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Citations sur Pétrole ! (39)

Tout cet été et cet automne, Papa et M. Roscoe avaient dû s'atteler à une lourde tâche, celle de préparer l'opinion américaine. La campagne pour l'élection du président battait son plein, et puisque les pétroliers avaient eu l'audace de choisir le candidat, il leur restait à parachever leur oeuvre en persuadant les électeurs qu'il était un grand homme d'Etat et un noble caractère. Il leur fallait aussi payer leur part des frais, qui, ainsi que Bunny l'apprit par ce qu'il entendit à Paradise et au Monastère, approcheraient de cinquante millions de dollars. (..)
Il était nécessaire de convaincre le peuple américain que le gouvernement démocrate, ignare et infatué de lui-même, s'était, au cours des huit dernières années, livré au gaspillage et à la concussion. Et ce n'était pas bien difficile. Mais il était non moins indispensable de le convaincre qu'un gouvernement à la tête duquel serait le sénateur Harding se montrerait vraisemblablement plus capable. Et cela, ce n'était pas aussi commode.
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La plupart des gens, lorsqu'il leur arrive de bâtir des châteaux en Espagne, se voient en rêve sous la figure du fils et héritier d'un grand magnat du pétrole, avec des millions de dollars qui vous pleuvent dessus, une voiture de sport à conduire et des veuves de l'acier ou autres sirènes avec qui flirter. Mais, pour Bunny, le véritable conte de fées, c'était de s'en aller avec une bande de jeunes gens, dans une vieille guimbarde de Ford qui tombait en panne de temps en temps, de camper sous une tente que le vent vous emportait, de s'embaucher à cueillir des fruits avec des Mexicains, des Japonais et des Hindous, et d'envoyer à la maison toutes les semaines, un mandat-poste de dix ou douze dollars !
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_ Un collège ouvrier ? fit Papa. Voilà du nouveau.
_ C'est pour instruire les jeunes ouvriers.
_ Mais pourquoi n'iraient-ils pas aux écoles ordinaires, qui sont gratuites ?
_ On ne leur enseigne rien sur la question ouvrière. Ou, tout au moins, rien qui soit conforme à la vérité. C'est pourquoi le Parti ouvrier crée des centres où des garçons intelligents puissent être rendus aptes à jouer leur rôle dans la lutte sociale.
Papa réfléchit.
_ C'est-à-dire, fiston, que c'est un endroit où une bande de vos rouges enseignerait le socialisme et des machines comme ça.
_ Non, ce n'est pas cela, papa, nous ne nous proposons d'enseigner aucune doctrine. Nous voulons ouvrir des intelligences, cela a toujours été l'idée de M. Irving. Il veut que les milieux ouvriers pensent par eux-mêmes...
Mais ça ne prit pas un seul instant auprès de Papa.
_ Ils auront tourné au rouge avant d'en être sortis, dit-il. Ecoute-moi, Bunny. Ca m'est égal que tu donnes cinq cents dollars à M. Irving, mais c'est tout de même un peu violent que je passe ma vie à gagner de l'argent pour que tu le dépenses à apprendre aux jeunes gens que cet argent je n'y ai aucun droit !
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De même que les Indiens de la région de la baie d'Hudson tuent un élan au cours de l'hiver et vont camper auprès de l'élan, de même, Papa mettait en train un puits de pétrole et venait s'installer auprès du puits.
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Puis vint M. Golighty, l'un des "lots moyens". On ne savait pas quelle était sa profession, mais il en imposait à tous par son habillement et ses manières cultivées. C'était un conciliateur à la voix douce et pleine de bonhomie. Il parlait beaucoup ; le seul malheur était que lorsqu'il avait fini, vous ne saviez pas très bien ce qu'il avait dit.
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C’est une curieuse nature que celle des femmes. Elles semblent si douces, si impressionnables ! Mais elles ont l’élasticité du caoutchouc, la fluidité de l’eau, qui reprennent immédiatement leur forme et leur place primitive.
