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Porcherie tome 1 sur 4
4.17/5   3 notes
Résumé :
Recueils de nouvelles, Les Crocs Electriques, 2017
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique

Vous avez une petite baisse de moral ? le genre humain vous désespère un peu plus chaque jour ?  Vous avez besoin de positiver ?
Ne lisez pas Porcherie.

Christophe Siébert nous propose ici un recueil de huit nouvelles courtes ( entre deux et six pages par texte soit un peu plus de trente pages de lecture ), le premier d'une série de cinq. Ils seront progressivement publiés aux éditions des crocs électriques. Illustré d'une couverture en papier calque ( peinture signée Anne van der Linden ), disponible à un prix modique, ça peut être l'occasion de découvrir le style unique d'un auteur qui en quelques lignes seulement parvient encore une fois à bousculer, déranger et faire réfléchir. D'autant plus que la majorité des textes ici présentés, qu'ils soient inédits ou édités dans des revues désormais épuisées pour la plupart, présentent différents niveaux de lecture. Et comme elles sont courtes, les relire pour profiter de leurs subtilités n'a rien de contraignant.

Si les histoires qui nous sont ici relatées sont davantage des morceaux de vie ( plutôt de fin de vie parfois ) laissant en partie libre cours à l'imagination, s'il est très souvent question de la famille et de l'amour qui relie ses membres ( pas toujours de façon inconditionnelle ), je les ai classées en binômes thématiques.

Dans le genre horreur, on retrouve "La vieille", initialement parue dans le recueil Dimension trash. L'histoire commence avec la mort d'une dame âgée, dont le corps sera retrouvé une quinzaine de jours plus tard, l'odeur ayant fini par alerter les voisins. La force de ce texte étant que si pas grand chose ne nous est épargné concernant la lente décomposition d'Aline Gougier, les passages putrides alternent avec les souvenirs de cette femme qui s'effacent à rebours, au fur et à mesure que son corps se dégrade. Cette nouvelle, c'est donc à la fois un alzheimer post-mortem, une réflexion sur les personnes seules dont la mort peut trop longtemps passer inaperçue et un cauchemar éveillé : le corps qui se désagrège et les pensées qui persistent dans la plus macabre des prisons de chair.
"Compassion" est une histoire choquante également, dont la dernière scène me hantera longtemps. Jean-Paul montre à son fils d'un an et demi comment se raser, à l'ancienne, avec un coupe-chou et un blaireau. Ce professeur de SVT de collège aime sans commune mesure tout ce qui est imberbe. Les poils le répugnent d'où cette passion ( obsession ? ) pour le rasage. D'où d'autres inclinations plus inavouables pour de trop jeunes filles qui vient à être révélée à tout son entourage professionnel et familial. Seule la fin nous plonge dans un bain de sang. le malaise est là en revanche tout au long de l'histoire, latent. le lecteur manque d'informations. Jean-Paul est il si profondément déviant ? A chacun de se faire son idée sur le crime ... et le châtiment.
 
Déjà présent dans La place du mort et Nuit noire, l'inceste est également un sujet que je ne suis pas surpris de retrouver en lisant les deux dernières nouvelles du recueil.
"Tête morte" est une conclusion forte au livre puisqu'il s'agit d'une forme de légitimation d'un acte sexuel interdit. Mais à partir de quand une relation est-elle incestueuse ? Quand Oedipe couche avec sa mère dans la mythologie, il ne sait pas qu'il s'agit d'elle alors doit on réellement considérer l'acte comme une faute ? Ici on est dans le même genre de doute.  Quand l'amour et la maladie s'en mêlent, les frontières du bien et du mal d'une morale bien pensante sont beaucoup plus floues. M'obliger à raisonner autrement m'a sorti de mon confort habituel de lecture et  quelques pages ont suffi. Ce qui est dérangeant.
Je suis plus partagé quant à la nouvelle "Ma soeur", plus crue, et pourtant non dénuée de poésie dans la forme ( quasiment aucune majuscule ou aucune ponctuation ). L'histoire d'un frère obsédé par sa frangine, par la fellation qu'elle pourrait lui faire. Les questions des frontières entre bien et du mal sont à nouveau posées, mais ici le lecteur sait les situer. A l'inverse du narrateur. Et c'est ce qui trouble cette fois. Ce petit obsédé ne se rend il vraiment pas compte du mal qu'il fait pour un simple assouvissement égoïste ?
 
