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Critique de Chri


Sloterdijk aime présenter ainsi son livre : « A ma propre surprise, je constate que les vignettes de penseurs rassemblées ici produisent une sorte d'agrégat sensé ».
Ce livre nous invite donc à sentir autant les tempéraments philosophiques de ces penseurs, que celui de l'auteur, intimement lié à sa manière de penser.
Niché, au coeur du livre, l'auteur nous donne un autre indice : « le nom de Friedrich Nietzsche fait toujours battre plus vite le coeur des artistes et des révisionnistes. ».

Révisionniste : le mot pique. Par-là, l'auteur cherche seulement à nous entrainer dans « les aventures qui nous échoient lors de la révision de notre propre histoire ».
Ces « vignettes » d'une dizaine de page à peine, consacrées à chaque penseur, démontrent un art de la « parodie sérieuse », qui laisse en effet apparaître une grande érudition derrière l'art de la formule.
Lorsque l'auteur s'étonne de cette « sorte d'agrégat sensé », il rappelle que son révisionnisme n'est pas guidé par un grand dessein idéologique.
Pour être plus clair encore, il souligne son antagonisme avec Hegel : « Chez Hegel apparaît au grand jour le secret de la philosophie classique : penser métaphysiquement a toujours signifié penser en termes de parachèvement ; (autrement dit) connaître, c'est se souvenir ; concevoir, c'est reconstituer. »

Pourtant, il y a bien chez Sloterdijk, l'appel ou le dessein d'un monde tempéré et stable, ou pour le moins d'une « temporalisation d'ordres provisoires ». C'est ce que nous rappellent les vignettes qu'il consacre aux deux penseurs, Platon et Foucault, qui encadrent la série.
Son voeu d'un monde tempéré est ancré sur un fond de spiritualité chrétienne, comme le rappellent les vignettes consacrées à Augustin et Giordano Bruno.
Dans son livre « Bulles », il nourrit même une véritable aversion envers l'aventure du vivant telle que tente de la décrire la théorie de l'évolution.
Dans la presse, lorsqu'il se déclare « conservateur de gauche », il comprend les acquis sociaux plutôt comme une structure à conserver, qu'un processus ou une aventure à vivre.

Ce n'est pas seulement ce livre, dont il constate la cohérence a posteriori, c'est en fait l'idée rétrospective qu'il se fait de l'ensemble de son oeuvre. Mais la surprise a laissé la place au regret, qui lui fait dire, sur France Culture, qu'il aurait souhaité que son oeuvre soit « moins prévisible ».

Avis aux fixistes inféodés qui voudraient passer pour des aventuriers révisionnistes !

Après cette critique, sous forme d'une longue introduction, place à la lecture de ce bon livre très abordable ; place à Platon, Aristote, Augustin, Giordano Bruno, Descartes, Pascal, Leibniz, Kant, Fichte, Hegel, Schelling, Shopenhauer, Kierkegaard, Marx, Nietzsche, Husserl, Wittgenstein, Sartre, et Foucault.
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