dont c'est le premier livre. C'est une jolie histoire d'amour familial et d'amitié naissante que cache Tricot d'amour. Car malgré les trous dans les pulls, Kévin continue de les porter comme un étendard, celui de l'amour qu'il porte à sa grand-mère vieillissante. Un amour incommensurable qui se moque des on-dit et de l'apparence, un amour vrai et profond plus fort que tout.
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