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3.83/5 (sur 152 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Toulouse , 1987
Biographie :

Simon Lamouret est un illustrateur et auteur de bande dessinée.

Il a fait ses études d’illustration à l’École Estienne, aux Beaux Arts d’Angoulême et aux Arts Décoratifs de Strasbourg.

Par un heureux concours de circonstances, il se retrouve, en 2013, à vivre et enseigner le dessin et l’illustration en Inde.

Un grand nombre de croquis le mènent à travailler sur un album de bande dessinée basé sur son expérience de l’Inde et plus particulièrement sur la ville où il vit : Bangalore.

Dans son premier livre, "Bangalore" (2017), il collecte de brefs moments qui, loin des Dieux Hindous, des pauvres en haillons et des marchés colorés, ont retenu son attention.

L'album a remporté le prix Écureuil découverte 2017 et fait partie de la sélection officielle du festival d'Angoulême 2018.

A côté de son travail d’auteur, et de son activité d’enseignant, il illustre ponctuellement pour la presse Indienne et travaille en free-lance. En 2021, il obtient le Prix Révélation de l'ADAGP 2021 lors du Festival BD de Saint-Malo.

page Facebook : https://www.facebook.com/Bangalore-Simon-Lamouret-1756569934657482/

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Source : http://www.warum.fr
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Bibliographie de Simon Lamouret   (4)Voir plus


Entretien avec Simon Lamouret, à propos de son ouvrage Bangalore



02/02/2018



Qu`est-ce qui vous a particulièrement attiré dans cette ville devenue en une vingtaine d`années l`un des centres névralgiques de l`Inde ? On a plus l`habitude de voir célébrées Bombay, Delhi ou Bénarès… Aviez-vous dès le début de votre séjour l`envie de publier quelque chose à votre retour ?

L`un des avantages majeurs de Bangalore est qu`elle est le reflet d`une Inde « postmoderne » peut être mieux qu`une Delhi ou Bombay, identitairement plus forte. Composée d`un grand nombre de communautés issues de l`Inde entière et attirées par une croissance fulgurante, Bangalore incarne un pan-indianisme formidable pour qui cherche à décrypter une part de ce qui constitue la nation indienne, ses paradoxes, sa diversité ethnique, religieuse…


L`un des autres avantages est que Bangalore est relativement privée d`édifices anciens. Cette relative neutralité, ou banalité des décors facilite probablement la tâche à l`étranger essayant d`éviter de tomber dans des images d`Epinal, et focalise le regard sur l`humain.
En arrivant à Bangalore, je savais que je dessinerai mais faire un livre ne faisait pas partie de mes projets. Bien que pratiquant la BD, ce livre est arrivé un peu par accident, partant d`une série de dessins de rue.



Votre album alterne des strips évoquant la vie quotidienne à Bangalore, et des double-pages fourmillant de détails. Pourquoi avoir choisi d`aborder cette ville par l`anecdote et le détail, plutôt que, par exemple, par son histoire ou la vie d`un habitant en particulier ?

J`ai voulu refléter l`expérience de la ville à « hauteur » de piéton, même les « vues aériennes » sont prises soit d`une terrasse, soit d`un pont.
Regarder l`humain du point de vue d`un autre. Il n`y a ici ni volonté de faire un ouvrage de vulgarisation historique ou une oeuvre de fiction, mais plutôt de recréer une expérience d`observation d`un environnement nouveau et méconnu. Les anglais ont cette expression « the devil is in the details » qui signifie en substance que les détails font les bonnes histoires. J`y crois profondément. Les petites anecdotes, ces détails insignifiants du quotidien, on pourrait presque parler de burlesque, en disent long sur une culture qui fonctionne autrement.


A la lecture de mon livre, de nombreux Indiens m`ont fait part de leur émerveillement en y associant ce commentaire : « On est tellement habitués à ces choses qu`on ne les voit plus. »
Quant à aborder la ville par la vie d`un personnage plus travaillé, cela aurait pu être intéressant. Je travaille d`ailleurs sur un deuxième livre qui s`attache à raconter la vie d`un groupe plus restreint de personnages, dans un récit qui se déroule aussi à Bangalore. Ce livre devrait sortir l`an prochain chez Warum également.



L`Inde est souvent décrite comme un pays aux mille couleurs. Vous faites le pari audacieux du noir et blanc intégral. Est-ce une volonté de prendre le contrepied des clichés, ou êtes-vous simplement plus amateur de noir et blanc ?

J`aime bien prendre des contrepieds car donner à observer signifie aussi créer un décalage avec la réalité. Mon dessin étant déjà relativement descriptif, il me semblait important de mettre à distance, graphiquement. le noir et blanc sert aussi, je le crois, une lecture de l`ordre de l`écriture. Notamment dans les strips, mais également dans les illustrations, l`image est abordée comme un texte, avec une certaine linéarité, contrairement à la couleur qui se comprend plus comme un ensemble. Par ailleurs le noir et blanc offrait plus de clarté au temps qui passe, la nuit qui tombe, le jour qui pointe.



