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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce roman solaire d'une écriture tout en finesse, hommage au poète Pablo Neruda, raconte l 'histoire de l 'amitié entre un tout jeune facteur et un vieil écrivain : le barde Don Pablo, dans le chili des années 70.

Une "prose poétique " très courte de cent cinquante et quelques pages, lue d'un seul souffle, de peur de ne retrouver le goût du plaisir jubilatoire, du bonheur immédiat que procure ce nanan, cette sucrerie littéraire.

Un des livres que j'aimerais vous faire aimer.
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J'avais beaucoup aimé le film le facteur de Michael Radford sorti en France en 1996 mais je n'avais encore jamais lu le livre qui en est la source à savoir "Une ardente patience" d'Antonio Skármenta.

Mon plaisir de lecture est aussi intense quelle heure ce que j'avais vu le film.
Par refus de devenir pêcheur , Mario Jimenez, va enfourcher sa bicyclette pour distribuer le courrier à un seul client qui n'est autre que Pablo Neruda. Il deviendra donc le facteur privé de Pablo Neruda mais aussi son ami.
Mario Gimenez va alors découvrir les métaphores et grâce à elles, séduire la belle Béatriz Gonzalez.
Quelle belle amitié entre ce jeune facteur et Pablo Neruda qui deviendra également le parrain de son fils. Si cette belle est romantique relation est une pure fiction le contexte dans lequel se déroule cette histoire et bien réel. On y voit l'essence des revendications ouvrières et l'élection de Salvador Allende au pouvoir jusqu'au coup d'État en 1973 du général Pinochet.
Bravo à Antonio Skármeta,mais aussi au traducteur car il n'est sans doute pas facile de rendre compte de la poésie dans une langue étrangère d'autant plus qu'il a fallu y ajouter l'humour bien présente dans ce roman.
Petit roman par sa taille mais qui procure un grand moment de plaisir de lecture.
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Chers amis,
Je vous écris de l'Île Noire où je suis arrivé depuis peu pour quelques jours de vacances. Non, l'Île Noire n'est ni en Écosse ni en Bretagne, mais bien aux confins du Chili, au sud de Valparaiso, d'ailleurs ce n'est pas une île, mais une petite ville côtière qui fait face à l'Océan Pacifique. Il est possible que cette lettre mette quelques temps à vous parvenir. Ici le seul facteur, un certain Mario Jimenez, n'est pas l'homme le plus courageux du coin. Qui plus est, il s'initie depuis quelques jours à la poésie et en particulier à l'art de la métaphore auprès du maître incontesté des lieux, Pablo Neruda. Voilà une amitié bien improbable, ici d'ailleurs les gens du village s'en étonnent avec ironie, comment ont-ils fait ces deux-là pour s'apprivoiser ? C'est un peu le mariage de la carpe et du lapin. Tiens ! À propos de mariage, comme un bonheur n'arrive jamais seul, Mario Jimenez est tombé amoureux de la jeune et pulpeuse Beatriz Gonzalez, la fille de la redoutable Madame Rosa, vous savez la veuve Gonzalez qui, elle, pratique plutôt avec sévérité l'aphorisme... Pour ce qui est du mariage, on en est bien loin encore, le jeune facteur devra faire preuve d'Une ardente patience...
