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sur 987 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Deux familles (une arménienne et une turque), deux destins croisés, deux jeunes filles qui cherchent leur identité propre sous le poids des traditions, du passé et des blessures...

Un beau roman agréable et rapide à lire qui aborde sans tabou le thème du génocide arménien et développe les (res)sentiments des héritiers des deux partis en cause : les Turcs et les Arméniens.
Bien que très facile à lire (sa belle écriture en fait un très bon loukoum livresque dont on se régale), ce livre s'attarde sur des sujets difficiles, qui hantent depuis plus d'un siècle les Arméniens de souche. Sous couvert de l'histoire de deux familles, des questions se soulèvent, des interprétations se donnent, des points de vue s'affrontent. Il est extrêmement intéressant de voir combien une population peut être manipulée grâce à la censure : dans le roman, beaucoup de jeunes Turcs ignorent ce qui s'est passé ou n'en connaissent qu'une fraction, voire une interprétation validée par le gouvernement (c'est d'ailleurs très loin d'être le seul pays où la pratique est courante).
Ce roman pose la question de l'identité intergénérationnelle, du poids du passé sur les dernières générations. Il impose des réflexions personnelles via les dialogues qu'entretiennent certains personnages (surtout lors des échanges virtuels). Qui est responsable d'une tragédie, d'un massacre ? Les enfants d'enfants de criminels sont-ils aussi coupables et responsables que leurs aînés ? Qui doit payer, s'excuser ? Et à l'inverse, les enfants d'enfants de victimes doivent-ils pour autant chercher réparation pour leurs ancêtres, se sentir victimes eux-mêmes, haïr autrui pour une question de nationalité, d'honneur, de respect, de passé ? L'Histoire, qu'elle soit sanglante ou lumineuse, doit-elle être le seul point commun qui réunit ou désunit ad vitam aeternam deux nations ? Si chacun peut répondre comme bon lui semble à ces questions, l'auteur montre toutefois que deux nations qui se veulent opposées peuvent quand même se réunir dans une amitié ; et que sans oublier le passé, on peut choisir d'avancer pour tisser des liens par-dessus les plaies.
Ce roman est aussi très fort grâce à ses portraits de femmes puissants et bien tranchés. Il montre une société clairement matriarcale et insiste sur la position supérieure des femmes dans la famille. Ces femmes qui façonnent le monde, l'avenir, le devenir des hommes, qui savent juger justement ou qui font le choix de l'indépendance dans des sociétés pourtant connues pour être patriarcales...
On aime finalement ce cocktail de vies, de sentiments, de secrets, de questions existentielles et philosophiques. Ainsi que cette fin extraordinaire qui montre encore une fois tout le pouvoir des femmes, de toutes ces femmes qui peuvent très bien (et mieux) vivre sans ces hommes qui croient avoir mérité le titre de "sexe fort".
Une belle découverte à faire tourner !
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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e l'ai emprunté à la bibliothèque parce que la veille un ami m'avait donné rendez-vous à Istanbul. Je n'ai pas regretté car j'y ai appris beaucoup de choses sur les stambouliotes ainsi que sur les arméniens. Et il m'a aussi permis de voir qu'ils avaient de nombreux points communs d'où l'absurdité des guerres. J'y ai trouvé une ressemblance avec de nombreux pays du bassin méditerranéen notamment pour la cuisine. Un bon livre qui m'a donné envie d'en savoir plus.
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Tres beau roman qui se laisse lire avec beaucoup de facilite.
Une famille turque et une famille armenienne se retrouvent a travers leur passe commun et leur avenir commun,que le destin a reuni pour le meilleur et pour le pire.
Seul bemol,pour moi,la fin de l'histoire qui s'arrete comme ca;j'aurais aime un peu plus
A lire
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Découverte au cours de la lecture d un article sur cette autrice au parcours étonnant, mon choix s est dirigé vers cette chronique familiale qui touche les relations historiques entre les rêveurs arméniens qui demandent justice et la reconnaissance du génocide de leur peuple, et les turcs amnésiques souvent involontaires de ce lourd passé. Commençons par les personnages nombreux et attachants :la famille Kazanci turque organisée autour du clan de femmes bien campees dans leur portrait écrit avec humour et une pointe d acidité (tantes Cevriye,Banu,Feride, la mère Gulsum et la grand-mère Petite-Ma); Zeliha la dernière fille casse la normalité de cette famille liée aux rites traditionnels soit culturels que religieux. Fille mère à 19 ans, pleine de colère, confie sa fille à son clan Asya, tout en restant présente en marge pour son éducation. Un lourd secret pèse sur cette naissance.
