L'exil perpétuel d'une famille, le narrateur qui semble être aussi l'auteur, et une intrigue plus profonde qu'elle n'y paraît, tels sont les éléments qui font de ce roman un excellent livre.
Commençons par l'exil, à chaque fois que le père fait les cents pas, la famille est sûre de devoir faire ses bagages car bientôt ils devront partir à nouveau. L'exil est au coeur du roman, et il est intimement lié avec le troisième point, l'intrigue. Qu'est-ce qui pousse se père à faire s'exiler toute sa famille aussi souvent ? L'auteur y répond très bien tout au long du roman, les Balkans rappellerons à certains leurs cours d'Histoire et leurs histoires tragiques. C'est un beau drame, dans le sens où la migration forcée est dramatique mais elle en garde une beauté résiliente de l'espèce humaine qui m'a vraiment plu, il y a quelques touches d'humour situationnelles qui me plaisent également et ajoutent une ironie de la vie qui crédibilise aussi le récit.
L'auteur a un regard presque enfantin sur ce qui lui arrive, un peu comme s'il nous racontait sa jeunesse, l'histoire sent aussi le vécu, c'est ce qui me fait dire qu'il s'est au moins inclus dans l'intrigue et a pu romancer certaines parties, d'ailleurs il inclut très bien le lecteur dans cette famille aussi, je me suis tout de suite senti avec des proches et j'ai vécu la force des mots qu'utilise l'auteur pour décrire les joies et les drames de ces exilés.
Les chapitres courts et le bon rythme finissent de me convaincre sur la qualité de ce roman, ce n'est pas un coup de coeur mais ce n'est vraiment pas loin. Je suis très content de cette découverte grâce à mon Tour du monde littéraire, c'est pour ce genre de pépites que je l'ai commencé et je ne peux que vous le conseiller.
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Chaque fois que mon père commençait à arpenter, d'un pas redoublé, la petite pièce qui lui servait de tout de Babel et qu'il marchait d'un mur à l'autre (tous deux tapissés de livres) en brisant le silence habituel et, pour ainsi dire, sacré qui y régnait, ma mère savait alors avec exactitude que la famille devait, derechef, s'apprêter à plier bagage...