Merci aux Éditions
Le Cherche-Midi et à Babelio qui, dans le cadre du thème de masse critique d'octobre m'ont permis la lecture de cet ouvrage.
Lecture et présentation qui ressemblent davantage à une entreprise d'orpaillage qu'à une simple critique littéraire.
Car -
Contagion - est une mine narrative, une mine d'infos ( historiques, politiques, scientifiques ) dont il faut pouvoir extraire et identifier les pépites immergées dans le flot des alluvions aurifères qui coule le long des sluices que sont les 467 pages de ce roman... difficile à classer ( j'y reviendrai ).
Le thème, comme son nom le suggère, c'est l'apparition d'un virus que commence à traquer incidemment un brillant chercheur... pas Indiana Jones...mais un professeur Nainbus ( orthographe volontairement sacrifiée ) tout petit, difforme, se déplaçant avec une canne, marié et père de deux enfants... homme brillant mais au passé trouble. Ce virus va progressivement passer d'ennemi à surveiller à cavalier de l'apocalypse.
Devenir le pire fléau qu'ait connu l'humanité et, se rajoutant au contexte contemporain : réchauffement climatique, disparition des espèces, désordres politiques, terrorisme... transformer notre pauvre terre, déjà bien éprouvée, en un immense pandémonium pré-diluvien. Un globe vianesque s'éclatant dans une folle java de bombes atomiques et une sarabande de délires bactériologiques.
À ce stade de ma présentation, je retrouve les sentiments mêlés éprouvés à la lecture de ce livre. À savoir, un intérêt certain pour les premières pages prometteuses, puis la vague qui se creuse et fait plonger l'histoire très bas : poncifs, faiblesses de l'écriture, narration heurtée, mal maîtrisée ou négligée, incohérences, invraisemblances, psychologie au rabais... et au détour de la page suivante... la qualité retrouvée... grâce notamment à des pages très travaillées dans le domaine "scientifique et historique " ( l'explication de l'écriture de ces excellentes pages nous est donnée à la toute fin du bouquin dans les remerciements adressés par l'auteur... aux hommes de science qui l'ont en quelque sorte formé). Pour ma part, une de mes préférées est celle qui conte les aventures de Jenner et de la variole...
Donc, attendez vous à une lecture montagnes russes ( Poutine vous guidera ), à de bons hauts et à d'exécrables bas.
Cela étant,
Lawrence Wright ayant eu l'habileté (?) de mêler plusieurs genres : thriller, aventure, fantastique, romanesque, anticipation, apocalypse et post-apocalypse, polar politique et j'en passe... chacun y trouvera au moins une raison de s'y intéresser.
En résumé, une lecture qui vous arrive comme un torrent d'alluvions aurifères, mais qui recèle de vraies pépites.
À vous de voir si vous avez en vous la fibre du chercheur d'or, prêt à passer de longues heures dans l'attente d'une once de ce précieux métal qu'on trouve... dans les livres !
Extrait d'un passage que j'ai aimé.
-Une fois qu'il eut décidé de dédier sa vie professionnelle à l'étude des virus, il fut intimidé par la taille et la diversité du monde viral, et choqué par le manque de connaissances scientifiques. Vingt ans plus tôt, personne ne savait qu'il existait des virus dans les océans, mais la recherche avait depuis prouvé qu'un simple litre d'eau de mer en contenait environ cent milliards. Curtis Suttle, virologiste marin à l'université de la Colombie-Britannique, avait récolté de l'eau des océans du monde entier et découvert que quatre-vingt-dix pour cent des virus qu'il analysait était inconnu de l'homme. Pourtant, chacun d'entre eux portait le code génétique des protéines, ce qui signifiait qu'ils avaient tous un but. La nature de ce but demeurait un mystère.
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Ils furent stupéfaits de ce qu'ils découvrirent. D'après leurs calculs, près de huit cents millions de virus se déposaient chaque jour sur le moindre mètre carré de la surface terrestre. La plupart d'entre eux s'attaquaient uniquement aux bactéries, et non aux humains. On estimait le nombre total de virus sur la planète cent millions de fois supérieur au nombre d'étoiles dans l'univers.