Ah ! Mes amis, tout ici n'est qu'éveil des sens, floraisons, voyage intemporel. Aucun malheur ne semble pouvoir atteindre le rivage de ce paradis tranquille et bon enfant. Ici les jours sont gorgés de soleils et de désirs, comme les seins éloquents de la jeune Beatriz Gonzalez, engoncés dans une blouse de deux tailles plus petites que ne l'exigerait sa générosité affichée... Ça, ce n'est ni une métaphore, ni une vue de l'esprit !
Ici chaque effleurement, chaque mouvement du paysage est charnel, c'est un véritable hymne au plaisir... le bourdonnement des abeilles lubriques, le calice des marguerites marines en plein émoi, le cri d'un orgasme dans la nuit sidérale, tandis que le chant des baleines au loin ramène un peu de sérénité au paysage brûlant...
L'Île Noire a beau ne pas être une île, on se sent ici comme coupé du reste du monde...
Le rire joyeux des enfants des pêcheurs, le sel de la mer sur les paupières, les caprices du vent, même les pélicans ont des allures un peu anarchistes... Il souffle ici un vent de liberté comme sur le reste du Chili depuis que Salvador Allende a montré qu'un autre monde était possible...
À quoi tient ce bonheur ? Serait-ce la magie des mots ? La manière d'un poète ici de les faire chanter, d'avoir su transformer ce jeune facteur maladroit et naïf pour que celui-ci sache accueillir sur lui le regard d'une jeune femme aimée ?
Le vin parfois coule à flot, lorsque nous avons su ce jour-là que notre cher barde voisin venait de recevoir le prix Nobel de littérature...
Nous étions émus et un peu ivres, lorsque nous l'avions vu dans l'unique poste de télévision du village, au restaurant tenu d'une main de fer par Madame Rosa, vous savez la veuve Gonzalez... Nous étions émus lorsqu'il prononça ses mots :
« En conclusion, je veux dire aux hommes de bonne volonté, aux travailleurs, aux poètes, que l'avenir tout entier a été exprimé dans cette phrase de Rimbaud ; ce ne sera qu'avec une ardente patience que nous conquerrons la ville splendide qui donnera lumière, justice et dignité à tous les hommes.
« Et ainsi la poésie n'aura pas chanté en vain. »
Tout semble calme, pourtant ce soir en regardant l'astre solaire fondre dans le Pacifique, en observant au loin les feux de Valparaiso, j'ai comme un mauvais pressentiment... Il y a toujours une fausse note qui vient brusquement gripper la partition du bonheur, abîmer le paysage, comme si aimer et être libre étaient insupportables pour d'autres... Des oiseaux de malheur planent dans le ciel éthéré...
Plus tard, lorsque le pays sera à feu et à sang, je sais qu'il faudra Une ardente patience pour faire revenir la confiance, poser un peu de baume sur les cicatrices, bercer dans des bras encore trop fragiles les veuves inconsolables, les mères éplorées. Il faudra d'autres poètes pour réinventer les mots, la lumière, l'espoir, la liberté, des îles là-bas et encore et ailleurs, et toujours...
Post-scriptum : merci à toi Marie de m'avoir offert l'envie et la possibilité de lire ce court roman solaire et fulgurant d'Antonio Skármeta, auteur dont je fais la connaissance par la même occasion. Ce fut un moment de poésie pure, entre la joie simple et généreuse et la douleur d'un peuple martyrisé, j'ai ri et été ému... ce fut une rencontre inoubliable !

