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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
1674, Entgen Limbricht, une dame âgée de plus de 70 ans, trop franche de par ses propos, trop affirmée, un peu trop au courant du pouvoir de guérison des plantes, est accusée de sorcellerie.
Dans sa cellule, en attendant son procès, elle nous fait revivre son passé aux Pays-Bas où elle a toujours vécu.
Dans sa famille, elle aidait sa mère , catholique à l'excès et son père , régisseur.
Grâce à sa grand-mère paternelle, athée mais pas révoltée contre la religion, elle apprend une vie guidée par le bon sens humain, la sincérité. Elle lui apprend le pouvoir de guérison des plantes qu'elle cultive dans son jardin.
L'auteure, Susan Smit, nous livre quelques remèdes de cette époque de façon très intéressante.
Mariée à Jacob, Entgen nous livre sa vie de femme, vraie, honnête, maternelle, amoureuse de son mari, non empêtrée dans les bondieuseries.
Hélas, cette authenticité la mènera au cachot et davantage.
Le livre commence d'ailleurs par une citation qui prête à réflexion :
" Utopie : un monde où n'existerait plus que des différences, de sorte que se distinguer n'équivaudrait plus à s'exclure."
Roland Barthès 1975
Le livre est traduit du néerlandais par Marie Hooghe et j'ai apprécié la qualité du texte, des mots.
Je ne connaissais pas cette collection "Les ailleurs"chez Charleston. Une très belle édition écoresponsable au papier très lisse , à la couverture attirante et colorée.
Je le rangerai avec plaisir dans ma bibliothèque.
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Après ma période vampire, j'ai ma période sorcière. Et dites donc qu'est ce que j'en apprends des choses ! D'autant que La sorcière de Limbricht est un roman tiré d'une histoire vraie, celle de Entgen Luijten qui fut accusée de sorcellerie en 1674, une accusation floue quand on y pense. de quoi pouvait-on accuser ces femmes ? Et bien principalement d'avoir dansé au Sabbat avec d'autres sorcières en compagnie du Diable, et même d'avoir forniqué avec lui tant qu'à faire, d'avoir causé du tort aux voisins en tuant leurs vaches en les farcissant de vermine, de chauves souris et de serpents (étrange comme recette de cuisine) et, pourquoi pas au point où on en est, d'avoir fait de mauvaises récoltes ou d'avoir un mioche idiot. Bref tout et n'importe quoi.

Et comment on le prouve ? La sorcière porte la marque du Diable pardi ! Autant vous dire qu'à ce stade on est mal barré parce que tout le monde a ce genre de tâche ! Heureusement l'inquisition donc l'Église fait ça sérieusement il faut aussi des aveux… obtenus sous la torture. On est sauvé ! Une procédure judiciaire menée en grande pompe et des accusations impressionnantes qui ne sont en fait qu'un théâtre pour se donner une contenance. de la poudre aux yeux. Les accusateurs et les juges n'ont pas le courage de leurs actes, s'ils condamnent ces femmes c'est pour ce qu'elles sont, tout le reste n'est que mensonge.

Susan SMIT remet les pendules à l'heure et réhabilite les sorcières en leur rendant leur vrai visage. Être sorcière c'est être une femme seule qui se débrouille sans homme, souvent veuve, c'est être proche de la nature et savoir utiliser les ressources qu'elle offre pour apaiser les maux et guérir les petits bobos. Être sorcière c'est apprendre à observer la nature et les animaux pour mieux en tirer des conclusions utiles et améliorer sa récolte et son potager, la santé de son cheptel ou celui de ses arbres fruitiers. Être sorcière c'est avoir du caractère, s'affirmer, refuser la domination, se rebeller. Être sorcière c'est exister en tant que femme et non vivoter en tant que sexe faible.

Dans La chambre des Diablesses, Isabelle DUQUESNOY nous parlait de la Voisin, une sorcière qui a sombré dans l'ésotérisme, qui a fini par se conformer à l'image d'Épinal de la sorcière pour plaire à ses clients, jusqu'à coller au stéréotype, s'y perdre et devenir un monstre. Ici Susan SMIT nous parle de celles qui n'ont jamais cherché à être qualifiées de sorcières, celles qui ne vivaient pas des services qu'elles rendaient, celles qui étaient proches de la nature, des plantes, qui savaient qu'elles n'avaient pas de pouvoirs magiques et qui ne croyaient pas plus au Diable qu'à Dieu. Des herboristes, des sages femmes, des apothicairesses, des païennes, des grandes gueules, … Voilà qui étaient les sorcières, des femmes intelligentes à l'esprit libre à qui on a fait payé cher leur audace. Des femmes de science, des observatrices, pas des bigotes, des superstitieuses ou des soumises. Là était leur faute.

