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Citations sur Le temps des changements (23)

— Mais comment pouvez-vous passer votre vie entière sans approcher de quelque chose de sacré ?
— La plupart du temps, on y arrive fort bien. La plupart du temps...
— Et le reste du temps ?
— C'est quand on ressent le choc de savoir qu'on est entièrement seul dans l'univers. Qu'on est nu sous les étoiles, avec leur éclat qui vous frappe la peau comme une brûlure, comme un feu glacé, sans rien pour vous en préserver, sans personne pour vous offrir un refuge, personne à qui adresser une prière, vous comprenez ? Le ciel est de glace et la terre est de glace, et l'homme aussi est de glace, et qui est là pour les réchauffer ? Personne !
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J'écris depuis dix minutes et j'ai le corps couvert de sueur, une sueur gluante et visqueuse qui n'est pas due à l'air torride qui m'entoure mais au combat mental que je livre. Je sais quel style je dois employer, mais les muscles de mon bras se révoltent et luttent contre moi pour m'obliger à exprimer les mots à l'ancienne mode, en disant par exemple : "on écrit depuis dix minutes et on a le corps couvert de sueur".
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Quand tout autre recours eut échoué, je demandais à l'hôtelier de m'envoyer une fille. Celle qu'il me dépêcha était une créature osseuse un peu plus âgée que moi, avec d'énormes seins pareils à des outres gonflées.
"Il paraît que tu es un prince de Salla", déclara-t-elle timidement en s'allongeant et en écartant les cuisses. Sans répondre je me couchai sur elle et la pénétrai.
Le volume de mon organe la fit crier de peur et de plaisir à la fois, et elle se mit à se trémousser si frénétiquement qu'en moins d'un instant je me répandis en elle. Furieux, je tournai contre elle ma colère, et je me retirai d'elle en criant : " Qui t'a dit de bouger ? Je ne t'avais pas demandé de le faire : je voulais choisir le moment ! " Elle sortit en courant de la chambre, encore nue, plus terrifiée, je pense, par mes obscénités que par ma fureur. Jamais auparavant je n'avais employé la première personne en présence d'une femme. Mais, après tout, ce n'était qu'une prostituée. Dans ma naïveté, j'avais peur que l'hôtelier ne me chasse pour avoir employé un langage aussi vulgaire, mais il s'abstint de tout commentaire. Même à Glin, il n'est pas nécessaire d'être poli envers les putains.
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Il y a une légende qu'on se raconte entre enfants à propos de la configuration de Velada Bortham. On dit que Hrungir le grand serpent des glaces, né dans les eaux de la mer Polaire du Nord, s'éveilla de son sommeil un jour avec un vif appétit et qu'il se mit à grignoter la côte nord de Velada Borthan. Il mangea ainsi pendant mille milliers d'années, jusqu'à ce qu'il eût avalé ce qui correspond aujourd'hui au golfe Polaire. Puis, rendu quelques peu malade par sa voracité, il sortit de l'eau et rampa sur la terre pour se reposer et digérer son repas. Ayant des lourdeurs à l'estomac, Hrungir se dirigea en rampant vers le sud, enfonçant le sol sous son poids et amenant par compensation les montagnes à se dresser à l'est et à l'ouest de son lieu de repos. Il s'arrêta plus longtemps qu'ailleurs dans les Basses Terres Arides, ce qui explique qu'à cet endroit la cuvette soit plus marquée. Puis, quand son appétit revint, il reprit sa reptation vers le sud pour se heurter enfin à une chaîne de montagnes lui barrant la route de l'est à l'ouest. Il mangea un morceau des montagnes, créant ainsi le col de Stroïn, et acheva son voyage vers la côte sud. En proie à une nouvelle poussée vorace, il engloutit l'emplacement du golfe de Sumar. Les eaux du détroit de Sumar s'engouffrèrent dans le vide ainsi créé, et la marée montante emporta Hrungir vers le continent de Sumara Borthan, où le serpent des glaces vit maintenant, enroulé sous le volcan Vashnir, par le cratère duquel il émet des fumées empoisonnées.
Ainsi le veut la légende.
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Je m'appelle Kinnal Darival, et je vais tout vous dire à mon sujet.
(incipit).
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- Ce tabou qui vous interdit de parler de soi, me demanda Schweie une autre fois, pouvez-vous me l'expliquer ?
- Vous voulez dire l'interdiction de prononcer je et moi ?