« Que no es guitarra de ricos
ni cosa que se parezca
mi canto es de los andamios
para alcanzar las estrellas,
que el canto tiene sentido
cuando palpita en las venas
del que morirá cantando
las verdades verdaderas,
no las lisonjas fugaces
ni las famas extranjeras
sino el canto de una lonja
hasta el fondo de la tierra. »

Víctor Jara
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Cap sur l'île Noire. J'ai hésité entre le ciré ou le poncho. Pressentiment d'une rencontre déterminante. Tintin et Milou ? Ils sont partis sur d'autres aventures tout aussi pittoresque que la mienne. Non, j'ai pris mon poncho, un disque de Florent Pagny pour la couleur locale, une bicyclette bleue déglinguée. L'île Noir dans l'Antarctique Chilien, la Terre de Feu. Là-bas, la route s'arrête devant l'océan dans l'aube tiède du levant ; c'est l'ultime escale la fin de l'errance avant que j'ose le silence. Ici la vie est comme toutes les autres vies, même valeurs, couleur le ciel se mêle à la poussière je commence à comprendre…

Qu'y a-t-il à comprendre ? Que la vie est une métaphore.

Une méta-quoi ?

Fort, l'ami. Une métaphore. Attends, je t'explique. Tout d'abord, suis-moi à l'auberge. J'y ai enfin trouvé la paix que je cherchais, comme une sensation franche, cette lumière blanche. Ne fais pas attention, c'est juste la jeune et belle Béatriz, dans une blouse de deux tailles plus petites que ne l'exigeaient ses seins éloquents, qui m'amène une pinte bien fraiche pour épousseter la poussière de ces terres. Où en étions-nous l'ami ? Ah oui, la métaphore… Souviens-toi en. Il n'est question que de métaphore sur l'île Noir. de métaphore et de poésie.

Maintenant que j'ai fait le point sur les métaphores, je te présente Mario Jimenez. Jeune homme, facilement impressionnable par les métaphores, la poésie et l'amour. Qui ne le serait pas à cet âge-là. Déjà que moi, malgré mon grand âge, et cette immense sagesse qui me caractérise, je reste coi devant la belle Béatriz, prêt à la prendre en coït. Mario, le facteur en bicyclette avec pour seul « client », un type un peu rêche au début. Il fait le gars bourru, mais un vrai poète ce type quand on le connait. Pablo Neruda, qui a failli être président du Chili, mais qui a bien été Prix Nobel de littérature. Un sacré gars, bon poète, qui sait comment écrire à une dame et qui en quelques mots loués au jeune Mario, servira d'entremetteur à quelques belles parties de jambes écartées, d'orgasmes fracassant et de pénétrations intimes. Tout est dans la subtilité des hommes et la poésie de l'acte. Plus qu'une métaphore de l'amour, c'est un hymne au plaisir, à la délectation. La jubilation n'est pas loin, par conséquent l'éjaculation aussi. Autre métaphore de la vie, mais celle-ci n'est pas de Pablo Neruda.

Tout est donc dans la subtilité des mots choisis. Quand le vulgaire sperme se mêle à la coulée de la lave, cela devient une pornographie métaphorique. J'en jubile. du grand roman chilien. Pas à la Coloane, ni à la Sepulveda. Juste à la Skármeta que je découvre, ainsi. Un dernier mot pour finir, si tu le permets. Je te raconte la fin qui comme toutes les fins a son importance. Et ce n'est pas une métaphore, d'ailleurs. Les dernières pages s'arrêtent sur la mort de Neruda, sur la mort d'Allende, sur la mort de la démocratie chilienne… Parce que Antonio Skarmeta n'en est pas moins un militant et un exilé après le coup d'état de 1973.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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J'ai vu, il y longtemps, le film "Il Postino" inspiré par ce roman, me restent en mémoire de belles images de l'île de Salina et , je l'avoue, des souvenirs émus du décolleté de Maria Garcia Cucinetta...
je viens de revoir ce film après avoir ce livre et force m'est de constater qu'il ne se situe pas à la hauteur de ce dernier.

Una ardente patience nous conte l'histoire de Mario Jimenez, facteur à l'Île Noire au Chili et de la relation qu'il nouera avec le poète Pablo Neruda, il lui demandera de l'aider à séduire la belle Beatriz au corps parfait (tiens, certaines images du film me reviennent...)

Tout se déroule de janvier 1969 à septembre 1973, donc dans le contexte d'une page historique du Chili : depuis la campagne électorale qui verra l'avènement de Salvator Allende, jusqu'à son suicide, en passant par les troubles suivant son élection. le roman nous fait comprendre cette période, avec ses manifestations, les dissensions qu'elle crée dans les familles, et la pénurie d'objets de première nécessité.

Le titre - Une ardente patience - fait référence au discours prononcé par Pablo Neruda lors de sa cérémonie de remise du prix Nobel, citant Arthur Rimbaud :"Ce n'est qu'au prix d'une ardente patience que nous pourrons conquérir la cité splendide qui donnera la lumière, la justice et la dignité à tous les hommes. ainsi la poésie n'aura pas chanté en vain.