Selon vous a-t-on forcément en tant qu`Occidental, besoin de prendre cette position d`observateur durant quelque temps en Inde ? En vous lisant on s`imagine facilement submergé dans ces rues par les particularités que vous décrivez. D`ailleurs vous vous mettez uniquement en scène en tant qu`observateur-dessinateur…

La question est assez délicate mais oui il me semble que l`observation prime lorsque l`on aborde une culture « orientale » (et de surcroît post-coloniale) malheureusement sujette à tant de distorsions de la part de l`Occident. C`est un vrai débat et de façon plus radicale, Edward W. Said, penseur à l`origine du concept d`orientalisme, pense qu`un récit sur l`Est émanant de l`Ouest serait forcément corrompu.


A l`ère de la globalisation, tout cela est très complexe et intriqué, je me contente simplement d`assumer mon incompréhension en donnant à voir, à ressentir plus qu`en cherchant à démontrer un fait culturel. le choix de mes observations, le regard me semblent suffisant pour refléter une analyse qui n`engage que mon expérience et ma sensibilité.
Par ailleurs, j`ai passé 4 ans dans cette ville et ai attendu 2 ans avant d`écrire les premières lignes de cette BD. Je trouve que les récits de voyages ou BD réalisés en deux ou trois semaines peuvent manquer cruellement de distance et de profondeur.



Une autre chose frappe à la lecture de votre bande dessinée : la quasi-absence de l`hindouisme, qui pourtant imprègne toutes les strates de la société indienne…

Les récits "Puja", "Soussou", "Castes", abordent de biais des thématiques en lien avec l`hindouisme. L`Islam et le christianisme occupent des places importantes à Bangalore et trop insister sur l`hindouisme aurait été une erreur. Par ailleurs, la religion ne fait pas partie de mes centres d`intérêt, et si elle est abordée, c`est surtout pour évoquer son poids sur l`humain. L`hindouisme est extrêmement complexe, se manifeste de nombreuses façon selon les communautés, castes ou degrés de religiosité, mon livre cherche à observer depuis la rue, peut être que les pratiques religieuses relèvent trop de la sphère privée pour être réellement perceptibles dans l`espace public.



Avez-vous d`autres projets de voyages qui pourraient mener à une bande dessinée dans l`esprit de celle-ci ? Ou allez-vous tenter autre chose pour votre prochaine publication ?

Un jour peut-être, il serait intéressant de suivre ces mêmes principes narratifs pour parler d`une autre ville.
Pour l`heure, je travaille d`arrache-pied sur un projet qui a demandé des mois et des mois d`observation de terrain, d`interviews, d`imprégnation. Il s`agit d`un récit en huis-clos sur un chantier de Bangalore. Cela fonctionne presque en relation avec Bangalore : quand le premier s`attachait à décrire la ville dans son ensemble, sans s`arrêter sur un personnage, le prochain est un zoom sur un petit point de la carte et explore, plus en profondeur, les tribulations d`un petit groupe de personnages, sans me mettre en scène cette fois-ci.



Simon Lamouret à propos de ses lectures



Quel est l`ouvrage qui vous a donné envie d`écrire et/ou de dessiner ?

Nommer un ouvrage en particulier serait difficile, la bande dessinée m`a définitivement poussé vers une pratique de la narration. Je pourrais citer Les Tuniques bleues, Spirou, Tintin, les classiques.



Quelle est la bande dessinée que vous auriez rêvé d`écrire et/ou de dessiner ?

La Guerre d`Alan d`Emmanuel Guibert, ce livre est presque mystique pour moi. Habituellement je déteste ce mode narratif de voix-off presque littéralement illustré mais ici il y a une telle magie, une poésie, c`est une véritable épopée.
Guibert est non seulement un grand plasticien, mais il écrit merveilleusement bien.

Quelle est votre première grande découverte livresque ?

Je n`ai pas de souvenir très précis de mes lectures de jeunesse mais dans l`adolescence tardive, je me souviens avoir été impressionné par L`Usage du monde de Nicolas Bouvier, car il faisait un lien entre la lecture/écriture et une certaine expérience du réel.



Quelle est la bande dessinée que vous avez relue le plus souvent ?

Si l`on exclut les BD d`enfance/adolescence (Lanfeust par exemple) que l`on relit compulsivement, je crois que cela nous ramène à Guibert, La Guerre d`Alan. Environ une fois par an, je me replonge dedans, au départ pour contempler certaines images, puis je me retrouve à relire la trilogie en entier.



Quel(le) est la bande dessinée ou le livre que vous avez honte de ne pas avoir lu(e) ?

