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Keila la Rouge nous plonge dans cet univers yiddish du début du siècle. Tout, d'abord, dans la Pologne de 1910, sous la férule de la Russie, à Varsovie, dans ce quartier de quelques rues, serrées les unes contre les autres autour de la rue Krochmalna. Puis dans, un autre quartier presque similaire à New-York.
Keila est une ancienne prostituée qui tente d'échapper à cette vie dépravée qu'elle mène depuis si longtemps. D'abord, en épousant un ancien voleur puis le fils d'un rabbin nommé : Bunen.
Isaac Bashevis Singer à travers la vie incroyable de cette femme nous apporte des éclairages et des questionnements. Sur l'existence de Dieu, sur la Providence, sur la nature, sur ce siècle qui rentre dans l'ère industrielle.
Tous ces interrogations nous interpellent même si un siècle nous sépare de Bunen.
Keila est comme une petite lumière qui brille un soir de Shabbat. La rédemption, l'homme meilleur pourra naître ou renaître ?
Un roman où on se laisse porter par la mélancolie et la nostalgie d'un monde disparu qu'Isaac Bashevis Singer porte en lui et qu'il nous transmet si bien.
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Après s'être prostituée pendant plusieurs années, Keila, une jeune juive polonaise, aspire à une vie simple et honnête. Elle a épousé Yarmi, un petit voleur qui semble bien vouloir se tenir à carreau et le couple file le parfait amour. Mais l'arrivée de Max, un ex co-détenu de Yarmi bouleverse ce bel équilibre. Il leur tourne la tête avec des combines fumeuses censées rapporter beaucoup d'argent. Keila, alors, prend peur. Elle ne veut pas retomber dans la fange et part chercher conseil auprès d'un rabbin. C'est Bunem, le fils du rabbin, qui va lui apporter l'aide dont elle a besoin.
En peignant le portrait et les péripéties de ces quatre personnages, le roman nous transporte au début du XXe siècle à la rencontre de la communauté hassidique installée dans un quartier populaire de Varsovie où la vie est rythmée par les rites et les fêtes religieuses.
Au delà de cette savoureuse immersion au coeur des traditions judéo-polonaises, Singer met en scène les faiblesses humaines, le conflit entre les aspirations idéales, le désir de renouveau et l'incapacité de se libérer de son destin.
Ce texte est initialement apparu sous forme de feuilleton entre 1976 et 1977 dans un journal new-yorkais. Ecrit en yddish, il a été traduit en anglais par le neveu de Singer mais sans être publié. Ce n'est qu'en 2011 qu'il est paru en hébreu puis en italien en 2017. Le voici désormais en français !
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Une des héroïnes les plus touchantes de la la littérature, une héroïne digne des chansons réalistes du siècle dernier.
Varsovie, début du 20ème siècle : Keila n'a connu qu'une vie de misère, violée, contrainte à se prostituer, torturée par le sentiment d'être "souillée", "impure".
Un épisode heureux débute le roman : elle s'est mariée et file le parfait amour, enchantée d'être sortie de la prostitution et de "tenir son ménage" comme tout le monde. Les cérémonies juives et les plats de fête tiennent une grande place dans le récit - on sent l'auteur attendri et nostalgique.
Mais évidemment, cela ne peut pas durer : le mari de Keila rencontre un malfrat encore plus dissolu que lui, et tous deux complotent de l'emmener tenir un bordel en Amérique du Sud... Désespérée, elle se rue chez un rabbin pour obtenir de l'aide afin de rester la "bonne fille juive" qu'elle veut être. Et c'est là qu'elle rencontre son deuxième amour : le fils du rabbin, peintre à ses heures et se posant des questions sur la religion.
C'est avec lui qu'elle part pour New-York, et c'est alors la vie d'immigré et toutes ses difficultés qui sont évoquées avec une grande finesse d'observation. Mais Keila et son nouvel amoureux vont être rattrapés par leur passé...
À travers le destin tragique de la sentimentale Keila, Singer nous restitue de façon très virtuose la vie quotidienne dans le quartier juif de Varsovie ou de New-York, la langue et les traditions qui fondaient cette culture assassinée.
Efficacement traduit par Marie-Pierre Bay et Nicolas Castelnau-Bay.
LC thématique de janvier 2022 : ''États-Unis et Canada”
Challenge Nobel
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Keila la Rouge
Isaac Bashevis Singer (1904-1991)
Prix Nobel 1978
Mazel tov ! ! מזל טוב
Nous sommes en 1911 en Pologne, le pays vivant sous la férule russe. Keila Leah Kupermintz alias Keila la Rouge en raison de sa chevelure flamboyante, est une prostituée célèbre de la rue Krochmalna à Varsovie: elle a toujours eu un talent inégalable avec les hommes ! Elle a vingt-neuf ans. Elle est petite, la poitrine haute, la taille mince, les chevilles fines. Elle est belle. Elle a épousé il y deux ans Yarmy alias Jeremiah Eliezer Holtzman, alias la Teigne, un de ses clients au passé trouble ; elle a décidé de se ranger et de devenir une bonne fille juive loin des tentations peccamineuses, telle une rebbetzin (femme du rabbin) respectant toutes les coutumes et les fêtes, que ce soit Rosh Hashanah, Yom Kippour ou Souccoth. Souvent elle remercie Dieu de lui avoir envoyé Yarmy pour la sortir de la fange.
Keila est une femme qui se pose des questions simples : puisque le Dieu des Juifs est le seul vrai Dieu selon la Loi, comment peut-il autoriser les Gentils (les Chrétiens) à vivre, se marier et manger du porc ? Elle a longtemps vécu dans le péché ne craignant pas alors la géhenne, mais n'a jamais oublié les coutumes juives et respecte le Talmud c'est à dire la Loi orale (Mishna et Guemara ), le shabbat et le cacherout, c'est à dire l'ensemble des préceptes diététiques du judaïsme. Dès l'âge de douze ans elle fréquenta les voyous. le mariage avec Yarmy fut le moment le plus excitant de sa vie.
