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Citations sur Le temps des changements (23)

En rêve, l'activité de l'esprit peut se situer à plusieurs niveaux. A l'un de ces niveaux, j'étais un observateur détaché qui flottait au clair de lune non loin du toit de ma hutte, en regardant d'en haut mon corps endormi. Et, à un autre niveau, j'étais celui qui dormait. Celui dont le corps dormait ne percevait pas la présence d'Halum, mais celui qui observait la voyait, et moi, le vrai rêveur, je les voyais tous les deux et je savais que tout cela provenait d'une vision. Mais, inévitablement, ces niveaux de réalité se mêlaient, et je n'étais plus sûr de distinguer qui rêvait et qui était rêvé, ni certain que cette Halum qui se tenait si éblouissante devant moi soit une créature née de mes fantasmes et non celle bien vivante que j'avais connue.
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Obscène ! Obscène ! Sur cette unique feuille, j’ai déjà utilisé le pronom « je » près d’une quinzaine de fois, me semble-t-il. Tout en lâchant au passage des mots tels que « mon », « ma », « me » ou « moi » plus souvent que je n’ai le souci de les compter. Un torrent d’impudeur. Je, je, je, je, je. Si j’exhibais ma virilité dans la Chapelle de Pierre de Manneran lors de la cérémonie du Jour des Noms, je ne commettrais pas un acte aussi abominable.
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Il y a une force […] qui communique à l’univers son ordre et sa forme. Cette force se manifeste de diverses manières, et pour nous la rendre plus familière nous considérons chacune de ses manifestations comme un « dieu » et nous dirigeons notre âme vers telle ou telle de ces manifestations selon notre besoin. Ceux d’entre nous qui sont ignorants acceptent au premier degré l’existence de ces dieux comme s’il s’agissait d’êtres pourvus de visages et de personnalité. Les autres se rendent compte que ce sont des métaphores symbolisant les aspects de la force divine, et non pas une tribu de puissants esprits habitant quelque part dans les cieux. Mais il n’est personne parmi nous pour nier l’existence de la force en elle-même.
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Manneran n’est pas une ville faite de pierre, comme le sont nos cités du Nord ; le matériau de construction est plutôt une sorte de plâtre artificiel, peint de couleurs pastel, ce qui donne à chaque mur et à chaque façade l’aspect d’un chant joyeux. L’éclat du jour était étincelant et les rayons du soleil qui enflammaient les rues m’obligeaient à m’abriter les yeux de la main. J’étais stupéfait devant la complexité de ces rues. Les architectes de Manneran utilisaient à profusion les ornements ; partout, ce ne sont que balcons de fer forgé ouvragés, volutes et arabesques fantastiques, chapiteaux somptueux, draperies éclatantes aux fenêtres : au regard d’un homme du Nord, une sorte de monstrueux kaléidoscope qui, seulement à la longue, s’ordonne en un spectacle où rivalisent la grâce, l’élégance et les proportions.
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Parler à l'excès de soi, pensaient nos ancêtres, mène inévitablement à l'auto-compassion, à la satisfaction égoïste des appétits et à la corruption ; nous sommes éduqués de manière à tout cacher de nous-mêmes et, pour que la coutume pèse sur nous d'un poids encore plus inexorable, nous ne sommes même pas autorisés à employer des mots tels que "je" et "moi" dans la conversation.
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Ces règles rigoureuses ne souffrent que deux exceptions : nous pouvons ouvrir librement notre cœur à nos purgateurs, qui sont des fonctionnaires religieux et de simples mercenaires, et nous avons le droit, dans certaines limites, de nous confier à notre frère et à notre sœur par le lien. Telles sont les règles qui ont été établies par la Convention.
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- On ne désirait pas critiquer votre mode de vie, reprit-il, on voulait au contraire en louer certains aspects tout en essayant d'en comprendre d'autres.
- Lesquels louer et lesquels comprendre ?
- Comprendre votre habitude de dresser des murs autour de vous. Louer la facilité avec laquelle vous accepté la présence divine. On vous envie pour ça. Comme on vous l'a dit, on n'a été élevé dans aucun système de croyance et on est incapable de se laisser submerger par la foi. On a la tête toujours pleine d'affreuses questions sceptiques.
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Je voyais au-delà des choses. Je voyais l’insatisfaction, la soif du divin, Schweitz seul sur une plaine lunaire, debout sur une roche noire sous un ciel pourpre, le bras levé, la main tendue sans rien pouvoir saisir. Rusé et opportuniste, oui, sans doute, mais aussi vulnérable, passionné, honnête, derrière ses rodomontades. Je ne pouvais pas juger Schweitz durement. Il était moi. J’étais lui. Les vagues du soi nous englobaient tous les deux. Si je rejetais Schweitz, je devais aussi rejeter Kinnal Darival. Mon âme était envahie d’un sentiment chaleureux à son égard.
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Quand nous fûmes isolés, je lui assurai qu'elle se trompait : je n'étais pas un prince, je n'étais qu'un simple bûcheron. Mais elle ne me crut pas. "Le seigneur Kinnal marchait dans la procession funéraire du septarque, me dit-elle, et celle que voici l'a contemplé de ses propres yeux. Et elle le reconnaît !"
J'avais beau protester, elle n'en était que plus convaincue. Il n'y avait aucun doute dans son esprit. Et même quand nous nous étreignîmes, elle était si affolée à l'idée de se donner au fils d'un septarque qu'elle demeura sèche et que je dus la forcer pour la pénétrer.
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Je passai peu de temps au camp du père de Noïm. Le général ressemblait peu à son fils ; c'était un homme massif aux traits accusés, dont le visage semblait rongé par le temps et les frustrations. Pas une fois en quinze ans il ne s'était produit le moindre engagement d'importance le long de la portion de frontière qu'il gardait. L'oisiveté, sans doute, avait enrobé son âme d'une chape de glace. Il parlait peu, terminait chaque phrase en bougonnant et ne tardait pas à s'abstraire de la conversation pour se retrancher dans ses rêves d'actions d'éclat face aux adversaires ancestraux de Glin.
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On se demande souvent pourquoi nos ancêtres, quand ils arrivèrent sur cette planète il y a tant de générations, choisirent Velada Borthan pour s'y installer ; l'agriculture aurait été plus facile dans le continent voisin de Sumara Borthan, et même les marécages de Dabis, une fois aménagés, auraient pu fournir plus de ressources. L'explication qu'on donne est la suivante : nos ancêtres étaient des gens travailleurs et austères qui goûtaient l'attrait du défi, et ils craignaient de faire vivre leurs enfants dans un lieu qui ne fût pas assez rude.
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