La famille, et notamment le mariage et les sentiments de deux êtres qui se sont dit oui pour la vie est au centre de deux autres histoires.
"Amour" commence par ces lignes :"Longtemps je me suis demandé si j'aimais ma femme. Longtemps je me suis demandé aussi ( quoique moins souvent ) si ma femme m'aimait. Je crois que la question ne m'intéresse plus. Je crois que la réponse est non dans les deux cas." La vision du couple est donc noire. Et à nouveau, une claque en seulement deux pages de réflexions poisseuses sur les sentiments, sur l'illusion et les désillusions d'une union, et la seule façon d'en réchapper.
Le narrateur de "la première fois que j'ai tué mon père" est un collégien de douze ans. Un enfant qui déteste sa mère ( "Elle est laide et idiote mais je m'en fous, ça fait longtemps de toute façon que je n'ai plus de sentiments pour elle, enfin à part du mépris et un peu de haine, mais la haine passe doucement." ) et ressent une certaine admiration pour son père les rares fois où ce dernier ose s'opposer à son épouse. Une histoire que chacun interprétera comme il voudra mais qui m'a fait réaliser que l'absence de sentiments pouvait tuer plus sûrement qu'une arme blanche.
 
Le livre contient également deux histoires d'obsessions.
"Les vignes" est le seul texte humoristique de Porcherie, mais bien sûr l'humour est grinçant, le rire est jaune. Il arrive un drôle de tour à Dédé.
"Toutes les nuits, depuis une semaine, il y a un couple qui baise dans mes vignes"
Mais bien sûr, personne ne le croit. Dédé est la risée de ses compagnons de beuverie, la police se moque également de lui. Devient-il fou ? Il n'arrive jamais à temps pour interrompre ces ébats champêtres. Des fantômes peuvent ils laisser des préservatifs usagés ? Je vous laisse le soin de le découvrir.
Enfin, "Pas envie" a aussi un côté décalé, absurde puisqu'un homme ressasse jusqu'à la nausée certaines pensées dans les toilettes.
"Il se dit : bon, faut y aller.
Il se dit : sois courageux, connard.
Il se dit : pour une fois, fais ce que tu as dit. Pour une fois sois un homme.
Il se dit : ils comptent sur toi.
Il se dit : j'ai pas envie, ho putain que j'ai pas envie."
Et à nouveau, en moins de deux pages, ma gorge s'est nouée aux dernières lignes. Une scène en apparence anodine et quotidienne, un homme pour le moins hésitant ... et le décalage avec la tragédie à venir est encore renforcé, et encourage à relire la courte nouvelle en se demandant comment on a pu ne rien voir venir.
 
Le seul défaut de ce recueil, c'est finalement d'être trop court, même si certains textes sont amenés à être lus plusieurs fois. J'ai livré mes ressentis ou interprétations de différentes histoires, mais chacun pourra se faire son propre avis en fonction de ses idées et de son vécu. Les histoires ont une fin mais pas toujours de début ou de contexte clairement défini, ce qui laisse libre cours à l'imagination de chacun de s'exprimer.
Christophe Siébert est principalement connu pour avoir rédigé Nuit noire, à ce jour pour moi le roman qui est allé le plus loin dans l'horreur. Il l'est aussi pour ses érotiques publiés chez la musardine. Cet auteur là, je l'ai certes un peu retrouvé au travers de Porcherie, mais mon horizon s'est beaucoup élargi et ce serait une erreur d'être aussi réducteur. Les inspirations de l'auteur sont beaucoup plus variées et qu'il évoque la mort, la parentalité, l'amour, les déviances ou la folie, ce sont autant d'uppercuts qui laissent pensifs ou créent un malaise.
Huit coups de poing parce que quelques lignes suffisent parfois à passer un message, communiquer une idée.
Et, probablement par masochisme, j'en redemande.
 
