Louise/les ours

Lecture jeune, n°120 - Louise Wing, une jeune Canadienne de 11 ans, détecte un jour une présence derrière elle, épaisse et rassurante « comme la cuirasse de douceur d’un énorme manteau ». C’est un ours transparent, une sorte d’ange gardien, qui dès lors, ne la quitte plus. Elle s’aperçoit que chaque habitant de la ville est suivi par le sien. Mais elle est la seule à les voir, et à communiquer avec eux. Sa grande soeur la traite de folle, tantôt avec rage, tantôt avec tendresse. Son père, lui, aimerait la croire, même s’il préfère qu’elle évite de parler de ses étranges amis. Pourtant à la radio, dans les journaux, la rumeur enfle : des ours auraient envahi la ville. La confrontation est inéluctable entre l’univers invisible de la petite fille et la rationalité des adultes. Louise y perdra ses ours. Cette pièce est servie par un texte d’une grande puissance poétique, dont les motifs entrent en résonance pour tisser des liens entre la réalité contemporaine, cinglante, souvent risible, et le monde intérieur, riche et intemporel. Au bourdonnement de la High way fait écho le chuchotement des ours. Aux premiers émois physiques de la grande soeur, très centrée sur son corps, répond l’évanescence cotonneuse des personnages qui entourent Louise. Sans verser dans le didactisme, Karin Serres évoque avec humour et douceur cette période ténue entre l’enfance et l’adolescence, ce qu’on y perd et ce qu’on peut en garder. La pièce est à lire, entendre, étudier, mais ne semble pas avoir été expressément écrite pour le jeu scénique. Cécile Burgard