Toute son enfance avait baigné dans la confiance et le bonheur. Un bonheur sauvage, libre, vécu dans l'immensité verte de la vallée et dans l'eau vivifiante de la Dordogne d'où il émergeait ébloui dans la beauté bleue des étés, comme ces plantes qui sortent brusquement de terre et s'épanouissent en un instant sous le soleil.
Le vent glissait sur la rivière puis s'en allait courir dans les prairies où il faisait chanter l'herbe neuve.
Il leur expliqua dans sa langue proche du patois du Quercy qu'il fallait monter encore avant de trouver la source au confluent de deux rus minuscules : la Dore et la Dogne.
Nous le savons, nous, les hommes, que nous ressemblons aux rivières, car ni elles ni nous ne pouvons retourner en arrière et remonter le temps
(Préface)
Ivre de vent, d'eau et de voyage, il s'était endormi comme ces enfants éblouis qui plongent dans le sommeil au milieu d'une phrase.