La relation au début entre Keila et Yarmy est assez libertaire : s'ils découchent l'un ou l'autre, il n'y a pas de dispute à la condition de tout raconter ; leur pacte consiste à ne pas avoir de secret l'un pour l'autre.
Yarmy a trente-deux ans, une grande silhouette juvénile, et compte déjà quatre séjours en prison pour vol et traite des blanches. Il a parfois un comportement de hassid (au sens figuré « idéaliste rêveur ») et les menaces de rupture entre lui et Keila deviennent fréquentes car il ne respecte pas les serments ni le pacte. Elle a le sentiment que Yarmy n'est plus son mari mais plutôt un souteneur pressé de la caser. La suite va lui donner raison.
Survient dans leur vie un vieux compagnon de cellule de Yarmy, Max le Boiteux, qui leur propose d'ouvrir des maisons de passe à l'étranger, en Amérique du Sud, et de former un ménage à trois. Yarmy accepte aussitôt « qu'ils deviennent tous les trois frères et soeurs, maris et femme, une seule âme et un seul corps. » Max a déjà beaucoup bourlingué et connaît plusieurs pays de ce continent. Il parle cinq langues. Il a toujours sur lui un révolver et trois passeports ! C'est un personnage composite capable de violer la femme de son ami (avec peut-être le consentement de celui-ci ?) et d'avoir des visées homosexuelles sur Yarmy depuis leur séjour commun en prison! Cette idée passe par un autre projet, celui de Yarmy de s'accaparer la fortune du vieux Serguéi Davidovitch. Keila est l'appât à vendre. Un testament est extorqué devant témoins soudoyés et l'affaire semble bien engagée.
L'histoire du ménage à trois effraie Keila qui va demander conseil au rabbin Ménahem Mendel. C'est alors de son fils Bunem qu'elle s'amourache follement, un garçon de vingt cinq ans qui s'adonne à la sculpture et la peinture tout en lisant des livres philosophiques défendus. Mais Bunem aime une autre fille, une certaine Solcha et l'avoue à Keila qu'il aime aussi.
L'affaire montée par Max pour s'accaparer la fortune de Davidovitch a tourné court. Max est alors en pleine dépression et Yarmy recherche partout Keila qui s'est enfuie. Tout le beau plan de Max s'écroule et chacun est parti de son côté.
Bunem est recherché par la police après que Solcha a été arrêtée en raison de ses menées anarchistes. Il se cache avec Keila qu'il a retrouvée et décide de partir pour l'Amérique. Seulement, Keila n'est pas divorcée et lui s'est engagé avec Solcha.
Malgré toutes les difficultés, les deux amants parviennent à New York. La vie est dure, le travail difficile à trouver, Bunem donne des cours et Keila est servante et vend des bagels (petits pains ronds). Ils connaissent la faim et le froid. Jusqu'au jour où Bunem, à l'insu de Keila, reçoit une lettre de la mère de Solcha. En vérité, il n'a jamais oublié Solcha. Et puis un beau matin Max vient frapper à la porte de Keila. Yarmy est aussi à New York.
L'amour entre les deux exilés résistera-t-il à cette conjoncture adverse ? Keila au grand coeur pourra-t-elle surmonter ses actes trop spontanés, effulgents et souvent irréfléchis et hystériques ?
Un très grand roman yiddish inédit dans lequel l'auteur évoque avec talent la rue Krochmalna, les synagogues et les bordels et nous plonge dans le monde disparu de la culture yiddish, riche de couleurs à l'époque. Et puis il y a le personnage fascinant de Keila tournée vers la rédemption et dont la personnalité séduit par sa générosité et sa bienveillance, elle la fille dépravée qui a passé son adolescence dans la fange aux mains des souteneurs et qu'un destin implacable et tragique poursuit. Les autres personnages sont hauts en couleurs avec leurs contradictions et leur vitalité sexuelle. Et l'amour fou est dans tous les chapitres !
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Isaac Bashevis Singer montre qu'il sait magnifiquement mettre en scène des personnages haut en couleur, tourmentés, très contradictoires, dans le chaudron du quartier juif de Varsovie, puis à New York. le fils du rabbin est crucifié entre les idées modernes, la vitalité du sexe qui lui révèle la vie. Keila qui vomit des imprécations, des mots doux, de l'argot ordurier est une putain folle d'amour qui aspire à la rédemption et paie de sa personne. Solcha la jeune vierge anarchiste est pétrie d'idéaux mais se montre bien rigide face à cette frange de l'humanité. Son caractère n'est d'ailleurs ébauché qu'à grands traits. L'ensemble du récit d'ailleurs, manque un peu de finition, et présente des inégalités dans l'enchaînement des scènes, la définition des caractères, quoique les effets de suspense révèlent bien l'origine feuilletonesque de l'oeuvre qui réussit à merveille d'autre part à évoquer les questions religieuses, philosophiques, politiques, morales, linguistiques en les rendant consubstantielles de la narration et des protagonistes.
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Varsovie 1911, « six ans après la révolution » :
« Les partis politiques s'affrontaient à la fois en Russie, où se déclenchaient des pogroms, et en Pologne où on appelait au boycott des marchandises juives. Par centaines de milliers, des jeunes filles et des jeunes garçons juifs passaient la frontière en fraude pour gagner la Prusse ou la Galicie et, de là, s'en aller chercher fortune en Amérique, au-delà des mers. »

