En Angleterre, le droit britannique favorisait les fils aînés au détriment des cadets et des filles. Cette injustice des successions pouvait faire le désespoir de certains, et causer des conflits entre frères et soeurs. Cela détruisait les familles, en laissant les autres enfants démunis de tout, alors, qu'ils vivaient dans le confort. Se construire une nouvelle vie était alors, la priorité pour ces déshérités. Il en allait de leur honneur.
Belgrave Castel était le domaine de Phillip, duc de Westerfield, qui avait appartenu à ses ancêtres depuis onze générations. Âgé de 74 ans, Phillip, préparait son fils aîné, Tristan de 45 ans, à en être propriétaire. du moins, il l'espérait. Edward était son deuxième fils, âgé de 42 ans, alcoolique et passionné par le jeu. Arabella, sa première femme était la mère de ses deux fils. Puis, Phillip se remaria avec
Marie-Isabelle, de sang royal. Elle avait 19 ans et Phillip 55. Phillip avait fait un mariage d'amour. Mais, un an après,
Marie-Isabelle mourut en accouchant d'une petite fille fille, nommée Angélique. Celle-ci devint la joie de son père. Il lui apprit la gestion du domaine, comme à ses deux fils. Angélique qui avait, désormais, dix huit ans, se dévouait, avec amour, pour son père.
Selon la loi, Tristan hériterait de la plus grosse part de l'héritage. Il avait demandé à ses deux fils de laisser vivre Angélique au château de Belgrave, ou à défaut au cottage à côté de Belgrave. Il ne voulait pas que sa fille se retrouvât sans rien. Phillip savait que ses deux fils n'avaient pas apprécié son remariage. Cela l'inquiétait fortement.
Quand Phillip mourut, le personnel fut très inquiet pour Angélique et eux même, et il eut raison. Dès qu'Angélique prévint Tristan, celui-ci prit tout de suite possession du domaine. Il relégua Angélique dans l'une des chambres des domestiques, au dernier étage, en attendant qu'elle parte. Il lui avait trouvé une place dans une famille, en tant que gouvernante d'enfants. Angélique accablée par la perte de son père, comprit que celui-ci avait raison. Il ne respecta aucun souhait de son défunt père. Tristan la chassa le lendemain de l'enterrement de leur père. Angélique partit avec le minimum de bagages, ainsi qu'une bourse de de 25 000 livres, que lui avait donnée son père, dans le plus grand secret, peu avant sa mort. Angélique sut qu'elle ne reverrait jamais ce domaine. Elle se promit de s'en sortir, en ne restant pas toute sa vie bonne d'enfants.
Angélique arriva chez les Ferguson. Elle avait la charge de quatre enfants, Simon quatre ans, Emma trois ans, Rupert un an et le bébé, Charles, qui ne cessait de pleurer à longueur de journée. Les Ferguson ne s'occupaient pas du tout des enfants. Angélique devait leur amener les enfants que quelquefois, surtout quand ils avaient des invités, histoire de montrer leur progéniture. Angélique pensa au bonheur qu'elle avait eu, en vivant dix huit ans de bonheur aux côtés de son père, ce qui ne serait pas du tout le cas de ces enfants. Elle s'attacha à ces enfants autant qu'eux s'étaient attachés à elle. Angélique pensa qu'Emma aurait à peu près le même destin qu'elle, car c'était une fille. Son père aurait été fier de la voir si bien se débrouiller avec ces quatre enfants. Les Ferguson partaient souvent assez longtemps. Mme Ferguson annonça à Angélique qu'elle était de nouveau enceinte. Étant donné qu'Angélique se débrouillait très bien avec ses quatre enfants, elle n'aurait qu'une nurse, pour l'aider, le premier mois de la naissance du futur bébé. Simon devait partir en pension peu après.