L`Odyssée d`Homère, ou même la Bible ou le Coran , car ces récits fondateurs de nos civilisations ont forcément laissé une empreinte forte sur notre inconscient collectif. Je dois avoir essayé d`ouvrir une Bible un jour mais j`ai dû trouver ça extrêmement rasoir stylistiquement parlant.



Quelle est la perle méconnue que vous souhaiteriez faire découvrir à nos lecteurs ?

Puisque j`ai habité en Inde et que sa BD émergente est aussi méconnue que pauvre en qualité, je voudrais partager une petite perle : Munnu de Malik Sajad, auteur du Cachemire. le livre existe en anglais seulement (Harper Collins), c`est un récit initiatique sur l`enfance qui aborde, un peu à la façon de Persepolis de Marjane Satrapi, une région déchirée par la guerre et politiquement complexe. C`est beau graphiquement, humble et sensible, et l`auteur est très jeune.



Quel est le classique de la bande dessinée ou de la littérature dont vous trouvez la réputation surfaite ?

Par définition, tout classique n`a-t-il pas une réputation surfaite ? Puisqu`on en fait tout un tapage, et même une adaptation en BD, et en ayant conscience de l`impertinence de ce choix : Le Petit Prince d`Antoine de Saint-Exupéry.
C`est un joli conte mais mérite-t-il cet engouement démesuré ? J`y vois une surinterprétation de sa nature évocatrice. Je n`y suis pas particulièrement sensible, mais il faut que je le relise.



Avez-vous une citation fétiche issue de la littérature ?

Pas vraiment.



Et en ce moment que lisez-vous ?

Je lis L`Assommoir d`Emile Zola pour voir comment il aborde, en tant qu`écrivain naturaliste, les classes populaires du XIXe siècle à Paris. C`est une façon de me distancier de mon sujet sur les ouvriers indiens tout en cherchant ce qu`il peut y avoir d`universel malgré les différences géographiques, culturelles et chronologiques.



Découvrez Bangalore de Simon Lamouret aux éditions Warum :






Entretien réalisé par Nicolas Hecht.



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Dans le 170e épisode du podcast Le bulleur, on vous présente le parcours de Missak Manouchian, récemment entré au Panthéon, à travers deux bandes dessinées sorties récemment chez Les Arènes BD et Dupuis. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec : - La sortie de l’album Copenhague que l’on doit au duo Anne-Caroline Pandolfo et Terkel Rijsberg, publié aux éditions Dargaud - La sortie de l’album Le champ des possibles que l’on doit au scénario de Véro Cazot, au dessin d’Anaïs Bernabé et c’est édité chez Dupuis - La sortie de l’album L’homme miroir que l’on doit à Simon Lamouret et aux éditions Sarbacane - La sortie de l’album The Velvet underground, dans l’effervescence de la Warhol factory que l’on doit à Koren Shadmi et aux éditions La boite à bulles - La sortie de l’album Sept vies à vivre que l’on doit à Charles Masson et aux éditions Delcourt dans la collection Mirages - La réédition de l’album Mauvaises herbes que l’on doit à Keum Suk Gendry-Kim et aux éditions Futuropolis

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Citations et extraits (8) Ajouter une citation
Et toi mamie, c'est quand que tu vas aller au cimetière ?
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Les seules castes qu'il m'ait été donné d'observer sont celles que l'on trouve sur la route. [...]
Et si les embouteillages étaient le Karma ? Un truc contre lequel, finalement, on ne peut pas lutter, quelle que soit sa caste.
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Je crois qu'une bande de types m'attends à la sortie du restau pour régler des comptes.
Ha ha ha ! Regarde, tu es en plein dans l'axe de la télé qui retransmet le match de cricket. Ce sont des parieurs...
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- Et toi, tu feras quoi après ?
- Mon rêve, ce serait d'être chauffeur de taxi. Conduire du matin au soir, assis bien peinard.
- Chauffeur, c'est un métier de larbin, ça. Parfait pour toi ! Tu as déjà conduit, au moins ?
- Quand j'étais petit, mon oncle me laissait tenir le volant.
- Même si tu savais, il te fait un permis..
- Tu vas la boucler ? Casseur de rêve !
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Une page blanche, voilà ce qu'il lui faut. Élise songe avec ironie à quel point un mort peut être encombrant, un disparu présent.
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- Dis donc, tu as mangé du lion, toi !
- C’est du lion ?
- Mais non, c’est une blague, Toinou !
- Ça se mange, le lion ?
- Ça se bouffe pas mais c’est pas ce qui empêche les hommes de les chasser.
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Avec les années, son jardin secret qui fut autrefois pareil à une jungle sauvage, s'est réduit à un petit carré de gazon impeccablement tondu.
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Je n’arrive pas à la boutonner mais sinon elle me va impec’. Non ?
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