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3,93

sur 1004 notes
Vous avez peut-être remarqué que j'ai un faible pour Istanbul et qu'il suffit que le nom de cette perle de l'Orient figure sur la première page de couverture pour que je craque...
Je précise toutefois que je n'ai jamais eu jusqu'ici l'occasion de la visiter, mais que cela reste un des projets que j'espère concrétiser un jour.

Imprégnée par la culture ottomane et féministe engagée, Elif Shafak écrit des romans qui mêlent les traditions romanesques occidentales et orientales.
À propos d'Istanbul, elle écrit : "Orient et Occident ne sont pas comme l'eau et l'huile. Ils se mélangent. Et dans une ville comme Istanbul, ils se mélangent de façon intense, incessante, et époustouflante."

Dans La bâtarde d'Istanbul, son deuxième roman, qui fut best-seller en Turquie, elle nous raconte l'histoire de deux familles, l'une turque et l'autre arménienne émigrée aux Etats-Unis, à travers le regard des femmes.
L'ombre du génocide arménien plane sur tout le récit provoquant incompréhension et tiraillements entre les deux communautés.
L'auteure a d'ailleurs été poursuivie en justice pour humiliation faite à la République turque et, heureusement, l'affaire s'est soldée par un non-lieu.
Deux communautés qui s'avèrent très proches l'une de l'autre en ce qui concerne culture et traditions.
Dans le récit, les Kazanci et les Tchakhmakhchian cachent chacun des secrets qui pourraient bien se révéler troublants pour les deux familles.

C'est un roman dépaysant à souhaît qui fait la part belle à l'art culinaire et ses senteurs orientales. J'ai pris soin de noter les noms turcs de toutes les préparations, bien décidée à en tester quelques-unes !
Les yalanci sarma, les tourshi, le patlijan, le topik ou les enginar n'auront plus de secrets pour moi..

Armanoush et Asya, la jeune génération, vont nouer une amitié désireuse de modernité, d'apaisement et de respect de chacun.

Un roman passionnant, plein de vie, bavard et gourmand comme les Orientales, avec des secrets déroutants et des allusions historiques indispenables.
Inoubliable !!
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Le différent est important entre Arméniens et Turcs, pour les uns le génocide qui a eu lieu en 1915 est toujours dans les mémoires, pour les autres, c'est de l'histoire ancienne. Avant Mustafa Kemal Atatürk, donc sans rapport avec la Turquie d'aujourd'hui. C'est ainsi que cette histoire croisée entre une Arménienne d'aujourd'hui et une une fille d'Istanbul du même âge ne peut se faire sans référence aux événements de 1915.

Aux USA une fille du Kentucky, Rose, épouse un Arménien dont elle a une fille, Armanoush Tchakhmakhchian. Mais l'entente avec la belle famille est impossible, ils divorcent et Rose se remarie à un Turc Mustafa.
A Istanbul, Zeliha est enceinte sans vouloir révéler le nom du père, ainsi naîtra Asya Karanci.
Armanoush désire comprendre d'où elle vient et en cachette de sa mère prend l'avion pour aller vivre quelques jours dans la famille de son beau-père, qui ne comprend que des femmes assez fantasques, sur 4 générations vivant dans la même konak, les hommes perdant la vie très jeunes, ce qui entre autre, a fait fuir Mustafa.
Mais l'histoire des deux familles est enchevêtrée.
J'ignore si toutes les familles turques et arméniennes sont aussi attachées à la nourriture mais qu'est ce qu'on cuisine et qu'on déguste dans ce roman. Il y a aussi au fil des pages des références de romans données par Armanoush qui lit beaucoup.

Je pense que je lirai d'autres Shafak. Je suis assez tentée par Soufi mon amour mais j'ai déjà une telle PAL !