Les Ferguson décidèrent de partir à Londres et d'emmener leur tribu avec Angélique. Cette année-là, si son père avait été encore en vie, elle aurait fait son entrée dans le monde. Mais, désormais, elle était dans le monde des nurses, alors qu'elle était de condition plus noble que ses employeurs. Elle se promit que dans cinq ans, tout changerait grâce à la bourse que lui avait donnée son père. La grossesse de Mme Ferguson avançait. Les aristocrates se montraient peu, quand elles arrivaient à six mois de grossesse. Elle revint, donc, dans le Hampshire avec Angélique et les enfants. La visite du frère de Mme Ferguson bouleversa un peu la vie d'Angélique. Celui-ci était de très mauvaise réputation envers les femmes. Naturellement, pour celui-ci, Angélique serait une fille aussi facile que les autres. Mais celle-ci l'éconduit dès les premières avances du jeune Don Juan.
Mme Ferguson accoucha dans d'horribles douleurs. A bout de force, Eugénia Ferguson mit au monde des jumeaux, un garçon et une fille. Les bébés ne furent présentés qu' à leurs frères et soeurs que trois semaines plu
s tard. Un mois plu
s tard, les Ferguson étaient à nouveau en
voyage, alors qu'Eugénia n'avait vu ses bébés qu'une seule fois, ce qui choqua Angélique. Elle avait, désormais, à sa charge six enfants. Simon partit en pension, ce qui attrista Angélique. Pour elle, cet enfant était encore trop petit, mais c'était ainsi dans les familles bourgeoises.
Un an passa très vite. Angélique gérait très bien l'éducation des cinq enfants, ainsi que les soucis de maladie. Elle pensait toujours à sa propre indépendance. Depuis son départ, Angélique écrivait très souvent la cuisinière. Les nouvelles de Belgrave désolaient Angélique. Beaucoup de domestiques étaient partis ou remplacés par ceux de sa belle soeur. Tout avait bien changé pour tous, au domaine de son père.
Un jour, lors d'une réception, Angélique qui promenait les enfants dans le parc, rencontra un jeune homme très distingué, qui était un invité des Ferguson. Celui-ci, très attirée par cette jeune et jolie nurse, lui fit des avances. Angélique ne lui donna aucun espoir. le soir même, le jeune homme éméché frappa à sa porte. Elle eut l'imprudence de lui ouvrir. Celui-ci se précipita sur elle pour l'embrasser. Angélique se défendit comme elle pu, en lui mordant les lèvres à sang. le jeune homme furieux quitta la nursery. le lendemain, Angélique fut convoquée par les Ferguson. le jeune homme s'était plaint. Leur nurse s'était offerte à lui, puis l'avait repoussé. Angélique n'en crut pas ses oreilles. Elle expliqua en pleurs, que c'était tout le contraire. Mme Ferguson ne la crut pas. le verdict des Ferguson fut unanime, Angélique fut renvoyée le soir-même. Les domestiques furent sous le choc. C'était le destin des domestiques. L'une d'elles, lui donna l'adresse d'une gouvernante qui pourrait l'aider. Heureusement, qu'Angélique avait encore la bourse de son père. Cela allait l'aider en attendant de retrouver un travail.
Angélique arriva chez cette gouvernante, mais celle-ci ne put rien faire pour elle, car elle n'avait aucune lettre de recommandation. Une autre lui répondit la même chose. Voyant qu'Angélique parlait couramment plusieurs langues, cette dernière lui conseilla d'aller en France. La France ne lui était pas inconnue, car elle y avait été avec son père. Elle redécouvrit Paris seule. Elle pensa à sa mère qui était française. Elle savait qu'elle était de sang royal du côté de sa mère et duchesse du côté de son père, mais tout avait bien changé depuis. La France serait, peut-être, une autre page de sa jeune vie. Elle logea dans un hôtel, le temps de rechercher du travail.