Keila, surnommée la Rouge à cause de sa chevelure rousse, est une belle jeune femme, ancienne prostituée mariée à Yarmi, qui fait partie du menu fretin de la pègre locale. Juifs tous les deux, ils vivent dans un quartier qui nous est présenté comme grouillant de rabbins, il faut dire que toute cette première partie se décline sur le mode de la comédie de moeurs haute en couleurs. Yarmi et Keila tirent le diable par la queue et survivent pour le moment sans retomber dans leurs erreurs passées. Mais tout cela ne peut durer qu'un temps et, lorsque l'argent vient à manquer et que, comme par hasard, ressurgit un ancien comparse aux moeurs dissolues et à l'esprit retors, la roue va tourner (et mal tourner) : il leur promet l'Amérique, dans tous les sens du terme, mais dans l'immédiat, la réalité n'est pas à la hauteur du rêve.
Le tragico-burlesque initial vire ainsi au tragique tout court et Keila, au coeur du nouveau trio, est la première victime de ce changement. le jeune Bunem, cependant, dont elle fait connaissance à ce moment-là, fils de rabbin qui d'emblée la traite avec respect, va modifier la donne et lui permettre d'envisager un autre avenir…

Isaac Bashevis Singer est un auteur que je connaissais de nom, sans plus, aussi est-ce par curiosité que, pour le découvrir, je me suis dirigée vers cet inédit.
« Keila la Rouge » est un roman dépaysant et bien mené, dans lequel je n'ai pas eu de mal à me plonger, même s'il m'est apparu un peu déconcertant au début, le temps d'appréhender (en gros) le contexte et de me familiariser à l'environnement. Je l'ai trouvé intéressant par tout ce qu'il m'a appris sur la situation des Juifs en Pologne (ils sont sous la domination russe, confinés dans une « zone de résidence » ; « Les Russes ne permettent pas aux Juifs de faire des études. Les enfants juifs ne sont pas autorisés à aller au lycée et encore moins à l'université. ») et en Amérique au début du 20ème siècle, avec l'antisémitisme qui sévissait alors (en Europe et en Russie mais aussi aux États-Unis).
En revanche, le personnage de Keila, acharnée à « redevenir une bonne fille juive », ne m'a pas convaincue, c'est gênant puisqu'il s'agit de l'héroïne, tant je l'ai trouvée outrancière (voire grotesque) dans ses réactions hystériques lorsqu'elle doit faire face à ce qui lui arrive (bon, je reconnais qu'elle semble attirer les malheurs !) . Celui de Bunem n'a, au contraire, rien de caricatural : il est fouillé et retient l'attention du lecteur, prompt à s'intéresser aux déboires de ce jeune homme franc et à l'esprit vif, qui remet les traditions en question et ne cesse d'interroger le monde autour de lui.

