Mais lui savait que l'âme avait le pouvoir de quitter le corps. Soit parce qu'elle souffrait trop, soit par la fascination de l'espace ( il avait vu la planète bleue ! ...)
Un Malgré nous a toujours besoin d'être rassuré.
Pour que ton champ de vision s'élargisse, il y a une frontière à passer et que ce soit une barrière, un péage ou un fleuve, pour passer la frontière, il faut payer quelque chose. C'est comme ça depuis toujours.
Il n'y a pas d'anciens Malgré-nous. C'est le premier secret. Ceux qui en sont le sont pour toujours. Il y a ceux qui le savent et ceux qui ne veulent pas le savoir. C'est le deuxième secret. La racine de la guerre, plongeant loin, loin sous la surface de la terre, là où les morts se tournent tous ensemble quand, dans son long sommeil, un seul d'entre eux change de côté.
Et le troisième secret, celui qui change de couleur le plus vite, beau, horrible, beau, horrible qui vous fait passer d'une fosse remplie de cadavres bleu vif comme des divinités, à l'étendue sans fin, brûlante, des champs de blé, le secret qui fait crier: ceux que nous aimons le plus sont toujours le plus loins. Plus nous aimons, plus ils sont étrangers. Que la distance se compte en années, en générations, en milliers de kilomètres, qu'elle sépare un homme d'une femme, une mère de son enfant, ou un vivant d'un mort, cette distance que seul le faucon connaît, c'est la distance exacte qui sépare notre vrai moi de l'uniforme que nous ôtons sans jamais parvenir à nous en approcher.
Il savait. Les bénédictions et les malédictions vont toujours ensemble. Cachées dans l'autre comme l'été dans l'hiver et l'hiver dans l'été, comme les morts sous la terre et les chants de mai.
Parce qu'on est si vulnérable quand on n'est plus celui qu'on était mais pas encore celui qu'on va devenir. Si vulnérable, si influençable, si dépouillé de soi-même, si nu et si pressé de se revêtir, que la moindre parole retentit comme un ordre qui nous pousse une fois de plus dans la mauvaise direction.
- Tu sais pourquoi cest bien de vieillir?
- Non.
- Parce qu'on a tous les ages. C'est comme un ascenseur. Quand tu parles à quelqu'un de l'âge de Vina, cest comme si tu retournais à l'étage quatorze ans. Tout en profitant de la perspective de ton étage à toi. Comme si tu volais de branche en branche. Tu vois ce que je veux dire?
- Tu aimes quelqu'un, Vina, n'est-ce pas?
Son cœur se mit à accélérer dans sa poitrine, comme si Thomas le frôlait de ses doigts.
- Si je te demandais si cet amour est réel ou si c'est une illusion liée aux hormones et à l'instinct de reproduction, tu me répondrais quoi?
Que je l'aime, pensa-t-elle. Que je me fiche bien de savoir si cest à cause de mes hormones. Que tout rabattre à ce genre d'explications n'avance à rien. Que ça n'a pas d'importance.
L'oncle sourit :
- Tu vois, il faut toujours choisir les illusions les plus vivantes.
Il suffisait de lire les auteurs au programme du bac pour comprendre qu’entre hommes et femmes, les choses commencent bien mais finissent souvent mal. En amour, on était prévenu. Mais en amitié ? L’amitié est censée durer toujours (non ?).
Personne ne vous prévenait.
Je m'envolais chaque nuit au-dessus du carnage, je volais jusqu'à cette falaise que tu vois en face de nous. Je me reposais dans ses creux. (..) J'étais toujours porté . Même quand je sortais la nuit pour enterrer les morts par moins vingt- cinq degrés. J'ai appris à voler dans la forêt de Rada. C'est l'une des raisons pour lesquelles j'ai survécu. C'est l'une des raisons pour lesquelles j'aime la vie.