Un soir en retournant à son hôtel, elle vit une fille en pleurs dans un caniveau. Celle-ci était vulgairement habillée, et son visage était recouvert d'ecchymoses. La jeune femme refusa l'aide d'Angélique. Mais celle-ci la ramena dans sa chambre d'hôtel et la soigna. Sans le savoir, cette jeune femme, Fabienne, sera le début d'une nouvelle vie pour Angélique. Quand Fabienne alla mieux, elle lui raconta sa vie. Fabienne était un prostituée qui en avait marre de se soumettre ainsi à une maquerelle, qui lui prenait son tout son gagne pain. Angélique rageait. Il était inhumain de rouer de coups une jeune fille quelque soit son rang dans la société. Elle fut choquée par la violence de la prostitution. Ces filles vivaient dans la misère et le désespoir. Mais, elle ne fut nullement scandalisée par le métier de Fabienne. Si elle n'avait pas eu l'argent de son père, elle en serait peut-être là ! Une idée germa dans la tête d'Angélique. Elle proposa à Fabienne de ne pas retourner d'où elle venait et lui suggéra son projet. Angélique voulait ouvrir une sorte de club très huppé, avec des prostituées élégantes pour les hommes riches. Cela existait, lui dit Fabienne, mais il fallait beaucoup d'argent. Peu importe, Fabienne l'aiderait par ses relations et Angélique apporterait l'argent. Les filles auraient le confort, la sécurité, ainsi qu'un salaire équitable. Fabienne trop heureuse de quitter sa maquerelle, se mit tout de suite à rechercher des prostituées les plus élégantes. Angélique rechercha, alors, une demeure assez grande pour accueillir une dizaines de filles. Ce n'était pas ce qu'Angélique avait prévu de faire avec l'argent de son père, mais elle décida de se lancer. Angélique n'avait pas le choix.
Angélique créa la meilleure maison close de Paris, une maison de luxe avec les plus belles femmes. Elle se fit passer pour une veuve et géra à merveille son entreprise, qu'elle appela ‘'Le Boudoir''. Les filles heureuses de vivre dans la sécurité et dans le luxe, appelèrent Angélique,
la Duchesse. ‘'Le Boudoir'' attira, alors, des hommes politiques, des banquiers, des hommes extrêmement riches.
La Duchesse recevait très souvent les confidences des ces hommes esseulés. Elle devint l'amie, mais uniquement, l'amie, du ministre de l'intérieur. Elle eut des penchants pour certains hommes, comme le ministre, mais elle se promit que cela n'irait pas plus loin qu'une amitié. ‘'Le Boudoir'' devait être géré par une femme sérieuse. Et il le fut, car celui-ci fut connu jusqu'à l'étranger. Des hommes d ‘affaire américains venaient régulièrement. Un jour, un riche américain, John Carson, qui ne venait que pour parler avec
la Duchesse, la demanda en mariage. Il était fou amoureux d'elle. Elle refusa. Ce n'était pas encore le bon moment pour Angélique.
Alors que ‘'Le Boudoir'' prospérait, les troubles d'une guerre agitèrent Paris. L'Angleterre fut aussi prise dans cette tourmente. La révolution allait commencer dans divers pays, dont la France. Paris devenait un danger pour les filles d'Angélique. Avec l'aide de son ami ministre, elle ferma ‘'Le Boudoir''. Toutes devaient quitter Paris au plus vite. Elle mit en sécurité ses filles. Habillée en veuve, Angélique prit le bateau pour l'Amérique. Elle ne savait pas quand elle reviendrait en France. le
voyage fut très long et devait durer trois semaines. Un passager, Andrew, la voyant aussi triste que lui, vint lui parler tous les jours. Au fur et à mesure des jours Angélique et Andrew ne se quittèrent pratiquement plus. Chacun oublia ses malheurs. Lorsque le bateau arriva en Amérique, il leur fut
impossible de se quitter. Andrew demanda en mariage Angélique. Désormais, libre dans sa tête, Angélique accepta. Andrew trop heureux décida de présenter sa future femme à son père. Qu'elle ne fut pas le choc, lorsqu'Angélique vit John Carson !!!
Très bon roman étoffer de plusieurs thèmes : Les héritages en Angleterre dans les années 1800, les conséquences de ces héritages qui favorisaient le premier héritier mâle, et qui défavorisaient la gente féminine. Danielle Steel y ajoute le monde de la prostitution et la prostitution de luxe. C'est un roman plein de tristesse, mais le message qu'elle veut faire passer est, de ne jamais baisser les bras. On a tous de bons et mauvais moments, et beaucoup plus de mauvais. le combat est une leçon de la vie, qui nous aide à affronter mieux celle-ci.