- Pas tellement ça mais plutôt l'ensemble du système de pensées qui vous fait nier qu'il existe des choses telles que le je et le moi, répondit-il. Cette nécessité où vous êtes de garder secrète en tout temps votre vie privée, sauf avec vos frères et vos sœurs par le lien et vos purgateurs. Cette coutume qui vous pousse à ériger autour de vous des murs si solides qu'ils affectent même votre grammaire.
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Mon père était septarque dans la province de Salla, sur notre côte orientale. Ma mère était la fille d'un septarque de Glin ; il l'avait rencontrée au cours d'une mission diplomatique, et leur union se décida, paraît-il, dès le premier regard. Leur premier enfant fut mon frère Stirron, aujourd'hui septarque à Salla à la place de notre père.
Je vins au monde deux ans plus tard ; puis, après moi, ce furent trois filles. Deux d'entre elles sont toujours en vie. Ma sœur cadette a été tuée par des assaillants venus de Glin il y a de cela vingt lunes.
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- Mais comment pouvez-vous passez votre vie entière sans approcher quelque chose de sacré?
- La plupart du temps, on y arrive fort bien. La plupart du temps...
- Et le reste du temps?
- C'est quand on ressent le choc de savoir qu'on est entièrement seul dans l'univers. Qu'on est nu sous les étoiles, avec leur éclat qui vous frappe la peau comme une brûlure, comme un feu glacé, sans rien pour vous en préserver, sans personne pour vous offrir un refuge, personne à qui adresser une prière, vous comprenez? Le ciel est de glace et la terre et de glace, et l'homme aussi est de glace, et qui est là pour les réchauffer? Personne ! On a acquis la conviction que nul être n’existe qui puisse donner le réconfort. On voudrait adhérer à un système de croyance, on voudrait se soumettre, se prosterner et s'agenouiller, être gouverné par la métaphysique, vous comprenez? Croire, avoir la foi. Et on ne le peut pas. Et c'est là que la terreur entre en jeu.
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Ainsi les chasseurs vont-ils au cœur des Basses Terres Arides, là où même en plein hiver le soleil est dévastateur, où il n'est pas d'arbres pour dispenser l'ombre ni de ruisseaux pour étancher la soif. Ils s'éparpillent, un homme ici, deux hommes là, se postant à découvert sur cette étendue désertique de sable rouge, s'offrant eux-mêmes comme appât à leur gibier. Le cornevole plane à des hauteurs inconcevables, si haut qu'il n'apparaît que comme un point sombre dans le dôme brillant du ciel ; il faut la plus grande acuité visuelle pour en détecter un, alors même que l'envergure du cornevole fait deux fois la taille d'un homme. De ce point élevé, il scrute le désert en quête d'animaux imprudents. Nulle créature, si petite soit-elle, n'échappe à sa vue, et, quand il a repéré une proie, il pique vers elle, puis brusquement, il freine sa chute, jusqu'à ce que, arrivé à une altitude raisonnable, il entame un vol circulaire autour de sa future victime, qui ne se méfie pas encore, en resserrant son nœud mortel. Les premiers cercles peuvent couvrir l'équivalent de la moitié d'une province, puis ils deviennent de plus en plus étroits, de plus en plus accélérés, jusqu'au moment final où le cornevole, transformé en un terrible engin de mort, jaillit de l'horizon en fonçant à une vitesse de cauchemar. La proie, désormais, sait ce qui l'attend, mais le temps de réagir ne lui est pas laissé : un lourd froissement d'ailes, le sifflement d'une forme musculeuse qui fend l'air mou, puis le long sabre qui pousse sur le front osseux du cornevole atteint sa cible, et la victime s'effondre, immédiatement enveloppée par les ailes noires qui se referment sur elle comme un linceul.
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Devant nous, en contrebas, il n'y avait que l'étendue rougeâtre du désert vers lequel nous descendions. Nous abandonnions l'hiver pour gagner un monde suffocant, où chaque inspiration picotait les poumons, où le vent sec soulevait en nuages la poussière du sol, où des bêtes aux formes étranges s'enfuyaient avec terreur à notre approche. Le sixième jour, nous parvînmes à l'entrée de notre terrain de chasse, un lieu d'escarpements déchiquetés, situé très au-dessous du niveau de la mer. A l'heure actuelle, je ne suis pas à plus d'une heure de marche de ce site. C'est là que nichent les cornevoles ; le jour durant, ils sillonnent les plaines calcinées, en quête de proies, et, au crépuscule, ils rentrent en décrivant d'étranges spirales à la verticale pour regagner leurs gîtes presque inaccessibles.
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