Cela fait longtemps que j'ai envie de découvrir la plume de
Romain Slocombe. C'est donc avec un grand plaisir que j'ai reçu ce roman des Editions Syros. D'autant qu'il se déroule sous la Seconde Guerre mondiale.
En guise de prologue, nous découvrons la circulaire 173-42 du 13 juillet 1942, qui prescrit l'arrestation froide et massive des juifs de Paris et en précise le déroulement dans les moindres détails. Premier choc passé, on se rend compte que de nombreux policiers français ont en plus fait du zèle !!
Le récit se découpe ensuite en trois parties. D'abord une lettre que Paula envoie de Lyon, en 1942, à son ami Jacques parti à Londres avec sa famille. Lettre d'une jeune fille amoureuse et insouciante malgré l'humiliation et la peur qu'elle côtoie tous les jours. Ensuite vient le récit du retour de Paula à Paris. Un narrateur externe prend le relais. Là encore, sa jeunesse, sa naïveté crèvent les yeux. Enfin, le dénouement nous est offert, un éclairage sur les faits passés, cinquante ans plus tard.
Cette construction originale nous offre différents points de vue, tout en apportant des explications à des interrogations que l'on a pu se poser au fil de la narration. le récit se met en place tel un puzzle qui se dévoile pièce par pièce. C'est assez bien vu.
J'ai apprécié ce livre qui nous plonge dans l'atmosphère de l'époque et dans ce climat antisémite qui avait gangrené la société toute entière. Malgré l'horreur, peu de Français osaient montrer leur désapprobation, pire, beaucoup applaudissaient ! Quelques-uns heureusement se sont montrés courageux et certains l'ont chèrement payé.
J'ai particulièrement apprécié la deuxième partie du roman qui décrit la vie dans la France occupée, notamment à Paris. L'auteur nous entraine à travers les rues et les quartiers. Nous ressentons la peur des uns, l'indifférence des autres, l'opportunisme des pires. le rendu est criant de vérité. On se rend compte aussi que l'auteur est bien documenté, les faits rapportés sont rigoureux et exacts, de même que les noms cités (comme Chamberlin dit Henri Lafont, chef de la Gestapo française et sa maitresse, Mara Tchernycheff, ou encore l'abominable Dr Petiot). Et au milieu de toute cette horreur, de toutes ces magouilles et luttes d'influence, Paula semble bien fragile et innocente. On tremble pour elle à chaque ligne.
C'est une histoire dure mais vraie, écrite à la mémoire de toutes les Paula de l'époque, de toutes les familles décimées. Un roman sur la guerre et la lâcheté mais aussi sur la possibilité du pardon. Un récit qui s'inscrit dans l'indispensable devoir de mémoire et que tous les jeunes devraient lire.
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