Challenge ABC




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Un beau livre courageux...
Quel courage de la part d'Elif Shafak d'aborder de manière aussi fine et franche tout à la fois l'histoire contemporaine de la Turquie et en particulier le génocide arménien.
Deux familles se rencontrent et cela donne lieu à un retour littéraire dans le passé, à une évocation gourmande (on parle beaucoup de nourriture) et fine de la Turquie contemporaine (le livre date toutefois de 2006).
Littérairement c'est original : des chapitres relativement traditionnels alternent avec des passages plus originaux, parfois oniriques. Les portraits de femmes sont sidérants, mais comme on se penche sur la biographie de l'autrice on comprend mieux.
Famille, génocide, nourriture, politique, amitié...J'ai trouvé que l'on avait là un livre riche et fort, d'une singulière originalité.
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Amy et Asia. L'une est d'origine arménienne, l'autre est turque. L'une vit avec les douleurs du passé, l'autre l'a effacé de sa vie. Venues de peuples ennemis, de caractères différents, rien ne semble relier ces deux jeunes filles, sinon pour chacune une famille envahissante. Pourtant lorsqu'Amy (Armanoush, en réalité) décide de quitter sa Californie pour venir visiter Istanbul et découvrir ses origines arméniennes, elle n'imagine pas à quel point elle va bouleverser la famille de son beau-père, celle d'Asia (et la sienne par le même occasion).
Ce roman d'Elif Shafak fit scandale auprès des autorités turques à sa sortie puisque l'autrice y évoque ouvertement le génocide arménien. Mais on ne peut réduire ce livre à ce côté sulfureux.
Roman initiatique de deux jeunes filles d'aujourd'hui, deux jeunes filles marquées par leurs origines (celle mystérieuse d'Asia, l'exode de la famille d'Amy), "La bâtarde d'Istanbul" est avant tout une grande fresque familiale, racontant à la fois le passé d'un pays mais aussi la Turquie d'aujourd'hui (en tout cas celle du début du XXe). Avec une mention spéciale pour la famille exclusivement féminine d'Asia, ses tantes si particulières et si différentes mais au profils plus complexes qu'il n'y parait au premier abord.
Raconté avec beaucoup d'humour et de sensualité, ce roman n'oublie pas d'évoquer les cuisines turques et arméniennes aux noms de recettes différentes et pourtant si proches, à l'image des deux peuples ennemis.
"La bâtarde d'Istanbul" est une réussite totale, à la fois intime et universelle, drôle et émouvante, riche de nombreuses thématiques et de personnages emblématiques.
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Triste et heureux.
Amusant et sérieux.
Sucré et amer.
Personnel et universel.
Léger et pesant.

Ce magnifique roman tient son excellence de ses contradictions qui en font un tout cohérent, immensément riche et très subtil.

Une très belle écriture qui nous envie de venir partager un repas avec ces femmes qui, si elles sont très différentes, ont toutes un très beau point commun : elles sont extraordinairement attachantes.
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Il y a les Kazanci à Istanbul et les Tchakhmakhchian à San Francisco.
La première famille est turque musulmane, la seconde est arménienne chrétienne.

Un lourd passé historique sépare ces deux familles, mais un terrible passé familial les rapproche.

Asya, la dernière née de la famille Kazanci, la Bâtarde, est l'héritière de ces histoires, mais naître sans père atrophie une partie de son héritage familial.

Armanouch, petite dernière de la famille Tchakhmakhchian, mais dont la mère est un pur produit américain, est partagée entre sa double culture et la douleur que porte sa famille arménienne.

Les deux jeunes filles, bien malgré elles, entourées des tantes loufoques d'Asya, vont apprendre les secrets familiaux dont on les a toujours exclues.

L'écriture est corsée et sarcastique.
Les personnages sont piquants et attachants.
L'histoire est romanesque et bien ficelée.
S'ajoute à cela l'odeur, le bruit d'Istanbul, les plats traditionnels, la part historique du génocide arménien relié à l'actuelle jeunesse par tant de non-dits…
Tout un ensemble d'ingrédients qui font de ce roman une petite merveille et un énorme coup de coeur.

C'est mon deuxième roman turc avec Madame Hayat d'Hamet Altan, et je ne compte pas m'arrêter là.
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Les Kazanci sont turcs. Chez eux, les hommes meurent jeunes et c'est les femmes qui tiennent et portent la famille au grand dam de Asya qui se sent étouffée. A Istanbul, elle cherche alors un exutoire à ces pressions et aux questions identitaires qui l'assaillent autour de son père dont elle ignore tout.

les Tchakhmakhchian, eux, sont arméniens, émigrés aux Etats-Unis. Chez eux, on est attaché aux traditions et aux origines arméniennes qui les unissent. Armanoush, plus communément appelé Amy par sa mère est née d'un mariage mixte et cherche à retrouver l'histoire et les racines de ses ancêtres qui ont fui les massacres. Elle profite du fait que son beau-père, Mustafa Kazanci soit turc pour gagner Istanbul en secret et se faire héberger dans sa bouillonnante famille.

Au-delà des a priori que chacune peut avoir sur l'autre, Asya et Amy apprennent à se connaitre et à s'apprécier. Une amitié qui va venir exhumer de lourds secrets.

Dans une écriture qui allie l'humour sarcastique et la beauté des mots, le récit se construit autour de la quête d'identité : la sienne et celle de nos ascendants.

Oscillant entre drame et comédie, passé et présent, le récit dresse le portrait d'un pays saisissant de contrastes et de nuances.



L'auteure parvient à aborder avec beaucoup de finesse les problématiques entre Turcs et Arméniens, les préjugés de chacun et tente une réunification autour des sens.

La gastronomie est ici sublimée par les innombrables saveurs et senteurs décrites et les sons des marchands ambulants résonnent dans nos oreilles dans un beau voyage.

