Avec cette histoire inspirée de faits réels, la néerlandaise
Susan Smit sort de l'oubli Entgen Luijten, modèle de courage, une des premières femmes à se dresser contre une société dominée par les hommes.
« Aujourd'hui le 10 juillet 1674, par ordre du bailli et des échevins de Limbricht, vous êtes arrêtée pour suspicion de sorcellerie ou magie noire. »
À plus de 70 ans, Entgen Luijten est enfermée sans ménagement dans une cellule glacée, privée de tout confort. Dans l'attente de son procès, elle convoque les souvenirs qui ont façonné sa personnalité. Elle se remémore toutes ses querelles de voisinage, les discussions un peu trop franches qu'elle a eues avec les habitants de Limbricht. Mises bout à bout, en revenant des dizaines d'années en arrière, elles deviennent des accusations de jaloux et de pleutres. Ses connaissances de la nature deviennent des pratiques païennes, de la sorcellerie. Tous ces « qu'en dira-t-on » coulaient sur elle. Elle était heureuse. Elle avait son mari, sa fille, vivait sa vie sans se soucier des autres. Une femme forte, à la sexualité libérée, qui négocie à la place de son époux, qui lutte pour ses droits : « Je suis bien consciente que ma langue acérée et mon amour de la vérité m'ont souvent mise en danger. »
Si l'auteure a dû imaginer ce qu'étaient les journées et les détails de la vie de Entgen Luijten dans cette bourgade néerlandaise du XVIIe siècle, elle a exhumé des archives régionales les écrits du procès qui s'est réellement tenu. Un récit terrifiant émaillé de tortures, d'actes de barbarie et d'humiliations : les méthodes qu'employait l'Église pour faire avouer ceux qu'ils pensaient pervertis par le Diable. le récit peut être difficile mais lève le voile sur une part de l'histoire que l'église n'a jamais voulu renier.
Les éditions Charleston inaugurent avec ce roman leur nouvelle collection Les Ailleurs, des destins de femmes par des plumes étrangères, peu traduites en France.