Un bilan plutôt positif donc, pour un roman de moeurs à l'écriture enlevée, qui croque avec un égal talent la rue Krochmalna à Varsovie et les quartiers modestes de New York.
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Varsovie est sous le joug du grand Empire Russe. Keila la Rouge, flamboyante de ses cheveux roux et porteuse du passeport jaune des prostituées, se voit enfin « offrir » la proposition de mariage de Yarmy, Yarmy la Teigne. Sa chance dépasse l'entendement, et elle le sait. Mais enfin, un « signal est envoyé à toutes les putains de Varsovie, afin qu'elles n'abandonnent pas l'espoir qu'il leur en arrive autant, preuve que l'amour régnait encore sur le monde ».

Ce début fait rêver. le roman est solide. Solidement posé dans cette époque où il fait bon fuir en Amérique, et que l'on exporte les femmes comme on importe des bananes à travers l'Océan Atlantique.

Keila répètera ses efforts pour utiliser ses économies afin de se construire un avenir digne « d'une bonne fille juive ». Elle fuira ainsi la pègre, souhaitant hardiment expier tous ses péchés. Elle se tournera dans un élan d'espoir vers la religion, car il est bien connu qu'à cette époque les rabbins portent en leur coeur toutes les putains. Alors elle sera à la fois utilisée, violée, aimée, abandonnée, reniée et peut-être, nous voulons y croire, enfin sauvée.

Tous les personnages du roman, par ailleurs, semblent être déchirés intérieurement, capturés par leurs destinées, emprisonnés dans un monde qu'ils ne peuvent contrôler malgré la hargne ou la dévotion. Une dualité, caractéristique des romans de Singer, les habite. « Dois-je être croyant et bon, juste et pieux ? », semblent-ils demander, « ou alors puis-je assouvir mes besoins et pulsions, instaurant ma voie selon mes désirs ? », semblent-ils espérer. Dieu ne leur apportera pas les réponses. Leur quotidien non plus. L'Amérique, qui sait…


Dans ce roman, paru en feuilletons et dont l'existence était connue, quelque peu oubliée, on assistera à la banalité avec laquelle étaient pensées les femmes, surtout les prostituées qui ne pouvaient s'en prendre qu'à elles-mêmes. On ricochera d'histoire en histoire avec Keila pour fil rouge, les autres personnages se la passant comme une vulgaire chaussette, et l'on bondira parfois d'énervement si l'on est quelque peu sensible à la prison que peuvent être les autres. Pas seulement les simples hommes et ceux de foi, mais aussi les femmes, qui plutôt que de compatir, arpentent un « chacun sa merde » de l'époque, qui peut être encore tellement d'actualité.

