Saison de sang

J'enchaîne décidément avec des bandes dessinées qui sortent totalement de l'ordinaire. Surprenant et un peu déstabilisant, mais dans le bon sens du terme. Saison de sang est une histoire sans texte, ou presque, où le destin d'une enfant nous est narré de façon douce et violente à la fois. Mais quel est le but de ce périple.

C'est grâce à Netgalley que depuis quelques années, j'ai renoué avec la bande dessinée. La couverture de Saison de sang avait quelque chose de glaçant, mais aussi d'intrigant, et j'avais envie d'en savoir plus. Je ne suis pas certaine que je me serai penchée dessus chez mon libraire, mais là, je me suis dit que je n'avais rien à perdre. Je suis passée à côté du coup de coeur, cela s'est joué à pas grand-chose.

Lire le résumé nous en apprend beaucoup, mais en même temps, il donne des indices sur des éléments qui ne sont pas forcément flagrants avec la lecture seule des images. Car mis à part plusieurs textes très poétiques qui entrecoupent les chapitres, c'est une lecture graphique qui se fait. Déstabilisant et pourtant, je sais combien un dessin peut parler. Et ici, pas besoin de mot. Les émotions des personnages sont à vif, faciles à comprendre et les pages se déroulent sans que l'on soit perdu. C'est agréable, car cela donne une sensation de calme en un sens et l'on se concentre plus sur les détails. Pas de parasitage, notre seule interprétation est là pour nous guider.

Notre jeune héroïne s'éveille dans la main d'un géant de fer et nous allons la suivre durant tout son périple. Elle ne peut pas reculer et seulement avancer, encore et encore. Aucune attache n'est possible à part avec ce chevalier qui la protège des nombreux dangers qui croisent leur route. Leur relation évolue et l'on sent les sentiments parfois contradictoires de l'ensemble face au géant. Tantôt protecteur, tantôt geôlier. Comme un parent qui doit donner des limites à un enfant, malgré ses envies.

Et plus nous avançons, plus une certaine tristesse s'installe. Nous regardons ces deux êtres avancer vers un destin obscur dans tous les sens du terme. Une guerre qui les pourchasse, un sang magique convoité, jamais de repos.

L'histoire est poignante, cruelle et belle à la fois. Encore une fois, étrange. On souhaite en savoir plus, et c'est cela qui a fait que le coup de coeur s'est envolé dans les dernières pages. Un cycle sans fin sans but. Saison de sang est une métaphore de la vie qui aurait méritait un petit plus, une raison d'être. Désarçonnante, même si pleine d'espoir, j'y retrouve aussi une cruauté qui pince le coeur. La vie est aussi comme cela après tout.

La couverture de cette BD m'a intrigué, après avoir lu le résumé, je me suis laissé tenter de découvrir cette BD qui est un one-shot. Mais quelle surprise quand je l'ai commencé, j'ai vu que c'était une BD muette. Je n'ai jamais lu de BD muette et je suis ravie d'avoir découvert ce genre de BD avec celle-là.

On découvre une jeune fille qui vit avec un ange gardien. Tous les deux marchent tous les jours ; dans une direction, en ligne droite. Pourquoi ? On ne sait pas, mais on ressent grâce aux dessins qu'il faut qu'ils le fassent et que c'est important.
Au fil des saisons, on voit la jeune fille grandir et pourtant il se passe une année lors de notre lecture, on ressent sa tristesse d'être seule et de vivre éloignée des autres humains. On voit qu'elle a besoin d'autres choses pour s'épanouir. Mais son ange gardien n'est pas du même avis et l'oblige à avancer chaque jour.

On comprend tout à la fin de notre lecture. On a les réponses à nos questions.
Les dessins sont bien colorés et l'intrigue est prenante. On commence la lecture visuelle, on regarde chaque détail de chaque page.

Un illustré de grande qualité, à la direction artistique incroyable. On est sur un récit quasi muet mais pas dénué de messages, qu'ils soient clairs ou sous-jacent. L'innocence de notre protagoniste est comme réverbérée par les couleurs éclatantes et les merveilles de ce monde qu'elle traverse, mais également en contraste total avec la violence abrupte et omniprésente qui domine. Une allégorie de la vie et ses étapes, de ces obstacles et choix cornéliens qui auront forcément des conséquence. Un chemin de vie, où l'on ne peut qu'avancer et non pas revenir en arrière, où l'on est porté et protégé avant de porter et protéger à notre tour. Il y aurait tant à dire sur le fond et sur la forme de ce livre qu'il est plus simple de le résumer mon avis à "lisez le". Vraiment.

Alors, par où commencer. Déjà, cette BD est une histoire "muette". Je mets entre guillemets parce que nous avons 3 - 4 pages où il y a des choses écrites. Mais sinon, tout le reste de l'album qui fait quand même presque 200 pages, il n'y a pas un mot.

On suit l'histoire d'un enfant et de son garde du corps qui progressent dans des contrées dangereuses et menaçantes. On comprend bien qu'il y a un but à leur aventure. Ils vont quelques part pour une raison bien spécifique ! Oui mais pourquoi ? Et bien ça, vous le découvrez au fil de l'histoire ^^

Et si on est dans quelque chose de très fantastique et étrange, je dois bien avouer que cet album est magnifique ! On est dans le contemplatif, dans un conte assez métaphysique où action et fresques graphiques s'enchainent au fil des pages.
C'est un spectacle grandiose et magnifique que ce soit dans les moments de calmes ou les moments de combats violent et sanglants !
Lien : https://www.labulle-lunelopo..

Une fillette s'éveille au monde et n'a d'autre choix que d'avancer dans un décor aussi fabuleux que peuplé de nombreux dangers. Heureusement, elle peut compter sur la sollicitude et l'indéfectible protection d'un gargantuesque gardien.

Attention spoilers :

L'auteur a fait le choix de se passer de mots pour nous compter cette histoire et c'est réussi.
Cet album immersif peut se comprendre comme une métaphore des cycles de la nature.

L'enfant, qui n'est autre que la nature personnifiée (une goutte de son sang redonne vie à une terre stérile), est accompagnée d'un gardien, qui symbolise à la fois la sagesse du passé et son rôle futur.
L'enfant entame alors une longue et épuisante marche. Ses pas sont à l'image du cours du temps, que rien ni personne ne peut dévier ou infléchir. Les changements de saison sont marqués par l'ouverture d'un nouveau chapitre.
Et, au milieu de cette marche du temps, des humains (ceux au pouvoir) essaient de détruire l'enfant et sa magie. Heureusement, aux yeux de l'auteur, tout n'est pas perdu pour l'humanité, car des gens humbles et proche de la terre, tendent plusieurs fois la main à l'enfant (ou plus exactement à la nature).
Enfin, l'enfant, que le voyage a grandi, termine sa quête en arrivant au point de départ initial, devant cet arbre de vie où tout s'achève et tout renaît.

J'ai adoré cette expérience de lecture, l'immersion est totale, les émotions nous traversent intensément. Je me suis mise à la place de cette petite fille tantôt en colère, tantôt résignée d'être prisonnière de son sort.
Côté illustration, le graphisme soigné est sublimé par des tons pastels qui prêtent des allures oniriques aux décors et servent savamment le propos de l'auteur.
Nous ressortons de cet album avec l'envie de renouer encore et toujours avec la nature et sa magie.