Tuer des sorcières ce n'était pas simplement tuer quelques femmes, c'était faire un exemple pour tenir les autres en laisse, les garder soumise. C'était aussi briser la sororité qui aurait pu les unir car il n'était pas rare que, ivre de douleur, une sorcière dénonce une autre femme pour abréger ses souffrances. Dans ces conditions pour une femme, toutes les autres étaient potentiellement dangereuses. Un bon moyen de garder la femme à la maison soumise à son mari et à Dieu. Discréditer ces femmes c'est renforcer l'emprise de l'Église: c'est Dieu qui accorde des faveurs et inflige les épreuves pas la nature, prétendre pouvoir adoucir les punitions de Dieu ou s'en prémunir relève du blasphème. Subir, prier, courber l'échine et rien d'autre.

Mais ce livre c'est avant tout l'histoire de la vie de Entgen. Une vie porteuse de réflexions sur les relations humaines entre un mari et sa femme, entre une mère et sa fille. Des questionnements riches et profonds.

C'est aussi une ode à la nature portée par une écriture sensorielle et poétique. J'ai aimé ces longues balades dans la lande néerlandaise, ses odeurs, ses couleurs, jusqu'à sentir le vent se poser sur moi. Des promenades comme un baume apaisant sur les coeurs. Un bonheur simple qui dompte les plus grandes colères et efface les injustices des hommes parce que la nature est au-delà de tout ça.

J'ai aimé écouter Entgen me parler de son mari qu'elle aimait à sa façon sans savoir si c'était la bonne, de sa relation compliquée avec sa mère, de celle plus douce avec ses frères et soeurs, de l'admiration qu'elle vouait à son père, du lien si particulier qui l'unissait à sa fille. J'ai aimé ce personnage tellement fort et fragile. Touchant par sa grandeur d'âme et par ses doutes.

Et par dessus tout j'ai aimé cette plume qui ressource le lecteur et lui procure une joie enfantine et une liberté que l'on respire à plein poumons.
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En 1630, Entgen Luijten et sa famille s'installent à Limbricht, aux Pays-Bas.
Entre une mère qui ne voit que par sa foi chrétienne et une grand-mère qui lui raconte la nature et les plantes, elle a vite choisi.
Elle apprend les noms, certaines préparations pour aider ou soulager, humains et animaux.
Pour certains esprits bornés ou ceux qui se laissent abuser par les paroles des prêtres et de l'église, ce ne sont que des rites sataniques. Il suffit pourtant de regarder autour de soi pour comprendre.

"Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas ; ce qui est en bas comme ce qui est en haut."
"Si on voit les alouettes voler haut dans le ciel, c'est parce qu'elles doivent aller chercher des moucherons dans l'air chaud : le temps restera donc provisoirement sec. Un soleil aqueux et une lune blafarde annoncent de la pluie. s'il n'y a pas de taupinières fraîches, c'est que les taupes doivent trouver leurs vers plus profondément dans le sol, signe que le froid persistera. A la lune décroissante, la sève est aspirée vers les racines, on peut alors mettre en terre les plantes-racines et les arbres qui doivent s'ancrer solidement ; à la lune ascendante, la sève est de nouveau aspirée vers le haut et c'est le moment favorable pour planter et semer les légumes et les végétaux qui poussent hors sol. Pas besoin d'être devin pour le savoir.
Ce n'est pas une question de prédictions magiques, il suffit d'avoir une vue d'ensemble de l'organisation de la nature vivante et d'en tirer ses conclusions."

Entgen se marie, contre l'avis de sa mère et du village. Elle ne se laisse pas déstabiliser, c'est une femme forte qui montre qu'il n'y a pas que les hommes qui peuvent marchander, assister à des réunions. Cela ne plait pas à tous ces messieurs grossiers qui se croient supérieurs à la gent féminine. Elle est généreuse, elle sait ce qu'elle veut et ne pliera jamais.

