Pour ce qui est de la troisième; il doit reconnaître et accepter patiemment le fait que son propre esprit et sa personnalité sont aussi des constructions de l'esprit, qu'ils sont vides de substance, non-nés et sans existence propre. Avec ces trois choses clairement à l'esprit, le Bodhisattva pourra pénétrer dans la vérité de l'absence d'image. Pour ce qui est de la quatrième, il doit avoir une vraie conception de ce qui constitue l'auto-réalisation de la Noble Sagesse. Premièrement, il n'est pas comparable aux perceptions atteintes par les mentations sensorielles, et pas non plus comparable à la cognition de l'esprit discriminant et intellectuel. Les deux présupposent une différence entre soi et non-soi et la connaissance ainsi atteinte est caractérisée par l'individualité et la généralité. L'auto-réalisation se fonde sur l'identité et l'unité; il n'y a rien à discriminer ni à prédiquer à son sujet. Mais pour entrer dedans, le Bodhisattva doit être libre de tous présupposés et attachements aux choses, aux idées et au soi.
Le Béni du Ciel répondit: Il y a quatre choses par l'accomplissement desquelles le disciple sincère peut atteindre la Réalisation de Soi et la Noble Sagesse, et devenir un Bodhisattva-Mahasattva: d'abord; il doit avoir une compréhension claire de ce que toutes choses ne sont que des manifestations de l'esprit lui-même; ensuite, il doit abandonner la notion de naissance, de demeure et de disparition; troisièmement, il doit clairement comprendre le sans-existence-propre autant des choses que des personnes; et quatrièmement, il doit avoir une vraie conception de ce qui constitue l'auto-réalisation de la Noble Sagesse. Pourvu de ces quatre entendements, les disciples sincères peuvent devenir des Bodhisattvas et accéder à l'Intelligence transcendantale.
Pour ce qui est de la première : il doit reconnaître et être pleinement convaincu de ce que ce triple monde n'est autre qu'une complexe manifestation de nos activités mentales; qu'il est dépourvu d'une existence propre et de ses propriétés. Qu'il n'y a ni efforts, ni allées, ni venues. Il doit reconnaître et accepter le fait que ce triple monde est manifesté et n'est imaginé comme étant réel que sous l'influence de l'énergie d'habitude accumulée depuis des temps immémoriaux, à cause de la mémoire, des fausses imaginations, des faux raisonnements et des attachements aux multiplicités d'objets et de réactions, en proche relation et en conformité aux idées de corps-propriété-et-demeure.
Lankâ désigne Ceylan, ou Sri Lanka, et plus exactement ici, une citadelle perchée au sommet d’un mont tout en pierreries qui jaillit au milieu de la mer. C'est un sanctuaire aussi étrange qu’inaccessible, peuplé de monstres polycéphales, les yakshas. « Étrange » comme l’inconcevable – claire lumière de la nature de l’esprit qui semble prisonnière des passions douloureuses – et « inaccessible » comme l’inconditionné – qui n’a ni commencement ni milieu ni fin –, c’est une image de l’Éveil des bouddhas, et y «entrer» signifie accéder au cœur même du réel. D’où l’importance d'« entrer à Lankâ ».
Pour la seconde chose; il doit reconnaître et être convaincu que toutes choses doivent être vues en tant que formes vues dans une vision et dans un rêve, vides de substance, non-nées et sans nature propre, que toutes choses n'existent qu'en raison d'un réseau compliqué de causalité qui doit son apparition à la discrimination et à l'attachement et qui finit par l'apparition du système mental ainsi que ses possessions et évolutions.