J'ai beaucoup aimé ce roman, empli de poésie, d'amour, d'érotisme mais aussi de beaucoup d'humour.
Il se dévore avec plaisir.

J'ai apprécié qu'il me fasse revenir sur les événements tragiques connus par le Chili, qu'il me remémore la vie politique de Pablo Neruda, etenfin, il m'a poussé à rechercher dans ma bibliothèque ses recueils de poésies et à les relire.


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Il est de ces petits bijoux qui se révèlent à nous de manière insoupçonnée, à coups de hasard ou de clins d'oeil de la vie.

A la recherche d'un auteur sud-américain pour un défi de lecture en 2022 - défi que, honteusement, je n'ai pas réussi - j'ai chiné dans les livres de poche de mon Emmaüs adoré pour finalement dégoter Une ardente patience dont je n'avais jamais entendu parler.

Vendredi dernier, pour occuper un voyage en train de quelques heures, j'ai laissé tomber mon pavé actuel pour un petit roman facile à glisser dans mon sac à main. le facteur de Antonio Skármeta a escaladé ma pile à lire par le chemin le plus court et a été élu à l'unanimité de mes bulletins de votes intérieurs - ça vous laisse deviner les difficultés légendaires de Croquignolle pour choisir une nouvelle lecture au coeur de sa méga-pile-à-lire.

Et voilà, le tour du sort était joué et mon week-end s'est retrouvé enchanté par cette lecture pétillante, poétique, riche d'un humour joliment tourné et empli d'émotions des plus émoustillantes.
Qui l'aurait cru ? Je venais de lire un livre ouvertement érotique (voire pire) sans en ressentir les frissons escomptés et voilà que sous les mots et métaphores de cet auteur du bout du monde, mon sourire, mon corps, mon âme ont entrepris de vibrer de toutes leurs sonorités, de toutes leurs colorations, de tous leurs souffles les plus palpitants.

Que c'est beau !!! Et quelles magnifiques rencontres j'y ai faites !

J'y ai rencontré un homme peu vaillant au travail, transformé en un facteur ailé, en un messager zélé au contact des métaphores savoureuses du grand poète Neruda.

J'y ai rencontré une femme ouverte à toutes les convoitises, séduite par l'âme pure (ou presque) de l'amoureux poète débutant, succombant au charme des mots et fondant de désir en attendant l'assaut.

J'y ai rencontré une belle-mère inquiète à la langue empâtée de tous les termes vulgaires dont elle a dû user pour se faire respecter sans un homme à ses côtés pour la protéger.

J'y ai rencontré la tranche d'histoire d'un pays empreint aux soifs de pouvoir, aux injustices, chamboulé dans un contexte de guerre froide et de crise politique.

J'y ai rencontré les plus belles descriptions du mélange des corps, des désirs, des chairs et des soifs donnant des ailes aux papillons endormis sur les visages - les lecteurs de ce roman me comprendront - et au creux des reins.

J'y ai rencontré Pablo Neruda dans l'intimité de son Île Noire, dans son tête-à-tête avec l'océan et la nature environnante, dans son envie de bout du monde, de solitude et d'isolement.

J'y ai rencontré Antonio Skármeta, écrivain et poète talentueux qui a su transformer ces quelques heures de lecture en un jardin luxurieux et luxuriant, en un arc-en-ciel coloré et merveilleux, en un vol d'oiseaux virevoltant, en une gerbe de délices savoureuses et odorantes, en un voyage infini au pays des sens.

Une ardente patience mérite une deuxième, une troisième lecture pour en capter toutes les richesses et toutes les émotions. Ce petit livre s'en ira émouvoir d'autres amis lecteurs avant de me retrouver pour de nouvelles aventures.
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La réunion de deux êtres que tout oppose. Un cahot sur le chemin de la vie qui vous détourne de votre voie et vous bouleverse jusqu'au plus profond de votre âme. Ils n'avaient rien en commun si ce n'est un désir de s'abreuver de la vie jusqu'à plus soif.