Le 10 juillet 1674, elle est arrêtée et enfermée pour sorcellerie. A la mort de son mari, elle se débrouillait seule, un peu en marge du village. Elle aidait les personnes qui en avaient besoin avec ses plantes et cela suffit à ce qu'elle soit qualifiée de sorcière. Elle subira des sévices terribles pour lui faire avouer.
"- M'examiner ? qu'est-ce que cela signifie ?
- Cela signifie que je dois examiner votre corps pour y détecter une potentielle stigma diabolicum, répond-il.
- Qu'est-ce que c'est ?
- Des taches sombres, aussi appelées taches de naissance ou taches de vin, des verrues et d'autres marques du diable."

Basé sur des faits réels, La sorcière de Limbricht de Susan Smit, un livre captivant, touchant, beaucoup d'émotions. Une ode à toutes les femmes brisées ou brûlées au nom de la bêtise humaine et de croyances ancestrales.












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🌸Chronique spéciale #marsaufeminin 🌸


« Aujourd'hui que je suis moi-même accusée, je ne suis plus aussi convaincue de l'existence des sorcières. »

Ne reste qu'à définir le mot: Sorcière…Parce qu'une sorcière du 17e siècle ne sera pas la même que celle du 21eme, mais il n'en restera pas moins que, Sorcière, à toute époque confondue, garde cette connotation trop négative, trop genrée, trop soumise aux aléas abusifs du patriarcat. Sorcière, est-ce finalement une figure effrayante de nos imaginaires ou l'incarnation de la femme libre? En tout cas, La Sorcière de Limbricht est une femme qui prend le parti de s'exprimer haut et fort. Et en 1674, cela ne passe pas. En 1674, on attend d'un femme qu'elle soit soumise à la volonté de son mari, de l'Église, et du pouvoir en place. Entgen Luijten ne s'y résoud pas. Voilà pourquoi, elle se retrouve dans un simulacre de procès, à nous raconter sa vie, ses souvenirs, et ses derniers jours dans le cachot du baron van Breyll. Alors quitte à définir le mot Sorcière, je crois bien, au vu de ses confidences, que c'est celle qui dérange, celle qui prend soin de la terre et des êtres vivants, celle qui déploie l'idée d'une sororité possible. Si les sorcières existent alors, Entgen en est la plus douce des incarnations, et aujourd'hui, lui rendre hommage en vous parlant de sa force intérieure, de sa tendance à la bienveillance, de sa façon de s'élever contre les oppressions pourrait, sans doute, changer votre regard sur la définition même du mot: Sorcière…

« Je ne sais pas ce que signifie « territio », mais si c'est dans le Marteau des sorcières, ce doit être une atrocité. »

Autant, j'avais déjà entendu parler de ce fameux livre, dont se servait l'Inquisition, pour « démasquer » la sorcière, autant le « territio » m'était aussi inconnu qu'à Entgen. Et pourtant, c'était à prévoir que ce serait une horreur de plus, imposée aux femmes. C'est fou comme la bêtise, la peur, la jalousie peut mener à de telles tortures ignobles. Entgen, n'a fait que aider son prochain, être attentive à la nature, tenir sa maison avec une main ferme et efficace, et voilà, qu'elle doit subir, les accusations, les trahisons, l'emprisonnement. Et le territio. Pourtant, elle ne cédera pas aux menaces, aux humiliations, à la douleur extrême, elle continuera de clamer son innocence et de se tenir droite pendant toute la durée de son procès. le plus difficile étant de savoir que c'est une histoire vraie. Que cette vieille dame ait pu être à ce point, affligée de tous ces immondes supplices, m'a vraiment brisé le coeur…

« Et pourtant, quelque part en moi, j'entends toujours la même mélodie. Mon coeur n'est pas vieux. »

