« J’aimerais pouvoir écrire simplement, d’un trait, ce qui me donne envie d’en finir, mais ce n’est pas évident de saisir un vague à l’âme. On peut lancer longtemps un lasso dans le vide. »
« Terminée l’époque de La petite maison dans la prairie avec les enfants qui gambadent cheveux au vent parmi les poules, les chevaux, qui jouent tous ensemble dans les ballots de paille. Aujourd’hui, c’est l’asphalte, le surgelé, le mondialisé. C’est la portion individuelle, le mot de passe, la courte durée. Des emplois éphémères, des partenaires éphémères : des vies mâchées trop vite, sans goût. Je l’ai écrit dans une dissertation, le prof a marqué « hors sujet ». »
« J’en ai connu, des copains qui pouvaient rester enfermés, comme elle, dans leur chambre à tchatter, skyper, tweeter avec le monde entier sans sortir à l’air libre. Les autres, ils préféraient leur parler à travers un écran. Ils évitaient leur sueur, leurs mauvaises odeurs et ils pouvaient cliquer pour se déconnecter à tout moment. Rêver, c’est parfois le seul espace de liberté. »
« Mon arbre généalogique, il a subi une tempête, il s’est écrêté. On a toujours des racines quelque part, mais des branches, ça dépend. »
Si on pouvait séparer les mauvaises choses des bonnes aussi facilement qu'on détache le gras d'une tranche de jambon, ça se saurait.
« J’ai toujours pensé que les rêves étaient comme un petit feu à l’intérieur de soi, il faut souffler sur les braises régulièrement pour qu’il ne s’éteigne pas. C’est ce que j’essaie de capter en filmant les battements d’ailes des insectes, les frémissements des feuilles, le voyage fébrile d’une fourmi dans une fissure. »
« Un game n’est jamais vraiment over. Chaque joueur connaît son classement, ses erreurs, sa marge de progression pour rejouer une partie. Dans le monde réel, comment mesurer son score, s’assurer qu’on progresse dans la bonne direction? »
Telle une aventurière de l'âme, j'explore ma crise d'adolescence et son état morbide qui se sont répandus comme une tache d'huile dans mon existence.
« Paris était vide. Pour ce week-end de chassés-croisés sur les routes, le ciel orageux était constellés de cafards, des petits nuages noirs sur le point d’exploser. J’ai imaginé les élèves de ma classe coincés avec leurs parents dans les embouteillages. Ils devaient avoir un casque sur les oreilles, un doigt qui glissait sur l’écran. Ils jouaient sûrement en ligne à acheter des animaux virtuels, à se construire des vies parallèles ou juste à empiler des cubes à l’infini. Ils s’oubliaient. »
Ne valait-il pas mieux me taire ? Pour une fois qu'un événement fissurait mon quotidien. Même si c'était un drame...