Mais il est des rencontres qui ne peuvent s'oublier quand elles sont placées sous le signe du sublime et de la poésie. Lorsque au hasard de votre chemin un homme célébrissime se hisse vers vous et que ce monument se nomme Pablo Neruda comment rester de marbre ? Un homme comme il en existe peu, un vrai terrien, entier et passionné. Un homme amoureux de la vie et de ses semblables.

1969. le Chili, est un pays épris de liberté, de démocratie, charnel et marqué par les premières télévisions en couleurs. Mario, 17 ans, ne souhaite pas suivre la lignée des pêcheurs comme son père et la plupart des hommes du village. Mario est amoureux des mots, il rêve d'écriture de poésie, de littérature alors quand on lui propose de devenir facteur et d'avoir pour seul et unique client Pablo Neruda, Mario voit là une opportunité rêvée pour faire une des plus belles rencontres de sa vie. Il ne lâchera plus le poète. Il marchera dans ses pas en se nourrissant de chacune de leurs discussions. L'homme de lettres se sentira, au début, quelque peu agacé par son altruisme et son affront. Mais peu à peu tel le Petit Prince et le Renard, ils parviendront à s'apprivoiser et apprendront à se faire confiance mutuellement. Comment peut-on résister à ce jeune homme attendrissant, naïf et plein de surprise ? Cette rencontre pleine de verve, d'échange et de magie se transformera en une belle et forte amitié. Deux êtres que tout opposait parviennent à se trouver bien au-delà des différences. Et les barrières liées à leurs âges et à leurs milieux fondent sous l'effet des liens extraordinaires qui doucement se nouent.

Mario sera pendu à ses lèvres se nourrissant des paroles de son maître absolu. Il apprendra à ses côtés à faire chanter les mots tandis que Pablo Neruda y retrouvera la ferveur de sa jeunesse passée et un certain amusement. Echanges de bons procédés.

Mario lui demande de lui enseigner le verbe afin de courtiser la belle Béatriz. Il lui enseigne les rudiments de la poésie, des mots, des phrases. Mais tandis que Mario apprend à dire l'amour et se consumme pour Beatriz, le Chili, lui, brûle et se perd dans une tourmente politique sans précédents. Balayés les mots d'amour et le lyrisme, il ne reste plus que les cendres incandescentes d'une terre meurtrie...Et aussi l'exil.

Un face à face inoubliable, on rit, on pleure et on referme ce livre avec une certaine tristesse.
Une ardente patience un livre d'une poésie à couper le souffle !

Un livre sur une rencontre inoubliable, puissante et profonde. Au hasard des lignes, entre deux mots échangés, une rencontre de l'instant qui apaise le coeur et réconforte l'âme.

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La vache, il m'émeut grave ce chef-d'oeuvre de 150 pages et je me pris à téter tel un jeune veau aux plantureuses mamelles métaphoriques des vers de Pablo Neruda parsemant ce roman de coco coquelicots. Je n'en ferai pas un fromage mais tiens à ouvrir largement mon bec, alors renards soyez prêts et je vous regarderai passer.


J'ai vu à sa sortie le film franco-belgo-italien réalisé par Michael Radford (avec Philippe Noiret dans le rôle de Neruda) adapté du roman d'Antonio Skármeta, en 1994. Hormis les paysages enchanteurs et la fulgurante beauté de quelques répliques, un peu déçu je m'étais alors dit que le lire … 1994-2020 : Une ardente patiente. Quelle récompense ! Magique l'écriture de Skarmeta. Aussi plutôt que vous raconter par le menu comment ce facteur amoureux transi de la fille de l'aubergiste fit la rencontre et entra en amitié avec le grand poète chilien voici quelques effluves pour par l'odeur vous allécher.


