Ce petit livre est redoutablement accrocheur, avec le combo de son titre cynique et de sa couverture pour le moins provoc' !
Et puis une fois lancé dans la lecture, c'est un peu un festival de situations surréalistes.
Le résumé ne nous prépare pas du tout au premier chapitre, où, dès la première page, on assiste, en se demandant bien de quoi il s'agit, et puis qu'est ce que c'est que ça, et puis WTF ?, à un deal de capsaïco.
(C'est là où, en sortant mon dico, j'apprends que "capsaïco", ça veut dire piment)
On apprends, non sans sourire, que dans cette société, tout ce qui touche aux problèmes d'addictions (quels qu'ils soient) est prohibé. C'est le cas du piment – et notre héroïne est justement accro aux piments.
Nous voici donc à assister à ce deal, et surtout à observer avec stupéfaction comment Vanna/Vera teste la qualité du piquant de sa came (à découvrir dès la 1ere page, et c'est culotté).
Ce problème d'addiction nous permet d'entrer de plein pied dans cette société dystopique, où les femmes sont divisée en deux types : les eloïs, et les morlock. (c'est intéressant - et pas du tout flatteur pour nos individus de sexe féminin - de constater que les termes sont tirés de H.G Wells, la machine a remonter le temps).
Vanna/Vera, notre personnage principale, est une Morlock (une femme qui réfléchit, douée d'une très grande intelligence et de beaucoup de culture), mais physiquement, elle ressemble à une Eloï, et se fait donc passer pour telle. Cela amène des moments très drôles où elle explique ce qu'elle doit faire pour jouer son rôle, les heures à se maquiller, les postures, comment elle trompe ses professeurs en rendant des devoirs bourrés de fautes... (Personnellement, moi qui m'ennuie à mourir face à la sophistication féminine, ces passages m'ont fait éclater de rire). Elle va au lycée ménager, où il y a des cours de responsabilité sociale, de cuisine, d'agilité sexuelle,…
D'agilité sexuelle ?!
J'ai beaucoup aimé le fait que Vanna/Vera ressent les émotions des autres sous forme d'odeurs. Ce n'est pas vraiment abordé, pas vraiment expliqué, mais ça donne une dimension poétique à un roman que je trouvais déjà intelligent et jubilatoire.
Au niveau de la forme, j'ai également apprécié ce va et vient entre le présent (qui commence donc par un deal de piments), des définitions des termes employés (eloïs, morlock, virilos), des articles de presse qui nous montrent comment cette société s'est construite, et des lettres que Vana/Véra écrit à sa soeur.
Au fur et à mesure, ces lettres vont devenir le fil rouge de l'histoire : on pressent que quelque chose n'est pas net, on essaie de comprendre où est sa soeur et qu'est ce qui a pu se passer.
Bref, c'est un roman incisif et drôle, une dystopie passionnante, à la fois jouissive et dramatique. Un vrai coup de coeur !
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Plus interpellante que "La servante écarlate", une dystopie pleine d'humour (Voyez la couverture!), terriblement efficace et un peu angoissante. L'eugénisme a permis à une société totalitaire de séparer génétiquement des femmes "ultra-féminines" et soumises et des hommes appelés "virilos". le roman suit le récit d'une déviante se faisant passer pour une de ces femmes soumises et intégrant un réseau mixte de résistance.
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