Cette femme était vieille, seule, indépendante, intelligente, sensible, engagée, inflexible, incorruptible…Autant de déterminant qui ont fait peur à ces acharnés de la chasse aux sorcières, et ont scellé son sort…Qui sont les diables, je me demande, parfois…Susan Smit, avec ce roman bouleversant, nous conte les dérives de l'Histoire, avec son plus grand et honteux des féminicides, mais nous offre aussi des graines d'espoir pour tous nos futurs combats féministes qu'on sera amenées, à faire à un moment ou un autre. Parce qu'elle honore, elle aussi, la vérité, mon coeur se lie à la mélodie de sororité que l'on peut saisir dans ces pages. Un coeur qui bat, quelque soit son âge, n'est jamais vieux, inutile, ou insignifiant. Je crois, au contraire, qu'il nous faut absolument, les coeurs de nos aînées, de nos modèles, de toutes nos soeurs pour faire bouger les choses. Même ceux de nos fantômes, il nous les faudrait tellement la lutte est grandiose et primordiale…La Sorcière de Limbricht nous montre le chemin: elle nous réapprend l'importance de se lier au Vivant, la beauté de la résilience, et la force du féminin. Coup de coeur 💜
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Je suis toujours très attirée par les romans historiques traitant du thème de la sorcière. J'avais repéré celui-ci grâce aux avis des lectrices Charleston avant même sa sortie. Aussi , j'ai été plus que ravie d'avoir la chance de le découvrir grâce à Babelio et sa fameuse opération masse critique. La sorcière de Limbricht est un roman néerlandais, le premier de la nouvelle collection Les ailleurs des éditions Charleston, « une collection cosmopolite qui nous plonge au coeur des moments fondateurs de l'Histoire Mondiale ». La sorcière de Limbricht, c'est Entgen Luijten, vieille femme arrêtée pour suspicion de sorcellerie. du fond de son cachot humide, Entgen nous raconte l'enfermement, les interrogatoires. Mais elle se souvient aussi, de son passé, de son amour pour la nature, des rencontres qui ont fait sa vie. Et on découvre peu à peu, à travers les bribes de ses souvenirs comme à travers ses épreuves actuelles, savamment entremêlés, une femme forte, indépendante. Une femme qui refuse de dénoncer d'autres femmes pour alléger son fardeau. Qui refuse de se renier. Une femme pour qui la nature est une religion en elle-même, qui la rapprochera bien plus du divin que les sermons empesés et les promesses de purgatoire d'un pasteur sous la coupe du pouvoir séculaire qu'elle a combattu. Comme souvent dans les épisodes de chasse aux sorcières dans l'histoire, on comprend que c'est justement tout ça qui a condamné Entgen. Cette société patriarcale ne peut accepter une femme libre. Elle fait peur. On jalouse ses succès. On lui reproche ses choix. On n'accepte pas qu'elle n'ait pas besoin des hommes, ni des autres. Entgen n'est pas qu'un personnage de fiction, elle a réellement existé, elle a vécu ce procès. L'Autrice Susan Smit s'est beaucoup documentée pour écrire son livre, et cela se sent. Ce côté réel rend le roman encore plus poignant. le style, assez poétique et très travaillé, donne une gravité, une pesanteur qui correspond tout à fait à la situation vécue par Entgen. On a l'impression d'être à ses côtés, au fond de son cachot. On s'attache beaucoup à elle, et je me suis souvent identifiée au personnage, parfois je me disais "à l'époque, on t'aurait brûlé toi aussi". Quand j'ai commencé le livre, il ne faisait aucun doute pour moi de quelle façon il allait finir. On sait bien par expérience que les femmes accusées de sorcellerie était au fond déjà condamnées. Et pourtant, Entgen traverse toutes ces épreuves avec tellement de force, de courage et de détermination, que je me suis prise à penser qu'elle faisait peut-être partie de ces exceptions passées entre les mailles du filet. Je ne pouvais pas concevoir qu'elle ait traversé tout ça pour rien. J'ai vraiment été bouleversée par ce livre. En le terminant, je refusais que ce soit la fin. J'ai tout lu, la note de l' autrice (très intéressante), les différentes chronologies, les avis des lectrices... Je n'arrivais pas à quitter Entgen, à mettre un terme à son histoire. Il m'a fallu 3 jours avant de réussir à prendre un autre livre. C'est un roman qui va me marquer durablement.
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Avec le droit à l'avortement fraîchement inscrit dans la Constitution (alléluia mes soeurs !) et une Journée internationale des droits des femmes toujours d'actualité, un livre féministe à vous présenter s'est rapidement imposé. Roman coup de coeur, La sorcière de Limbricht, présenté comme une revisite féministe de la chasse aux sorcières, est aussi obsédant que bouleversant.