D'abord il y a la mer :
« Innombrables étaient les vagues, pur le soleil de midi, voluptueux le sable et légère la brise, mais aucune métaphore ne germa. Tout ce que la mer portait en elle d'éloquence n'était chez lui que mutisme. » p.32

Ensuite il y a la mère :
« - Et alors, don Pablo, avec ces métaphores, il a rendu ma fille plus chaude qu'un radiateur.
- Mais, madame Rosa, nous sommes en hiver. » p.75

Puis le facteur amoureux :
« - Et ensuite tu retournes chez toi pour dormir un peu. Tu as des orbites plus creuses que des assiettes à soupe.
- Ca fait une semaine que je n'ai pas fermé l'oeil. Les pêcheurs m'appellent le hibou. » p.80

Le discours du poète à la réception de son prix Nobel :
« A l'aurore, armés d'une ardente patience, nous entrerons aux splendides villes. » « Je crois en cette prophétie de Rimbaud, le voyant. […] Je n'ai jamais perdu l'espérance. » p.125

Enfin ce poème :
« Je retourne à la mer qu'enveloppe le ciel
le silence entre une vague et l'autre
instaure une attente dangereuse :
que meure la vie, que se calme le sang
et que déferle le mouvement nouveau
pour que résonne la voix de l'infini. » p.151


Et soudain un twist final ou toute poésie se trouve anéantie non par la mort du poète mais celle même de l'amour et ce par la méchanceté des hommes. C'est ainsi que je laisse tomber mon mouchoir suite à cette fin déchirante qui rend ces éclats de vie d'autant plus brillants. Un bijou.
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A mon sens, ce petit livre est un chef d'oeuvre. Il offre beaucoup de joies diverses : que ce soit au plan littéraire, historique, humoristique, ou bien encore grâce à la sensualité de certaines pages, que l'on ne peut nier. Pour vous expliquer. J'étais en bord de mer au Chili, dans un village de pécheurs assez appauvris. Là où vit paisiblement Mario, dont la vie va subir de multiples changements. D'abord, son père lui conseille de se trouver un boulot. C'est alors qu'à la poste, on lui offre de livrer le courrier du poète Pablo Neruda, résidant sur l'ile noire. Celui-ci est un peu préoccupé car il est candidat à la présidence du Chili, tout en soutenant son ami Salvador Allende. Entre Mario et le poète, pourtant aux antipodes l'un de l'autre, finira par s'installer une relation joyeuse, drôle, mais aussi solidaire. Don Pablo portera secours à Mario, alors que celui-ci aimerait séduire Beatriz dont il est amoureux. Plus tard, les bousculements politiques lors du coup d'Etat de Pinochet plongeront, et le poète, et Mario, et le Chili tout entier, dans la tourmente. Pablo Neruda dit lors de son discours au Nobel ceci :

" (...) je veux dire aux hommes de bonne volonté, aux travailleurs, aux poètes, que l'avenir tout entier à été exprimé dans cette phrase Rimbaud; ce ne sera qu'avec une ardente patience que nous conquerrons la ville splendide qui donnera lumière, justice et dignité à tous les hommes."

Une belle lecture sur la poésie et l'art de la métaphore, la camaraderie et le désir amoureux, sur fond de basculement politique. C'est poétique, drôle, sensuel, et quelques passages nous offrent même un érotisme assez torride. Ce petit livre est un superbe salut au poète.
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Dans un petit village de pêcheurs, Mario Jimenez renie cette profession et trouve son bonheur grâce à une petite annonce sur la vitre du bureau de poste de l'île Noire. L'annonce est un avis de recrutement pour un facteur avec pour unique client le poète Pablo Neruda.
Quelle aubaine pour Mario qui voue une grande admiration au Poète !
Tous les jours, Mario lui apporte son courrier et, au fil du temps, ils deviendront amis.
Un roman de seulement 156 pages mais d'une qualité supérieure de par sa prose, ses poèmes, ses sentiments très forts. Antonio Skármeta aborde aussi, en filigrane, la situation politique du Chili.
Ce roman a été adapté au cinéma sous le titre le Facteur et a connu un succès mondial.
« Une ardente patience », une lecture ardemment conseillée !
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