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C'est mon ami Antyryia qui a éveillé ma curiosité sur les écrits de Christophe Siébert, avec ses critiques de Nuit noire et de La place du mort.
Ce recueil de nouvelles, je l'ai appréhendé comme une sorte de mise en bouche, avant de passer à table véritablement.
Une façon de me rendre compte si un repas plus complet ne serait pas trop cru, trop épicé pour moi.
J'aime quand ça pique, ça ravigote et que ça remue bien les boyaux, mais il faut tout de même que ce soit un minimum comestible et que la sauce relevée apporte un vrai plus au plat.
Je savais que je m'attaquais à du lourd, à des écrits pour lecteurs avertis. A un style unique, en tout cas.

Ici, 8 courtes nouvelles, des instants de vie, abordants des thèmes qui dérangent, qui bousculent, qui triturent le cerveau, qui surtout nous obligent à nous interroger

"Amour", nous parle de relation de couple, de cet amour qui s'épuise, celui où il n'y a plus rien à dire, ni à espérer. de cette envie de fuir, de tout laisser tomber.
En quelques lignes, je suis resté scotchée…
Etait-ce la meilleure solution ?

"Compassion", cette nouvelle nous décrit une scène absolument horrifiante.
Lorsque obsession rime avec dérive et vous entraine à ce coup de folie.
Absolument cauchemardesque…

"La première fois que j'ai tué mon père" donne la parole à un adolescent de douze ans.
Il est question de l'amour porté à ses parents.
D'un quotidien autour de l'alcool.
Des explosions de la mère, de la passivité du père.
De repères, d'admiration, de haine ou plutôt d'hermétisme face à un certains comportements et de désillusion.
Une nouvelle qui me laisse encore avec plein de questions…

"Pas envie" m'a énormément plu et étonné dans sa construction.
Un homme, dans les toilettes, qui nous fait part de toutes ses pensées.
Qu'est-ce qui se cache derrière toutes ces futilités, ces réflexions en apparence anodines ?
Une fin au goût amer, sciante et absolument déconcertante, à donner la nausée…

"Les vignes" m'a amusée !
A coup de coude levé au comptoir et de préservatifs usagés au milieu des vignes.
Dédé, cet ivrogne, ne sait plus quoi inventer pour se rendre intéressant !
Un humour grinçant, noir, bien évidemment.
Comment des élucubrations peuvent virer au cynique.

"La vieille"
Une femme vient de mourir.
Va s'ensuivre sa longue décomposition…
Et en même temps, la perte progressive de sa mémoire.
Cette nouvelle m'a beaucoup marquée.
Cette lente succession d'épisodes de décomposition, couplée à celle d'oubli d'un ou plusieurs moment de vie, de souvenirs, donne une autre vision de la mort. de la vie après la mort.
Le retour progressif au néant.

"Ma soeur" m'a fait mal, très mal…
Un jeune homme qui banalise un acte absolument inimaginable, inqualifiable, impardonnable, sur sa propre soeur, pour assouvir son obsession.
C'est cru, terriblement ignoble et insupportable.
Le malaise et l'indignation sont omniprésents tout du long pour le lecteur.

"Tête morte" est sans doute la nouvelle la plus déconcertante.
Une mère vieillissante, perdant la tête car atteinte d'Alzheimer.
Un fils aimant, répondant aux envies délirantes de sa mère.
Troublante d'un bout à l'autre.
Un scénario dérangeant, qui suscite une multitude d'interrogations…
Parce que complétement immoral dans les faits et pourtant bienfaiteur, presque salvateur pour les protagonistes.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que ces nouvelles m'ont remuées ! Et qu'elles ne m'ont pas laissées indifférentes !
Des histoires qui permettent à chacun de se faire sa propre opinion et de s'interroger sur certains actes, événements de la vie.
Et surtout, elles m'ont mise en appétit pour découvrir Christophe Siébert, avec un de ses romans.
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Avez-vous déjà rêvé de réaliser vos fantasmes interdits ? Avez-vous déjà rêvé de braver l’interdit pur ? Avez-vous déjà rêvé de commettre vraiment l’irréparable ? Avez-vous déjà rêvé de faire des actes pervers ? Avez-vous déjà imaginé de faire ça dans un contexte horrifiant ? Je vous donne donc un aperçu, de ce qui est le recueil de nouvelles de «Porcherie», volume 1.

