La mousse

Nina est une pré adolescente de treize ans qui n'est pas encore formée et ne s'intéresse pas aux garçons. Elle est petite pour son âge et son visage poupin n'arrange rien. Elle est la risée des élèves de sa classe qui la tiennent à l'écart. Sa seule amie Camille L a délaissée pour rejoindre le groupe des « populaires ». Au retour du collège, Nina croise Pierrot qui est en BTS écologie. Il passe quelques jours avec sa classe à Thalle afin d'étudier cette mousse verte, qui, depuis quelque temps colonise les parois du pipeline et semble s'étendre rapidement.
Nous sommes en octobre 2010 et les prédicateurs de rue annoncent la fin du monde du 12-12-2012. Mais pour le moment, ce qui préoccupe le plus les habitants de Thalle, c'est la super tempête imminente qui va les frapper et risque de faire d'énormes dégâts voire de provoquer des inondations car les sols sont secs. Inondations sensées être évitées grâce au pipeline qui n'a jamais été terminé. Ce qui attise la colère des habitants qui manifestent contre l'entreprise Desaux qui a empoché l'argent sans plus rien faire.
Nina Six puise ici avec une certaine nostalgie dans ses souvenirs d'enfance. Son personnage central porte son nom et est mise à l'écart car elle ne correspond pas aux critères de standard. Elle affronte de nombreux tourments intérieurs ainsi qu'une tempête hormonale qui font écho aux préoccupations des adolescents. A cela vient s'ajouter la menace d'une fin du monde annoncée et des bouleversements climatiques, eux, bien réels. Mais tout n'est pas si noir car au fil des pages, Camille renoue avec Nina les fils d'une amitié bêtement interrompue.
La douceur du dessin tout en rondeur à l'aquarelle apporte une atmosphère douce-amère à ce retour à l'enfance. L'auteure aborde avec délicatesse et élégance des thématiques sérieuses comme le harcèlement machiste et insidieux, les affres de la puberté, les amitiés changeantes mais également les changements climatiques et les catastrophes naturelles qui prennent une grande place dans les préoccupations de la jeunesse actuelle.
Cette bande dessinée intimiste, émouvante et sensible, s'adresse à un vaste public qui va des jeunes lecteurs dès 12 ans aux adultes les plus âgés.

« Lu dans le cadre du Prix Orange de la BD 2024. Je remercie Lecteurs.com ainsi que les Editions Sarbacane pour cet envoi. »

2010, ville de Thalle. Nina est une collégienne qui se prépare à aller en cours avec la boule au ventre, comme tous les jours. Nina n'est pas formée, n'a pas ses règles, a toujours sa bouille de bébé, n'est pas habillée "à la mode" et n'a pas d'amis. Sa meilleure amie a décidé d'en choisir d'autres, surtout Zoé, la fille la plus cool du collège.
En sortant de chez elle ce matin-là, Nina sent que quelque chose a changé, l'atmosphère n'est plus la même. Une étrange mousse commence à recouvrir la ville et une tempête s'apprête à arriver. Des changements qui annoncent pour certains la fin du monde.
En rentrant de l'école, Nina rencontre Pierrot, un garçon qu'elle connaît. Un peu plus âgé qu'elle, il étudie cette mousse. Nina aime bien retrouver Pierrot, parler avec lui, c'est un peu le seul ami qu'elle a.
Dans la ville, la colère gronde. les habitants commencent à manifester contre le patron de l'aqueduc, ils ont peur que leurs quartiers soit inondée par la tempête

Dans cette bande dessinée aux couleurs acidulées Nina Six évoque un peu d'elle-même. Elle parle d'adolescence, de puberté et d'écologie. Des thèmes qui parlent immédiatement car l'adolescence, nous sommes tous passés par là, et c'est une période pleine de changements et aussi de doutes, entre le corps qui change, le regard des autres dont on prend plus conscience, les amitiés qui changent, les attitudes des garçons envers les filles....
Les couleurs des planches changent au gré de la tempête émotionnelle et de la tempête météorologique.
Une bande dessinée pleine de tendresse, qui a un doux parfum de nostalgie et dans laquelle beaucoup se reconnaîtront.

Été 2006, Nina passe ses vacances au camping des Pissenlits. Là-bas, elle rencontre Camille, une fille un peu étrange, mais plutôt sympathique. Alors, dans cette bande dessinée d'une beauté folle, aux dessins en aquarelle colorés, on suit les journées de ces deux fillettes, les questions existentielles qu'elles se posent à propos de l'amour, de la sexualité, de la mort. Des questionnements totalement représentatifs de la naïveté de l'enfance.

Quatre ans plus tard, nous sommes en 2010, Nina et Camille ont 13 ans et ne se parlent plus. Pour cause, Camille est populaire et traîne avec des gens comme elle. Nina, elle, reste le "bébé", la "minus", la "mini-crotte", parce qu'elle est petite, qu'elle n'a pas encore de poitrine, qu'elle n'a pas encore ses règles. L'adolescence peut être un moment difficile, comme en témoigne la deuxième bande dessinée.

Et je pense que j'ai légèrement plus apprécié cette suite ! Comme dans la première, on aborde subtilement (et toujours avec des illustrations sublimes) des thématiques importantes, comme l'amitié, le rapport au corps, les moqueries, la sexualité, les règles. On s'identifie facilement à elle, on a parfois fait face aux mêmes difficultés qu'elle.

Et puis, en parallèle, la tempête qui s'abat sur la ville, les protestations contre l'aqueduc, la mousse qui pousse dessus. Et Pierrot, ce personnage que j'ai tout simplement adoré dans la première histoire, et que j'aime encore plus dans la seconde.

Je suis vraiment séduite par les deux belles bandes dessinées de Nina Six, histoires autobiographiques je suppose, qui nous replongent en enfance et nous émerveillent.