Pourquoi n y a-t-il pas de présence masculine vous demanderez-vous? Je ne peux que citer :"génération après génération, obéissant à une mystérieuse loi de la nature, les hommes de la famille Kazanci étaient morts à la fleur de l âge. "Sauf Mustapha, fils unique partit vivre en Arizona, censé le préserver de la malédiction familiale.
Au milieu on trouve Rose, la typique américaine qui mariée un temps à Barsam, appartenant à une gigantesque famille arménienne, dont elle s est sentie toujours exclue. Après quasi deux ans de mariage, il ne lui restait qu'une profonde rancune et un bébé : Armanoush.
Rose rencontre Mustapha et ils se marient.
Les liens indirects entre les deux familles se nouent et se tendent à travers le fil conducteur d Armanoush qui décide de venir à Istanbul pour connaître la famille turque de son beau-père à l insu de tous.
Asya et Armanoush qui sont du même âge vont peu à peu partager leurs différences culturelles et un lien d amitié se créera.
Le lourd poids des secrets des deux familles se révéleront grâce à la jeunesse qui n a pas de passé mais un futur à construire.
Au centre il y a Istanbul avec toutes ses contradictions, entre l Est et l Ouest, les personnages du Café Kundera, nous relatent leurs dilemmes, coincés entre le passé et le futur.
Très beau roman qui se lit avec plaisir, à ne surtout pas manquer.

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Un beau livre courageux...
Quel courage de la part d'Elif Shafak d'aborder de manière aussi fine et franche tout à la fois l'histoire contemporaine de la Turquie et en particulier le génocide arménien.
Deux familles se rencontrent et cela donne lieu à un retour littéraire dans le passé, à une évocation gourmande (on parle beaucoup de nourriture) et fine de la Turquie contemporaine (le livre date toutefois de 2006).
Littérairement c'est original : des chapitres relativement traditionnels alternent avec des passages plus originaux, parfois oniriques. Les portraits de femmes sont sidérants, mais comme on se penche sur la biographie de l'autrice on comprend mieux.
Famille, génocide, nourriture, politique, amitié...J'ai trouvé que l'on avait là un livre riche et fort, d'une singulière originalité.
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Ce grand roman met en scène une famille turque, les Kazanci. Vivant à Istanbul, elle est composée de quatre générations de femmes. La plus jeune des femmes, Asya - c'est elle, la bâtarde né de père inconnu - désigne tous les membres de la génération au-dessus d'elle par l'appellation "tante", y compris sa mère Zeliha. Chacune des femmes a son propre caractère; seule Zeliha se comporte vraiment en femme "libérée". Aucun homme n'habite à la maison. Il y a bien un frère, nommé Mostafa, mais il est parti aux Etats-Unis et a rompu les ponts avec sa famille d'origine. L'épouse américaine (Rose) de Mostafa a eu de son premier mari (d'origine arménienne) une fille, Armanoush (ou Amy) qui vit aussi avec son beau-père.
La première partie du roman montre longuement ce qu'est la vie d'Amy et celle d'Asya, qui évoluent dans des milieux très différents. Dans la seconde partie, l'auteur finit par mettre en présence les deux jeunes filles. En effet, Amy a décidé de partir (sans la permission parentale !) à Istanbul, pour faire connaissance avec la famille de Mostafa. Ainsi, Amy découvre une famille unie et très vivante, une culture riche et vivace (ah, les délices de la cuisine turque !), une société disparate mais pleine d'énergie, une mégalopole fascinante. Il y a quand même la question brûlante du génocide arménien de 1915 (nié par tous les gouvernements turcs): Amy aborde ce sujet devant les "tantes", qui se déclarent désolées mais ne se sentent pas responsables des atrocités.
Toutefois, le stratagème d'Amy pour accomplir son séjour incognito est finalement découvert par sa mère Rose, aux USA. Celle-ci prend le premier avion pour Istanbul, en contraignant Mostafa à l'accompagner. Cette péripétie aura une conséquence tragique, qu'il serait malséant de révéler dans ce commentaire.