Inspirée de la véritable histoire d'Entgen Luijten, ce roman est une réhabilitation de cette femme injustement accusée de sorcellerie. Mais qu'est-ce que la sorcellerie en vérité ? Une femme qui fricote avec le diable un soir de pleine lune ou simplement une femme indépendante ?

Nous sommes en juillet 1674 aux Pays-Bas, et il ne fait pas bon d'être une femme seule qui se débrouille fichtrement bien (n'est-ce toujours pas le cas ?). Arrêtée et enfermée sans plus d'explication, cette dernière dans l'attente de son procès, nous raconte sa vie et ce qui potentiellement l'a conduite au cachot.

Élevée entre un père régisseur solitaire, mais aimant et une mère bigote, le destin d'Entgen était tout tracé, c'est-à-dire s'occuper de ses parents. Instruite aux pouvoirs des plantes par sa grand-mère, la jeune paysanne voit son avenir chamboulé à 27 ans lorsqu'elle croise le chemin de Jacob. Un désir ardent se réveille...

Que s'est-il passé pour qu'à 74 ans, Entgen finisse seule et enfermée ?

En alternant scènes brutales et récit de vie parsemé de scènes contemplatives et poétiques, Susan Smit fait de cette figure historique un personnage terriblement humain.

Portrait d'une femme forte et inspirante, Entgen cristallise la haine et la peur que la religion, chrétienne en l'occurrence, porte en son sein. Une peur qui consiste à se méfier des femmes indépendantes, débrouillardes et qui auraient l'audace de mieux faire que les hommes. Car en vérité, c'est bien de cela qu'il s'agit. Ici, d'une femme qui sait mieux que quiconque se référer à la nature, en puiser son pouvoir non à des fins d'exploitation, mais à celles de l'équilibre. Une femme à la conscience politique accrue qui, dans une verve que je prête à Arlette Laguiller, participera à la volonté de réformer une injustice politico-économique locale paysanne.

D'un souffle romanesque puissant, Susan Smit prête sa voix à des réflexions humaines profondes, notamment la relation aux époux ou encore celle de la filiation, tout en grâce et subtilité. Autant émue que fascinée par Entgen et la plume de l'autrice, ce roman m'a fait prendre conscience que sous couvert de chasse aux sorcières, la traque des femmes anticonformistes fut le plus grand féminicide jamais organisé par la religion, donc par les hommes.

Plus qu'un roman, Susan Smit fait de la sorcière de Limbricht un ouvrage remarquablement documenté. Témoin du passé, il est d'autant plus d'actualité.

À présent, vous comprenez mieux pourquoi il me fallait vous conseiller ce livre en cette journée ô combien importante !
Lien : https://bookncook.fr/2024/03..
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Le titre est trompeur ; Entgen n'a nullement été une sorcière, bien au contraire.
C'est une histoire vraie, l'auteur a juste de temps en temps inventé des détails.
Ce livre m'a fait penser à celui de Mona Cholet, Sorcières, que j'ai lu et que j'ai trouvé passionnant.
Il ne s'agissait pas d'un livre sur les sorcières, mais sur les femmes libres, sans attaches que de celui du plaisir,qui font très peur aux hommes.
L'histoire se situe en 1600 environ, au Moyen-âge néerlandais.
L'histoire d'une femme toute simple, Entgen, qui est tout sauf une sorcière !
Seulement voilà, à l'époque ça ne rigolait pas au sujet des sorcières ; l'inquisition est passée par là, et toute femme indépendante, n'ayant pas sa langue dans sa poche et utilisant des remèdes "maison" à base de plantes et de roches étaient très mal vues. Elle perd son mari assez jeune.
Nous apprendrons à la fin ce qu'il en est.
J'avoue que j'ai peu suivi et lu avec attention les histoires de baronnie, de familles royales, et d'ambitions. Il y a d'ailleurs en début d'ouvrage un arbre généalogique que j'ai bien peu regardé.
Ce qui m'intéressait c'était le destin de Entgen.
Elle donne tout pouvoir à la nature, elle panse, réconforte, et travaille vaillamment.
Et puis un jour, ell est arrêtée et jetée dans un cachot pour sorcellerie.
À partir de là, elle ne cessera de se souvenir, pour notre plus grand plaisir, de sa vie et de ses joies et peines.
Roman à deux voix donc, très intéressant ; une partie pour la vie dans le cachot, et l'autre partie pour ses souvenirs.
Elle subira la torture plusieurs fois sans rien avouer car elle est innocente.
Là encore, l'auteure aurait pu, au regard de cette mode abjecte qui décrit par le menu des actes ultra-violents, nous décrire justement en détail le contenu de ces tortures. Bien sûr on sait ce que va supporter Entgen mais rien de violent ou de malsain ne perturbe le roman.
Et ça, ca me plaît.
Une belle histoire, d'une femme courageuse et rebelle, qui ne joue pas l'hypocrite à l'église, qui est libre, indépendante et qui n'a pas besoin d'un homme pour vivre.
Un portrait original et moderne finalement.
Quelle sacrée bout de femme !!
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C'est l'histoire d'Entgen Luijten , accusée de sorcellerie, en 1974 aux Pays-Bas.