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Le moment vint donc enfin où le dernier outil fut en place, le dernier boulon bloqué, et l'appareil à forer paré pour son long voyage dans les entrailles de la terre. C'était un instant grandiose analogue à celui du lancement d'un navire ou de l' "inauguration" du premier président de la République. Vos amis se réunissaient ainsi que les ouvriers des chantiers voisins et toute une foule de curieux. Pendant trois semaines, dans ce but, les hommes en avaient mis un coup, et maintenant ils se tenaient là aussi bien l'équipe de jour que l'équipe de nuit, fiers de leur passé et impatients de leur avenir. Le mécanicien avait la main au levier et un oeil sur Papa. Papa lui fit un signe de la tête, et il appuya sur le levier, la machine se mit en marche, les engrenages firent entendre un ronflement assourdissant, et le trépan mordit le sol - "Grrinn, Grrinn". C'était tout au moins ce que les hommes s'imaginaient entendre, aussi donnaient-ils à cette opération le nom de "grignotage". "Tout le monde à bord pour la Chine" psalmodia le chef de chantier, et tous ceux qui avaient les mains propres allèrent donner une poignée de mains à Papa, y compris M. Bankside dont c'était la terre qu'on forait, et Mme Bankside, et toute la famille Bankside.
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C'était toujours cela de fait et, pendant qu'ils s'installaient dans leur voiture et démarraient, Papa répéta sa maxime favorite, à savoir, que la graisse coûte moins cher que l'acier. Par cela, Papa voulait dire qu'il vous faut laisser aux gens une part dans vos profits afin qu'ils deviennent un élément dans votre "organisation" et fassent rapidement tout ce que vous demandez.
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_ Coin ! Coin ! Dégagez la route ! Papa attend !
Sur le haut des appareils de forage étaient perchés de jeunes gars dont les combinaisons bleues et kaki offraient la preuve surabondante que le dernier puits n'était pas un trou sec, mais qu'il avait livré sa juste portion d'onctueux trésors. Toutefois, ils avaient la figure propre, et ils accueillaient le paysage ensoleillé avec des sourires non moins ensoleillés. Ils chantaient des chansons,échangeaient des gaudrioles avec les voitures qu'ils croisaient, envoyaient des baisers aux filles des ranchs et des postes d'essence, des débits d'orangeade et des baraques de "cuisine surfine". Le voyage leur prenait deux jours, et, pendant ce temps, ils n'avaient pas un souci au monde ; ils étaient les hommes du Vieux Ross et c'était son affaire à lui d'avoir les soucis. Avant tout il veillait à ce qu'ils eussent leurs enveloppes de paye le samedi soir de chaque quinzaine et que ces enveloppes continssent un dollar de plus par jour que n'en gagnait qui que ce fût dans le voisinage. En outre, vous receviez cette paye non seulement lorsque vous foriez, mais également pendant que vous étiez assis sur le haut d'un chargement d'outillage, filant à 50km/h au travers d'un paradis d'orangers, en chantant des chansons où il était question de la fille qui vous attend à la ville où vous allez. Oh ! comme joyeusement va le monde lorsque le coeur est jeune !
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Là, sur la route, il y avait un cadavre mutilé, celui d'un écureuil de terre qui avait voulu traverser et qu'une voiture avait écrabouillé ; d'autres voitures passeraient dessus jusqu'à ce qu'il soit réduit en une poussière que le vent emporterait. Ce n'était pas la peine de dire quoi que ce fût à Papa, il répondrait que les écureuils propagent la peste, ou tout au moins qu'ils ont des puces qui la propagent. De temps en temps il se produisait des cas de cette maladie et les journaux devaient passer cela sous silence car ç'aurait été mauvais pour la vente des terrains.
Mais le garçon songeait à la pauvre petite bribe de vie qui avait été anéantie si soudainement. Comme l'existence était cruelle et comme c'était bizarre que les choses poussent et aient le pouvoir de se faire elles-mêmes, de rien apparemment. Et Papa ne pouvait pas expliquer cela; il disait que personne ne le pouvait ; c'était ainsi, tout simplement. Puis vint au-devant d'eux un chariot de ferme, vieille machine délabrée chargée d'ustensiles de ménage. Pour Papa ce n'était rien qu'un obstacle, mais "Bunny" aperçut, juchés à l'arrière du chargement, deux gamins de son âge qui le considéraient avec de grands yeux mornes et indifférents. Ils étaient pâles et semblaient ne pas avoir mangé à leur faim. C'était là un autre sujet de réflexion : pourquoi y avait-il des pauvres et personne pour leur venir en aide ? En ce bas monde, expliquait Papa, il fallait s'aider soi-même.
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