Les personnages sont tous très particuliers, attachants, empreints d'authenticité. le lecteur a un vrai plaisir à voir évoluer les deux jeunes filles Amy et Asya, mais aussi Zeliha (qui a un fort caractère) et des personnages secondaires. Toutes les atmosphères sont bien rendues, surtout à Istanbul. Elif Shafak décrit avec justesse et tendresse les petits détails de la vie, qui la rendent alternativement drôle ou triste. Tout le livre est un hymne à l'art de vivre en Turquie; c'est aussi un plaidoyer pour la coexistence pacifique de communautés différentes; c'est cette coexistence qui faisait la richesse de l'Empire Ottoman, autrefois. A mon sens, l'auteur a accordé au génocide des Arméniens sa juste place: ni trop, ni pas assez. Ceci dit, j'avouerai quand même que la seconde moitié du roman est la plus intéressante; sans la plume très nerveuse d'Elif Shafak, la première partie pourrait paraitre un peu fastidieuse. Dans l'ensemble, ce livre me semble remarquable par son sujet, par son intrigue, par ses personnages et par son style. A lire !
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Persuadée que je n'avais pas lu ce livre (attaque précoce d'Alzheimer ?) je me suis lancée dans sa (re)lecture. O divine surprise ! Retrouvant (avec plus de maturité peut-être) un livre que j'avais beaucoup aimé, je me suis replongée avec bonheur, un petit sourire en coin, dans cette belle et terrible histoire de familles arménienne et turque dont les destins se croisent, pour le meilleur plutôt que pour le pire. le charme, l'humour, la sagesse, la profondeur et la très belle écriture de Shafak ont fait merveille, ainsi que sa tendresse pour ses personnages, à laquelle on ne peut qu'entièrement adhérer. A relire lorsque on se prend à penser que des communautés différentes ne pourront jamais vivre ensemble en paix, surtout lorsqu'un passé douloureux rend difficile le devoir de mémoire et la réconciliation, alors même que chacun voudrait vivre en paix avec ses voisins.
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Me préparant à voyager pour la première fois en Turquie, et désirant explorer la littérature nationale, mes recherches m'ont rapidement guidées vers les ouvrages d'Elif Shafak et d'Othman Pamuk. J'ai débuté ma visite en parcourant La bâtarde d'Istanbul : j'ai tout simplement ADORE ce livre qui m'a fait découvrir et donné envie d'approfondir mes connaissances de la culture turque.
Finesse et intelligence. Voici, à mon sens, les adjectifs qui caractérisent ce roman ayant pour objet la famille Kazanci, composée quasi exclusivement de femmes : Petite-Ma, sa fille Gülsum, ses quatre petites filles Banu, Cerviye, Feride et Zeliah, son petit fils Mustafa et son arrière petite-fille Asya (fille de Zeliah).
Chaque personnage est haut en couleur, attachant, doté d'un tempérament singulier, ce qui permet d'effleurer les sujets qui traversent la société turque contemporaine : religion, patriarcat, place de la femme, nationalisme ou encore la douloureuse mémoire du génocide arménien.
Tous les secrets enfouis et toutes les fractures affleurantes refont surface grâce à l'amitié touchante qui lie progressivement Armanoush Tchakhmakchian, brillante étudiante américaine d'origine arménienne et dont le beau père est le turque Mustafa Kazancie, et Asya Kazanci, fille rebelle de Zelhia Kazanci qui remet en question l'histoire et la société turque.
Malgré la sensibilité de toutes ces thématiques contemporaines, Elif Shafak parvient à les traiter de manière intelligente et relativement légère, nous pousse à réfléchir et nous donne une furieuse envie de se plonger dans l'histoire et dans la culture turque, de flâner dans les ruelles d'Istanbul, d'étudier cette Nation si riche et complexe.
En bref, foncez sur ce livre sans hésitation !
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Quelle belle découverte que ce livre épicé, riche et nourri ! Il mêle la petite histoire (celle de 4 personnages principaux, et 4 générations), à la grande (le génocide arménien). Il prend de la hauteur en confrontant les points de vues turcs et arméniens sur la question du génocide. Il montre que par delà les divergences, les oppositions culturelles, les liens entre les êtres humains font que nous sommes plus proches que nous le croyons les uns des autres. Parfois, on scie sans le savoir la branche sur laquelle on est assis. Un livre enivrant à déguster.
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Turquie, Arménie, Etats-Unis... Toutes ces cultures se mêlent et s'entrechoquent au rythme des pistaches, amandes, pois-chiches et autres cannelle et vanille.
Elif Shafak nous entraîne avec elle à la découverte de ses origines tantôt heureuses, tantôt douloureuses, mais toujours émouvantes, parfumées, colorées et drôles. Elle titille avec grâce nos émotions
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