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Citations sur Maigret (8)

C'était un matin unique. L'air était vif, le soleil joyeux, le grouillement de Paris aussi intense et aussi allègre qu'un ballet échevelé. Maigret entrouvrit la fenêtre, et la chambre vécut les mêmes pulsations que les quais, tandis qu'éclatait de lumière la lente coulée de la Seine.
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[...] ... Le premier soin de Maigret fut de s'approcher de la caisse et de dire à la jeune fille :

- "Vous avez un jeton de téléphone ?"

La cabine se trouvait dans l'angle droit du café. Elle n'était fermée que par une porte à la vitre dépolie et Maigret, qui sentait le patron aux aguets, manoeuvra violemment l'appareil afin de faire vibrer les déclics. Mais en même temps, de l'autre main qui tenait un canif, il coupait le fil à l'endroit où il entrait dans le plancher, de telle corte qu'on ne pût apercevoir la solution de continuité.

- "Allô ! ... Allô ! ..." criait-il

Il sortit avec la mine d'un homme excédé.

- "Votre téléphone est détraqué ?"

Le patron regarda la caissière, qui s'étonna.

- "Il marchait encore il y a quelques minutes. Lucien a téléphoné pour des croissants. N'est-ce pas, Lucien ?

- Voilà à peine un quart d'heure," confirma le garçon.

Le patron n'était pas encore soupçonneux, mais il n'en observait pas moins Maigret à la dérobée. Il entra dans la cabine, essaya d'obtenir la communication, s'entêta pendant dix bonnes minutes sans apercevoir le fil coupé.

Maigret, impassible, avait repris sa place et commandé un demi. Il faisait provision de patience. Il savait, lui, qu'il en avait pour des heures à rester assis sur cette même chaise, devant ce guéridon de faux acajou, avec le spectacle du bar en étain et de la caisse vitrée, où la jeune fille vendait du tabac et des cigarettes.

En sortant de la cabine, le patron referma la porte d'un coup de pied, marcha jusqu'au seuil du café, renifla un instant l'air de la rue. Il était tout près de Maigret, qui ne le quittait pas des yeux, et, sentant enfin ce regard accroché à lui, il se retourna vivement.

Le commissaire ne sourcilla pas. Comme un client qui va s'en aller, il avait gardé son pardessus et son chapeau.

- "Lucien ! File à côté téléphoner pour qu'on vienne réparer l'appareil."

Le garçon sortit en courant, sa serviette sale à la main, et le patron servit lui-même deux maçons qui entraient, funambulesques, sous une couche presque régulière de plâtre.

Les doutes du bistrot durèrent peut-être dix minutes encore. Quand Lucien annonça que le monteur ne viendrait que le lendemain, le patron se tourna à nouveau vers Maigret et murmura entre ses dents :

- "Salaud !"

Cela pouvait s'appliquer au monteur absent mais une bonne partie de l'injure n'en était pas moins adressée au consommateur en qui l'homme reconnaissait enfin un policier. ... [...]
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[...] ... - "Si vous saviez, mon oncle ..."

[Philippe] avait envie de pleurer et il ne pouvait pas. Son regard tomba encore sur l'ampoule électrique. Il trépigna.

- "Je parie que tout à l'heure je serai arrêté !"

Mme Maigret, qui versait l'eau bouillante sur le café, se retourna, sa casserole à la main.

- "Qu'est-ce que tu racontes ?"

Et Maigret fumait toujours, écartait le col à petites broderies rouges de sa chemise de nuit.

- "Tu faisais donc une planque en face du Floria ...

- Pas en face. Je suis entré", dit Philippe sans se rasseoir. "Au fond du cabaret, il y a un petit bureau et Pepito y a installé un lit de camp. C'est là qu'il couche le plus souvent après avoir fermé les portes."

Une carriole passa sur la route. L'horloge était arrêtée. Maigret remonta sa montre qui pendait à un clou au-dessus de la cheminée et qui marquait quatre heures et demie. Dans les étables, on commençait à traire et des charrettes se dirigeaient vers le marché d'Orléans. Le taxi était toujours sur la route, devant la maison.

-"J'ai voulu faire le malin", avoua Philippe. "La semaine dernière, le patron m'avait engueulé et m'avait dit ..."

Il rougit, se tut, chercha à accrocher son regard à autre chose.

- "Il t'avait dit ... ?

- Je ne sais plus ...

- Je le sais, moi ! Du moment que c'est Amadieu, il a dû te sortir une phrase dans le genre : "Vous êtres un fantaisiste, monsieur, un fantaisiste, comme votre oncle ... !"

Philippe ne dit ni oui, ni non.

- "Bref, j'ai voulu faire le malin", se hâta-t-il de poursuivre. ... [...]
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Sa bonne humeur était revenue, une bonne humeur qui ne se traduisait pas par des sourires, mais par un bien-être intérieur. C'était une faculté qu'il possédait de s'amuser tout seul en dedans, sans rien perdre de sa gravité apparente.
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Maigret haussa les épaules, enfonça ses mains dans ses poches et s'éloigna sans répondre. Il venait de passer une des plus sales journées de sa vie. Des heures durant, dans son coin, il s'était senti vieux et mou, sans ressort, sans idée. Le décalage s'était produit. Une petite flamme avait jailli. Mais il fallait en profiter tout de suite.
- On verra bien, nom de Dieu! grogna-t-il pour achever de se donner confiance.
Les autres jours, à cette heure-là, il lisait son journal, sous la lampe, les jambes allongées vers les bûches.
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Jamais, deux ans auparavant, une professionnelle ne s'y serait trompée. Son pardessus à col de velours, son complet noir en serge inusable, sa cravate toute faire ne voulaient rien dire. Si elle le prenait pour un provincial en bombe, c'est qu'il avait changé.
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Maigret, impassible, avait repris sa place et commandé un demi. Il faisait provision de patience. Il savait, lui, qu'il en avait pour des heures à rester assis sur cette même chaise, devant ce guéridon de faux acajou avec le spectacle du bar en étain et de la caisse vitrée où la jeune fille vendait du tabac et des cigarettes.
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Maigret marchait lentement sur le Pont-Neuf. La veille au soir, il n’avait pas mis les pieds au Floria, mais il était allé rôder, rue des Batignolles, autour de la maison de Cageot. C’était un immeuble de rapport, vieux de cinquante ans, comme la plupart des immeubles du quartier. Le corridor et l’escalier étaient mal éclairés. On devinait des appartements tristes et sombres, des fenêtres aux rideaux sales, des meubles au velours fané.
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