Etaient accusées de sorcellerie, les femmes féministes avant l'heure, celles qui n'avaient pas leur langue dans leur poche, qui ne voulaient pas se laisser dominer par les hommes que cela soit par leur mari ou par le seigneur du domaine ou par l'Eglise; celles aussi qui étaient prochent de la nature, qui connaissaient la nature et la respectaient afin que celle-ci soit généreuse avec elles, avec l'Homme.

Le roman se passe durant son enfermement avant son procès dont on parle également. Entre les coups, Entgen raconte son histoire, comme elle était, sa famille, son mari, sa fille et tout ce qui a conduit à ce qu'elle soit accusée de sorcellerie. D'ailleurs, la transition entre le présent et le passé n'était pas toujours bien aménée, je trouve, dans le roman.

L'auteur a romancé une histoire qui a existé, Entgen a d'ailleurs sa statue depuis 2022. C'est un bel homage à toutes ses femmes et parfois, hommes, qui ont été brûlé parce que accusé à tort. "Ils" cherchaient vraiment le Diable partout, c'est dingue.

Le début a été un peu laborieux même si j'aimais bien, je pensais toujours au roman "Un bûcher sous la neige" que j'avais adoré. Et puis, ensuite, je me laissée portée par Entgen et j'ai mis Corrag de côté :). Il y a de très beaux passages liés à la nature, des passages très durs aussi.

Un roman porté par une belle écriture, fluide aussi avec des renseignements intéressants à la fin du roman. C'est le petit plus.

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Mon premier coup de coeur littéraire de l'année.

Un récit inspiré de l'histoire d'une femme moderne vivant au XVI ième siècle, Entgen Luijten.
Un voyage dans le passé d'une féministe, un procès pour sorcellerie, l'auteure nous offre une narratrice qui nous livre ses derniers instants dans une grande pudeur et humilité.
La destinée tragique de cette femme vous ouvrira les yeux sur un monde qui n'a finalement pas beaucoup changé, où les origines du sexisme se dévoilent par des subterfuges dignes des plus grandes chasses aux sorcières.
Le style abrasif et émotif font de cet opus une biographique fictive contemporaine, une pépite incomparable 🪄🌸.

Lisez le, offrez le, prêtez le, diffusez son message frappé d'obsolescence parce nous avons oublié le combat des femmes au cours de ces ères patriarcales.
À mettre entre toutes les mains de femmes.
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Dans ce livre, tu vas remonter le temps jusqu'au 17e siècle dans les Pays-Bas. Où tu vas découvrir la vie d'Entgen Luijten, une femme injustement accusée de sorcellerie et de magie noire, qui va vivre un destin tragique et bouleversant.
J'ai été captivé par l'histoire d'Entgen Luijten. L'auteure nous fait partager son parcours, ses souvenirs, ses épreuves, avec une écriture fluide et sensible. La structure du roman, qui alterne entre le passé et le présent, donne du dynamisme et de l'intérêt au récit, et nous plonge dans une époque fascinante et cruelle.
Le côté historique est très intéressant et on sent que l'auteure a fait un superbe travail de recherche pour restituer le contexte. J'ai aussi aimé le rôle de la nature, omniprésente et source de sagesse et de guérison pour Entgen. le fait que ce roman soit inspiré d'un fait réel rend l'histoire encore plus forte et bouleversante.
C'est un livre que je recommande vivement aux amateurs d'histoire, de féminisme et d'émotion.
Donc si tu aimes les livres qui te font partir en voyages dans le temps, les histoires de femmes fortes et les secrets de la nature, ce livre est fait pour toi.
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