Je dédie alors ma critique à mon ami Anthyria, car c'est grâce à lui que je découvre cet auteur. Il capte ainsi ma curiosité grâce à sa critique et il me fait aussi découvrir le livre «Nuit noire», que je note dans mes livres également. Je le remercie beaucoup car il m'envoie par la poste ce recueil de nouvelles, en cadeau. Je dis aussi merci à l'auteur Christophe, qui me fait une belle dédicace. Je sais que je le lis que plus tard, mais je crois qu'on doit bien choisir le bon moment pour le lire.

Violence, Sang, Horreur

Un peu plus sur la quatrième de couverture :
C'est certain, quand je reçois mon livre, l'auteur sait me déstabiliser, est-ce que c'est bien le mot ? Quand tu l'as vois de près, c'est assez spécial. Qu'est-ce que le monstre peut avoir fait pour qui soit enchaîné sur une croix ? Pourquoi il est nu aussi car c'est assez explicite ? Et aussi, pourquoi alors son sexe est mit en avant plan ? Est-ce que c'est assez hors-norme, original et innovateur ?

Qu'est-ce que c'est au juste «Porcherie», volume 1 ?
En effet, l'auteur Christophe Siébert aborde des sujets tabous, des thèmes osés et des histoires très noires. Je cherche mes mots car c'est un univers très à part. Je crois qu'il faut le lire pour vraiment tout ressentir, ce que l'auteur veut nous faire vivre. Comment dire, comment trouver le bon mot pour vous le définir ? C'est très dérangeant, et c'est mieux d'avoir lu un peu ce genre, pour mieux apprécier ses nouvelles. Je peux juste constater l'audace de cet auteur, dans ce recueil plutôt provocateur. Et c'est à vos risques et périls, si vous entrez dans le repaire du monstre.

Le contenu alors :
C'est un petit recueil, il comprend 35 pages. À chaque nouvelle, le titre est mis en évidence, le texte est très bien soigné, et il est également bien aéré. L'auteur possède une écriture très claire, très imagée et très détaillée. On peut facilement se mettre à la place du personnage. On se laisse imprégner par l'atmosphère qui s'y dégage et on est immergé par toutes sortes d'émotions.
C'est vrai, que c'est assez particulier, c'est assez flippant et que ça te fait sortir de ta zone de confort. J'avertis le lecteur : on peut se sentir parfois comme un intrus, un voyeurisme et un immoral.

Et puis les nouvelles…
On trouve 8 textes, que l'auteur nous offre. Je remarque que du début jusqu'à la fin, le malaise augmente de plus en plus, jusqu'à ce que le lecteur le ressente dans ses triples. Il met en scène le pire côté de l'humain, il raconte tout haut, ce qu'à une exception près, les gens peuvent penser tout bas. Et pour ça, l'auteur Christophe Siébert met très bien en valeur sa plume et ses histoires révèlent exactement ça.

On y lit :
- «Amour» : Quand il n'y a plus d'amour, qu'est-ce qu'on fait ? Est-ce qu'on reste ou on fuit ? On ressent bien le désespoir et il réussit bien à nous déconcerter. C'est très saisissant, et ça peut être perturbant.

- «Compassion» : C'est assez épeurant, l'auteur met en scène l'angoisse, la peur au ventre et des frissons.

- «La première fois que j'ai tué mon père» : ***** C'est assez touchant, c'est un adolescent qui vit les disputes de ses parents, au quotidien. Et c'est assez bouleversant et en même temps, ça démontre ce qu'on peut faire, quand on dépasse nos limites.

- «Pas envie» : Il y choisit très bien les mots et on ressent vraiment l'intensité des émotions. J'aime bien le côté simple et ses mots de jeux, tout en respectant le thème de sa nouvelle.

