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Citations sur Là où les rivières se séparent (42)

Je pense que marcher et chevaucher sont deux choses très différentes. Quand je marche, je ne suis pas connecté à la terre de la même façon, je suis plus conscient du contact de mes os avec la terre, plus conscient de la surface. Ma respiration est nette et forte. C'est comme si je prononçais à l'oreille de la montagne tous les mots dont je suis fait. A haute voix. J'aime cette sensation. J'aime aussi être un cheval. Quand je chevauche, c'est comme si je devais inspirer à travers une demi-tonne de bête pour remplir mes poumons. L'air qui me pénètre est plus plein, plus chaud ; le souffle s'étend, somnolent et méditatif. Quand je serai plus vieux, je penserai que la différence entre marcher et chevaucher est la même qui existe entre la prière et l'effet de la prière.
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Nos chevaux se détournent, tendant la croupe à toute cette violence, la queue rabattue, serrée entre les jambes, la tête basse; ils se tiennent voutés, engourdis par la violence du vent, comme ils sont engourdis par le blizzard. Ils le supportent mais, pendant l'essentiel de l'année, il n'y a pas de neige, il n'y a que du vent, que cette tempête d'air. Les bisons faisaient face au vent, mais ils ne sont plus là. Nos moutons et nos vaches s'amassent dans des fosses communes, remplissant les ravins comme une maçonnerie velue, avec la neige qui s'infiltre dans tous les interstices, qui les cimente en un bloc solidement mort.
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On dit dans le Wyoming que si tu n'aimes pas le temps qu'il fait, tu n'as qu'à attendre cinq minutes ou faire cinq kilomètres.
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A onze ans, mon ambition était d'être un ours. Je voulais rejoindre leur clan. J'enviais leur puissance, leur vitesse, leur impunité. Je considérais les ours âgés de deux ou trois ans comme des garçons plus vieux que moi, plus sauvages, comme une bande de délinquants qui arpentaient le voisinage. Je m'appuyais aux arbres sur lesquels ils se grattaient le dos. Je fouillais parmi les vieux troncs pourris qu'ils avaient fait rouler pour trouver des souris et des vers. Quand je trouvais leur trace, j'enlevais mes bottes et mes chaussettes, et je me tenais pieds nus, silencieux, dans leurs empreintes. Je ne me couplais plus les ongles. En automne, je mangeais des baies. Je voulais apprendre le langage des ours, mais je n'apprenais qu'à les aimer. Maintenant, quand le soleil est levé, je reste leur ami. Mais la nuit, je sais que je suis lentement en train de devenir un homme . J'ai peur qu'un ours ne me démaque, ne me juge. J'ai peur qu'un ours tue le traître que je suis.
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-On est loin? Demande-t-il.
-On a fait environ quatre cents mètres depuis le dernier arrêt.
-Quand tu seras vieux, ta petite bouche dira moins de bêtises, dit-il. Ça te clouera le bec.
-Alors je ferais mieux de m'en servir tant que je suis jeune.
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Nous sommes une famille qui fait cent cinquante kilomètres aller-retour pour aller chercher des provisions en ville une fois par mois.
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J'habite un pays brut, violent. Le Wyoming n'est pas une région qui se prête à la nudité ou à la douceur. Il y a ici quelque chose de tranchant, et l'on vit justement sur ce tranchant. La plupart des oiseaux migrent. L'hibernation est considérée comme une nécessité, et non comme une forme de mollesse. Les vieux, les incapables, les imprévoyants périssent. Et puis il y a le vent.
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Dans les plaines, au sud de Meeteetse, il y a des antilopes. Deux, puis trois, en groupe. D'un bleu-vert luxuriant ou d'un gris sourd, la sauge leur arrive jusqu'au ventre. Les antilopes ressemblent à des barques soulevées par la houle d'une mer nordique. Des barques sans pêcheurs. De petites merveilles de barques, dont le beaupré se prolonge en cornes fourchues, qui accrochent le soleil, à la dérive, tout simplement.
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Je suppose que bien 10 % de la population du Wyoming venue habiter ici est restée uniquement parce que le voyage de retour semblait trop risqué.
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"Tous les matins, il se lève de bonne heure de sa couche répugnante, dans la grande, et fait le tour du corral en se pavanant sur le haut de clôture. Il s'installe sur le bout plat d'un piquet pour voir si l'un de nous se fait tuer par les chevaux. Ses moustaches s'agitent dans l'espoir d'être éclaboussées de sang. Dernièrement, il s'est mis à s'intéresser à la violence que manifeste le poulain de John. Il aune conception démocratique de la douleur. Peu importe lequel d'entre nous est blessé, du moment qu'il aune bonne occasion de voir le sang gicler."
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