Une belle lecture même si j'ai eu une petite (vraiment petite) pointe de déception quant au récit que j'imaginais beaucoup plus émouvant (mais ça, c'est moi…).

Je vais tout de même tenter la lecture de Soufi, mon amour qui a propulsé l'auteure.
Lien : https://www.instagram.com/ne..
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J'ai trouvé ce livre en partie intéressant.
J'ai eu du mal à y entrer au début de l'histoire.
La première partie est ennuyeuse.
Puis, la seconde moitié est devenue beaucoup plus intéressante.
Il s'agit en faites, d'un roman sur l'histoire de 4 générations de femmes turcs vivant sous le même toit à Istanbul.

Asya,19 ans, grandit dans un milieu féminin car elle est née de père inconnue dit la bâtarde.
Asya vit avec sa mère, ses 2 tantes, sa grand-mère et son arrière-grand-mère.

La seconde moitié vient avec Armanoush dit "Amy", 19 ans, dans leur maison venue en secret de sa famille pour comprendre ses origines. Il s'agit de la belle-fille de Mustapha, le seul frère de cette famille. Il vit en Amérique avec la mère d'Amy.
Asya se lie d'amitié avec elle, d'origine arméno-américaine.
On y découvre des secrets de ce pays, ceux de cette famille, ainsi que le génocide arménien.
On ressent une guerre entre les turcs et les arméniens depuis de nombreuses années.

Ce livre se lit bien. Mais, j'enguisai de le terminer. A un moment donner, je me suis même perdue dans l'histoire. En effet, un chapitre, l'autrice parlait des faits actuels et le suivant, elle racontait le passé.
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Un mélange d'histoire de familles et de grande Histoire. Un regard croisé de frères ennemis arméniens et turcs.
Armanoush et Asya sont deux jeunes adultes aux vies bien différentes, mais pour chacune d'elle la famille et le passé joue un rôle important dans ce qu'elles sont. Et leur rencontre va faire remonter bien des secrets.
Un livre de femmes, même si les hommes, de par leur absence, jouent un rôle important dans cette histoire.
Un début assez lent et laborieux pour moi, mais je suis contente d'avoir continué car la deuxième partie m'a vraiment plu.
Petit avertissement, c'est un livre qui donne l'eau à la bouche tant la cuisine orientale est omniprésente :-) .
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La bâtarde d'Istanbul d'Elif Shafak n'est peut-être pas un roman historique au sens strict, mais le livre aborde bel et bien un épisode douloureux de l'histoire de la Turquie moderne : le massacre et la déportation de la grande majorité de la communauté arménienne de Turquie en 1915, une tragédie qualifiée par plusieurs pays de génocide, bien que la Turquie refuse ce terme.

Sans tomber dans le débat historique ou idéologique, Elif Shafak choisit d'aborder le sujet à travers la fiction et le destin individuel d'un petit nombre d'individus au sein des deux communautés. Asya Kazanci est une jeune Turque élevée à Istanbul par sa mère célibataire, ses trois tantes, sa grand-mère et son arrière-grand-mère. Souffrant de ne pas connaître l'identité de son père, elle développe une attitude nihiliste et rebelle. Sa rencontre avec Armanoush (américanisé en « Amy »), une jeune arménienne-américaine à la recherche des traces du passé de sa famille à Istanbul, va donner lieu à une amitié inattendue.

Les deux jeunes femmes ont du mal à développer leur propre identité alors qu'elles ont grandi avec des adultes hantés par le passé. Malgré le ressassement permanent des souvenirs, ce passé familial comprend de nombreuses zones d'ombre et des tabous qui les empêchent de s'épanouir.

J'ai aimé :
• La relation entre les deux jeunes femmes, Asya et Armanoush, et la réflexion que leurs deux expériences génèrent sur le poids du passé d'une famille dans l'identité individuelle.
• le regard à la fois tendre et moqueur que la narratrice pose sur les tantes d'Asya, des femmes hautes en couleur.
• La façon dont l'autrice confronte les points de vue des jeunes Arméniens et des Turcs du XXIe siècle par rapport à la tragédie de 1915 sans prendre parti de manière trop appuyée pour une communauté. Elle souligne notamment la subjectivité des expériences (par exemple, page 275 : "Les Arméniens de la diaspora n'ont pas d'amis turcs. Leurs seuls liens avec la Turquie sont les histoires que leur ont racontées leurs grands-parents. Des histoires terriblement douloureuses.")

J'ai moins aimé :
• le démarrage un peu lent. L'action ne commence vraiment qu'à la page 140 avec la décision d'Armanoush d'aller en Turquie à la recherche des traces laissées par sa famille avant l'exil.
• Les passages teintés du surnaturel, à travers les visions communiquées par les djinns de tante Banu. Peut-être l'autrice a-t-elle choisi ce procédé pour aborder des sujets difficiles avec plus de distance ?
Lien : https://histfict.fr/la-batar..
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