Un roman qui ensorcelle par sa légèreté apparente, pourtant si cru, et qui agace. Teinté d'une certaine amertume, il « n'est pas fait pour endormir le lecteur mais pour qu'il saute de son lit et qu'il coure en caleçon taper sur la gueule de l'auteur », comme en jugeait Bohumil Hrabal des bons livres.

Un très bon livre, donc. Une édition qui fait plaisir et donne aux lecteurs de ce prix Nobel de 1978 une nouvelle occasion de le découvrir, les consolant du silence qui suivit la disparition d'Isaac Bashevis Singer, en 1991.

Une histoire d'outre-tombe est parue. Elle amène des sujets d'actualité. Elle ne prône peut-être pas l'amour, mais elle semble nous demander de nous respecter les uns les autres, dans la mesure du possible. Ce possible qui, pourtant, n'est pas si inatteignable. Voire pas du tout, si l'on admet que le nombril est juste un trou.
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Un roman au charme étrange. Un de ses mérites réside dans l'évocation des quartiers juifs populaires de Pologne puis de New York : autre monde et autre époque. Lorsque les colons étaient aidés par de riches mécènes pour s'implanter aux quatre coins du monde, Palestine comprise, lorsque la clôture dans le ghetto, l'oppression russe et les courants anarchistes imprimaient en Europe leurs marques à toute réflexion sur le destin individuel, la manière d'aimer ou de se réaliser. Et l'Amérique, puissant aimant où la feroce liberté d'entreprendre dépouille chacun de ses entraves identitaires. C'est déstabilisant de se plonger dans cet univers. Quelques dizaines d'années avant la Shoah et un antisémitisme meurtrier systematisé... L'ignorance dans laquelle se trouve les personnages du destin des leurs place le lecteur dans la posture d'un dieu omniscient et impuissant. C'est un drôle de tour que nous joue l'auteur puisque le roman a été écrit bien après guerre.
La vacuité des existences et la truculence aussi joyeuse que désespérée avec laquelle les personnages se résolvent à vivre leur tourments n'en résonnent qu'avec plus d'ironie tragique encore. Et dans le même temps, la critique du capitalisme à l'américaine de Solcha, le vertige existentiel qui saisit Bunem et Keila résonnent de manière très forte avec des réflexions propres à notre 21 siecle.
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Du grand et talentueux Isaac Bashevis Singer. Quelle joie de le retrouver à travers ce dernier roman traduit et édité en France : Keila la Rouge. Un roman foisonnant, envoûtant. L'auteur nous conte merveilleusement bien l'histoire, la rencontre de Keila, la prostituée et Bunem, fils de rabbin hassidique. 1905-Du ghetto de Varsovie, à New-York nous les accompagnons dans leur quête au bonheur. Ce besoin urgent de quitter cette fange pour ce qui est de Keila et Bunem fuir cette politique destructrice pour tout âme qui a faim de liberté. Abandonnant sa famille Bunem va contre tout, tenter l'impossible, Keila va quitter son mari Yarmy car elle ne supporte plus ce monde de débauche. Mais que vont-ils trouver dans cet autre ailleurs, dans cette Amérique ? Sera -t-elle à la hauteur de leurs espérances. Un roman fort sur l'exil, l'espoir, sous fond de prostitution, et de questionnement sans fin à propos de la religion.
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Au travers de l'histoire rocambolesque de "Keila la rouge", Isaac Singer nous plonge dans le milieu juif intégriste, à Varsovie, puis à New-York, juste avant la Révolution Communiste au début du XX ème siècle.

Si les descriptions des coutumes religieuses m'ont intéressé, ainsi que les références historiques de cette période, l'histoire de cette prostituée hystérique, désireuse de se refaire une virginité, et entraînant dans sa chute les hommes qui tentent de la sauver, m'a parfaitement ennuyé !

Je n'ai pas ressenti la moindre émotion pour aucun des personnages. de plus, le style d'écriture est totalement désuet, avec de nombreuses expressions yiddish qui alourdissent le récit, de nombreuses redites et de cruelles invraisemblances.

Le récit de cette pauvre Keila était resté au niveau d'un feuilleton paru dans la presse journalistique de l'époque. Il ne méritait pas d'être édité aujourd'hui au format d'un roman. Isaac Singer est l'auteur du roman à succès "Yentl" (dont est tiré le film avec Barbra Streisand), qui ne m'avait pas séduit non plus...
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