Une novella des éditions
Noir d'Absinthe ! Elle sort aujourd'hui même. Signée
Morgane Stankiewiez, j'étais bien contente de lire un de ses textes, n'en ayant encore jamais eu l'occasion. La couverture est signée
Marcela Bolivar.
On est dans une histoire assez classique de prime abord. Une ville aux USA en 1813, un manoir de riches puritains traditionnalistes. le père marie son fils aîné à une femme amoureuse d'un autre. Pas content, le fiston va se vautrer dans le stupre et n'en faire qu'à sa tête. Jusqu'à l'arrivée de deux personnages, anglais, un père et sa fille, sirène ténébreuse. Evidemment, le fiston craque pour la sirène. Et puis, la Peste arrive, décimant la ville, peu à peu. La Peste, ou autre chose ?
Meredith est un personnage central dans cette novella : c'est la ville. C'est un décor, un arrière-plan historique (guerre anglo-américaine de 1812) et un être vivant, qui vit, dont le coeur bat, et qui emprisonne. En effet, on est en plein hiver, les habitants sont coincés dans leur ville, isolée de tout. Ambiance huis-clos et surnaturelle, avec la sensation qu'il se passe un truc louche.
La lecture est rapide, car le récit est très court. On a donc l'impression que le texte est simpliste, les personnages assez basiques, et l'intrigue déjà lue et relue. Oui, c'est le cas, mais.
--> Oui : les personnages sont des types, peu creusés, l'ambiance hivernale un peu surnaturelle pas suffisamment brossée à mon goût, l'intrigue est un fil narratif unique, direct, précis, efficace et déjà vu. On pressent bien l'origine du vrai Mal et son origine.
--> Mais : mais
Morgane Stankiewiez est rusée, et rien n'est fastoche avec elle. Et donc, quoi ? Et donc, l'autrice propose des moments surprenants, voire magistraux (ce final !!), qui sortent du chemin habituel. Quant aux personnages, certes ils sont assez stéréotypés, mais l'autrice crée une inversion de leurs rapports en cours de route, et j'ai trouvé ça assez habile.
Partant donc d'une trame classique, l'autrice parvient à créer quelque chose de différent, et de surprenant.
La force de ce récit court tient surtout, selon moi, à son traitement en clair-obscur. On a là quelque chose de très pictural, violemment contrasté selon les éclairages que l'autrice met en scène. Il n'y a pas de demi teinte ici, tout s'oppose de manière très franche, créant un réalisme particulièrement brutal. le récit tout entier est basé sur ce dualisme : chaud/froid, blanc/noir (+ rouge ensuite), lumières/ombres. Intrigue assez simple, efficace et directe, mais écriture sensuelle, imagée et travaillée.
Enfin, j'ai eu la sensation que l'alliance vampirisme/érotisme, schéma encore une fois classique, fonctionnait bien ici, parce qu'il mettait en scène les pulsions d'amour et de mort jusque dans les comportement des personnages et dans la figure du vampire, aboutissement de cette rencontre de pulsions.
Je dirais donc que cette oeuvre gagnerait à être relue une seconde fois si la première lecture laisse une impression de "bof, fastoche". Car avec
Noir d'Absinthe, rien n'est jamais évident, ni simple.
Je remercie grandement Audrey de la maison d'édition pour l'envoi du texte. C'est une lecture que j'ai appréciée, qui m'a surprise, et que je relirai volontiers à l'occasion.
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