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Citations sur Là où les rivières se séparent (42)

Les fermiers de la Wapiti Valley travaillaient la terre, ils ne la vendaient pas. C’était une vie qui ridait le visage, qui dégraissait le corps et qui rendait content. Nous connaissions nos voisins. Les fêtes et les chagrins étaient partagés. Nous élevions nos enfants comme si la vallée leur avait donné naissance et devait la conserver. J’étais alors un enfant, dans ce lieu qui voyait en moi son avenir.
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... je ressens l'inconsolable joie de vivre de ma mère.
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J´imagine qu´ils viennent chez nous gagner leur badge d´ours. Pas pour tuer quelque chose d´ordinaire qu´on peut manger, mais pour tuer quelque chose d´extraordinaire qui pourrait les manger.
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Quand il revient, il est tout haletant à cause du froid. Il enlève sa veste et ses bottes et se glisse dans son sac de couchage.
- Tu te battrais? lui demandai-je.
-Contre un ours?
-S''il t'attaquait, comme Bert, l'an dernier?
-Je me sauverais.
Je lui dis qu'il ne peut pas courir plus vite qu'un ours. C'est quelque chose que nous savons tous les deux. Cette information est si connue que c'en est devenu une plaisanterie
-Je n'aurais pas besoin, dit-il (j'attends la chute). Je n'aurais qu'à courir plus vite que toi.
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L’été était court, jamais exubérant. Jamais assez long pour lasser.
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C'est la terre dont je me souviens le mieux. Je ferme les yeux et je sens s'enfler en moi la chaleur du plein été. Je vois des papillons d'un noir de goudron à l’œuvre dans les prés le long de la Soshone River, l'herbe montée en graine. Je sens les boutons des fleurs blanches, des bouffées de lavande, l'odeur herbeuse de la castilleja rouge sang, la senteur entêtante des rives couvertes de sauge basse. Ma mémoire escalade les gros rochers et j'entends mes bottes racler les lichens noirs, rouille et jaune maïs, dont ils étaient couverts.
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Quand j’étais petit garçon, je savais que le ranch se trouvait à dix kilomètres de l’entrée est du parc de Yellowstone. Je savais qu’il se trouvait dans le Shoshone National Forest, mais je ne savais pas que je vivais dans le plus grand espace vierge de toute clôture aux États-Unis, Alaska et Hawaï exceptés. Ça, c’est ce que je sais aujourd’hui. À l’époque, je savais seulement que j’étais libre sur cette terre. Quand on me demandait où j’habitais, je répondais : « dans le Wyoming ». Je voulais parler de la zone nord-ouest de l’État, d’un morceau de l’Idaho et du Montana. Je voulais parler de la région proprement dite, de cette partie de la planète restée sauvage, intacte.

Dans mon rêve, je me mettais debout sur la croupe du cheval et je pissais : un arc jaune dans l’air, ma tête retombait en arrière et je criais à la voûte noire du ciel nocturne, puis je me retournais, marchais jusqu’au garrot et m’y asseyais.
C’était un cheval pie, aux yeux foncés, aux naseaux foncés, aux jambes gainées de sombre avec un sabot blanc, l’avant gauche, un peu plus doux que les trois noirs. Chaque pied émettait une note distincte lorsqu’il avançait pour brouter. Il faisait de la musique en galopant. En frappant la terre, le sabot blanc rendait un son plus clair que les trois autres.
Je m’asseyais sur ce cheval, je tendais les bras vers le haut, comme les armatures de longues ailes élancées, je me penchais un peu en avant et il partait au galop. Je sentais l’air frais me tendre la chair. Je sentais le cheval s’échauffer et écumer, je savais que lorsqu’un cheval file à toute allure vers la courbe de la terre, les quatre pieds, quelle que soit leur couleur, quittent le sol en même temps. Je fermais les yeux. Je nous entendais voler en l’air puis de nouveau toucher terre, et je savais que c’était à ces moments suspendus, libres de tout effort, que le cavalier et sa monture pouvaient à cet instant, au suivant puis au suivant, avoir accès à la vue de Dieu. Dans le rêve, je voyais Dieu me regarder et je savais que c’était un cheval que je devais remercier.
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Je suis d'un an trop jeune pour participer au rodéo. Quand je me sens particulièrement fragilisé à cause de ma taille, je répète ce que j'ai entendu un petit homme dire:
-Je devrais faire un mètre quatre-vingt-quinze, mais tout est parti dans les racines.
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Ils ignoraient qui nous étions. Ils ignoraient que nous étions des cavaliers depuis notre plus tendre enfance. Que nous interrogions la destinée dans les grands yeux sombres des chevaux.
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J'étais un garçon et j'étais convaincu que les chevaux étaient extralucides. J'étais sûr que rien ne leur échappait. J'étais sûr que, avec un cheval entre les jambes, avec mon pouls, mon sang et mon énergie allieés aux leurs, j'en voyais davantage. Que je devenais un voyant. J'étais sûr qu'ils étaient les pupilles pommelées, alezanes, rouanes, baies ou noires des yeux de Dieu.
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