- «Les vignes» : C'est un «Coup de coeur» car c'est bien écrit, j'aime l'histoire qui est bien dosée. On sent qu'il a un ton un peu sarcastique, drôle et espiègle. C'est là qu'on voit comment l'interprétation peut changer d'une personne à l'autre, selon le contexte. ***** J'adore le personnage, la mise en scène très réussie et qui me fait sourire. Je trouve qu'elle se démarque des autres par sa couleur, ses émotions et sa sensibilité.

- «La vieille»: C'est bien respecté le thème sur la vie et sur la mort. Il réussit très bien à nous faire ressentir la noirceur de cette nouvelle.

- «Ma soeur» : On y ressent toute l'horreur de la scène et on y voit toutes les émotions qui s'y dégagent.

- «Tête morte»: C'est une histoire assez malsaine et on y voit ce que la dépendance et le pouvoir peuvent faire à long terme. Et qu'avec le temps, les rôles changent.

Et pour finir…
Je suis assez satisfaite de ses nouvelles sauf que je préviens : c'est pour un public avertit. Je garde une très belle impression de son talent d'écriture, de la qualité de ses textes et de ses mises en scène. Il respecte très bien ses thèmes et il procure au lecteur des sensations fortes. Je n'ai rien d'autre à rajouter, c'est au lecteur à se faire une idée par la suite.
Pour toutes ses raisons, je trouve qui nous offre des nouvelles pour tous les goûts, puis les couleurs et surtout il sait venir toucher une corde sensible chez toi. Et pour tout cela, vous avez réussi Christophe Siebert à nous sortir de notre zone de confort. C'est en plein cela, qu'un lecteur attend, en lisant ce genre de recueils.

Je remercie encore une fois Anthyria, car c'est une belle décou-
verte et je compte bien le relire également. Avez-vous peur d'être enchainé vous aussi comme le monstre ? Soyez sur vos gardes en le lisant car le lecteur n'y échappe pas. Pour plus de renseignements, je crois que vous pouvez contacter l'auteur sur sa page facebook ou Anthyria.

Siabelle

P.S : Vous pouvez aller voir la critique également d'Anthyria.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Il avait essayé de porter plainte, mais les flics s'étaient foutus de sa gueule. Il avait les préservatifs dans sa poche, rangés dans une enveloppe, comme preuve, mais n'avait pas osé les sortir. Pendant toute l'audition (ils avaient relu sa déposition, à voix haute, hilares.) il avait eu peur qu'ils coulent dans ses vêtements. Il avait signé le papier puis était rentré tête basse. Le lendemain au bistrot, on ne parlait que de ça. On avait évoqué toutes les hypothèses : des fantômes, des extraterrestres, des lutins; personne n'avait osé mentionner la plus vraisemblable : Dédé perdait la boule et voyait dans ses vignes foutues un couple qui n'existait que dans son crâne.
Il y pensait, lui, à cette possibilité. Qu'il soit devenu fou. C"était pas impossible, après tout. Avec toute la pression et les soucis.
À part les capotes et la terre un peu plus remuée là où ils baisaient, il n'y avait aucun indice sur leur passage. Pas de traces de pas, pas de traces de pneus, rien. Exactement comme s'ils apparaissaient là d'un coup et se volatilisaient une fois terminée leur affaire.

(Nouvelle : Les Vignes)
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On sonne à la porte, c'est les flics, merci les voisins. L'histoire est finie. Le lendemain quand mon père sort de cellule de dégrisement et revient à la maison je lis mon bouquin de monstres. J'ai peur qu'il rentre. Il s'excuse. Je suis déçu. Je trouvais que ça aurait été mieux s'il avait disparu à jamais ce jour-là. Mais la vie est moins docile que la fiction.
Des mois plus tard, je trouverai, coincée entre deux bouquins, une lettre d'humiliation que mon père explique quelle ordure il a été cette nuit-là et qu'il se trouve impardonnable, une lettre de merde, honteuse, qui dégoulinait de pathos. C'est ce jour-là, que j'ai cessé d'aimer mon père.

(Nouvelle : La première fois que j'ai tué mon père)
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Videos de Christophe Siébert (4) Voir plusAjouter une vidéo
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