IL ETAIT UNE FOIS
SERGIO LEONE
«Silence, moteur, ça tourne, action ! »
Difficile de résister et d'introduire autrement la mise en scène imagée de la vie de
Sergio Leone.
Cette rencontre entre le Neuvième et le Septième art est digne de celle de
Sergio Leone avec les partitions d'Ennio Morricone.
Du coup, J'ai ressorti mon vieil harmonica rouillé duquel hélas il ne s'est jamais échappé que de pauvres postillons souffreteux et j'ai dévoré le storyboard de la vie et la carrière de celui dont les affiches tapissaient les murs de ma chambre d'adolescent.
J'ai deux façons de lire une BD. Soit je m'émerveille devant la qualité du dessin et je traverse les bulles comme un visiteur de musée, soit je me passionne pour l'histoire et les pages se tournent si vite que les images s'animent comme un dessin animé.
Ici, la seconde option s'imposa tant les auteurs (
Noel Simsolo et Philan) s'effacent pour laisser la place à ce personnage gargantuesque. le trait est fin, sans artifice ni effets spéciaux. Ils ont privilégié le noir et blanc au Technicolor, laissant avec modestie les couleurs aux pellicules du réalisateur.
De sa jeunesse dans l'Italie fasciste, auprès d'un père cinéaste aux amitiés communistes et à la carrière ruinée par Mussolini, à son adolescence, marquée par la seconde guerre mondiale et sa passion inaltérable pour le cinéma, on assiste à l'éclosion d'un homme charismatique au caractère affirmé qu'aucun obstacle ne peut détourner de ses rêves.
Comme ses personnages,
Sergio Leone n'a jamais perdu un duel !
Il apprend son métier avec des réalisateurs plus ou moins talentueux, pilotant des scènes de figuration puis en enchaînant les fonctions d'assistants et nous nous retrouvons ainsi avec lui sur les tournages de
Quo Vadis ou de Ben Hur (avec sa fabuleuse course de chars).
Fasciné par les films néoréalistes de son ami
Pasolini, jaloux de la folie de
Fellini, obsédé par le désir de rendre son père fier de son travail et dévoré par ses ambitions artistiques, il étouffe dans les films des autres. Il ne veut pas se retrouver statufier dans le film antique et il abandonne le Péplum romain à l'Unesco et au patrimoine italien.
Ciao Maciste ! Hello Clint !
Reconnu, il parvint à réaliser son premier western « Pour une poignée de dollars » et révolutionna le genre. Fini les grands espaces, place aux gros plans sur des visages burinés, terminé les indiens peinturlurés, vive les cowboys mal rasés et dégoulinant d'une sueur qui arrosait les déserts.
Les auteurs parviennent à mettre en image les sources d'inspiration de
Sergio Leone, notamment l'origine du titre extraordinaire « Mon nom est personne »(mon film de chevet), qu'il fit plus que produire.
Ils nous permettent aussi de découvrir ses intuitions extraordinaires dans le choix de ses acteurs. Il choisissait des "gueules", avares de mots, qui devinrent des monstres sacrés (Eastwood, Bronson, Lee van Cleef…).
Les traits des acteurs qui sont représentés dans le livre sont très ressemblants mais l'oeil de Leone sur ses comédiens est souvent impitoyable. de
Clint Eastwood, il dit qu'il n'avait que deux expressions: l'une avec un chapeau, l'autre, sans le chapeau !
Sergio leone fourmillait encore de projets à sa mort. Cette bande dessinée, qui lui rend un vrai hommage sans tomber dans la caricature, n'est pas réservée aux amateurs de westerns spaghetti.
Si cela n'avait pas été sa vie, il aurait surement tiré un beau film de ce scénario.