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Critiques filtrées sur 5 étoiles  

Cinq nouvelles de plus en plus prenantes. La première qui porte le nom du recueil parle d'une escapade dans la campagne. La seconde n'a pas retenu mon attention. La troisième met en scène des mondains réunis pour un cocktail afin d'écouter un pianiste qui ne tient pas vraiment à faire carrière, mais surtout parle des oiseaux. La suivante se passe à Manille où un ambassadeur culturel s'ennuie. Mais la meilleure est sans conteste Genèse dans lequel un jeune britannique s'engage comme cowboy et vit avec un groupe d'hommes qui arpente les plaines neigeuses afin de réunir les vaches avant l'hiver. Incroyable ce que ces hommes peuvent supporter comme souffrances.
Dans toutes ces nouvelles, le point commun est la beauté de la nature et sa merveilleuse description par Wallace Stegner.
Vraiment un écrivain à découvrir si ce n'est déjà fait.
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Je ne connaissais pas du tout l'oeuvre de Wallace Stegner et je ne peux que remercier les éditions Gallmeister d'avoir remis au goût du jour ce recueil de nouvelles : la couverture m'a fait de l'oeil il près d'un an et le livre attendait sagement dans ma PAL que je trouve le moment idéal pour l'ouvrir.



En glanant des informations sur l'auteur, je me suis aperçue que beaucoup d'écrivains américains d'envergure n'étaient que trop peu traduits.

Il est un des pionniers de l'école dite du Montana et chaque page du recueil en est un écho tant la nature tient le haut du pavé.



La première nouvelle éponyme du recueil, « le goût sucré des pommes sauvages » m'a emmenée dans le Vermont au coeur d'une campagne au charme d'antan semblant abandonnée de tous, la mécanisation à grande échelle de l'agriculture a eu raison du monde rural. La porte de sortie est l'exode. Dans cette nature solitaire, Ross, un peintre de paysage, et Margaret roulent au gré de la route illuminée par la splendeur des couleurs de l'automne, et ont la surprise de rencontrer une femme et sa fille, rescapées de la fuite vers l'ailleurs. La jeune fille étrange les conduit dans un verger magnifique où les pommiers croulent sous les fruits. Une rencontre du troisième type au cours de laquelle la nature dispense toujours ses richesses à qui sait les trouver et apprécier.

Ce coin de campagne est un peu un « wild wild west » à deux encablures de New York city.



« Jeune fille en sa tour » est un deuxième voyage mémoriel, celui d'un homme qui découvre que l'immeuble dans lequel il passa une folle époque de sa jeunesse est devenu la propriété d'une entreprise de pompes funèbres : sa vieille tante repose en attendant les funérailles.

Soudain c'est l'Amérique d'avant le krach boursier, celle de l'insouciance et de toutes les extravagances. Salt Lake City, un rêve américain des grands espaces. Tout y fut grand les fêtes, les folies, les espoirs et les déconvenues. La nature laisse passer les caravanes humaines, goguenarde ou blasée : elle sait qu'elle demeure.



« Guide pratique des oiseaux de l'ouest » est une nouvelle savoureuse à souhait. Un critique littéraire à la retraite se retrouve coincé dans une soirée un brin snob, en Californie, l'état de toutes les excentricités et des tocades.

Joe observe les invités, les hôtes et l'artiste pour lequel la soirée est organisé avec l'oeil d'un ornithologue : la volière s'ébroue, jacasse, pépie, piaule ou caquète. On y fait le paon ou on se fond dans l'environnement. le jeune pianiste est-il un passereau digne d'intérêt ou sans grand talent ? Les places au soleil de la célébrité sont rares et chères au point qu'un pieu mensonge sur ses origines pourrait paraître véniel. Or le ramage usurpé ne trompe pas l'ornithologue avisé.

Un regard doux amer sur un american dream souvent difficile à atteindre.



« Fausses perles pêchées dans la fosse de Mindanao ». Un attaché culturel d'ambassade américain se retrouve au coeur d'un duo amoureux mené de main de maître par la femme écrivain. L'exotisme des traditions de Manille est le prétexte de montrer combien les liens peuvent être complexes entre nature et culture, entre hommes et femmes, entre l'étranger et l'autochtone. La Conquête de l'ouest a franchi le Pacifique pour se perdre dans les îles aux allures paradisiaques. le héros est un tantinet blasé, revenu de tout qui pourtant parvient à être surpris par la manière extraordinaire avec laquelle l'écrivaine a réussi à reconquérir l'amant inconstant.



« Génèse » dernière nouvelle du recueil qui aurait pu être un court roman. Un jeune Anglais part aux Etats Unis pour devenir cow-boy. Il est embauché pour redescendre un troupeau, pâturant dans les plaines du Montana, jusqu'au ranch du propriétaire.

Il découvre l'âpreté sauvage de la condition de cow-boy, la promiscuité entre les hommes, leur solidarité, leurs coups de gueule, leur philosophie et leur respect envers ceux qui résistent au labeur parfois inhumain.

Les grands espaces sont merveilleux sous un ciel d'été et deviennent l'antichambre de l'enfer lorsque les éléments se déchaînent.

« Génèse » est un court roman dit western aux accents du texte fondateur de l'Ecole du Montana qu'est la série de quatre romans « The Big Sky » d'A.B. Guthrie.

La description des paysages, dans la tourmente ou non, est somptueuse et d'une grande poésie. En quelques phrases, on se retrouve aux côtés de ces cow-boys, dans une nature d'une beauté à couper le souffle. La liberté sans limite où que se porte le regard de l'homme.

Une aventure initiatique pour le jeune héros surnommé Rusty en raison de sa chevelure rousse. Il part pour une quête de soi, pour connaître ses limites et vivre un peu de la vie de pionnier.



Cinq nouvelles choisies par l'auteur pour un voyage au coeur des mémoires d'une Amérique que l'on idéalise certainement et dont on rêve toujours. Les Etats-Unis ce pays continent où l'horizon est plus vaste qu'ailleurs, où l'infinitude en devient presque enivrante.

A découvrir en s'imaginant au coin d'un feu crépitant, dans un fauteuil à bascule, un soir d'hiver dans une ferme du Montana ou des Appalaches (je sais, c'est un grand écart géographique).

Traduit de l'américain par Eric Chédaille
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"Le goût sucré des pommes sauvages" est à la fois le titre de ce recueil de cinq nouvelles de Wallace Stagner et le titre de la première nouvelle qui le compose (pages 9 à 21). La dernière nouvelle est la plus longue : "Genèse", de la page 137 à la page 247, une histoire de cow-boys attendant le chinook dans la Saskatchewan. On se croirait dans les récits de Jack London avec des hommes risquant leur vie dans un univers âpre et enneigé. Dans sa note à la fin de l'ouvrage, #wallacestegner se définit comme un voyageur. "Les nouvelles ici présentées figurent bien une sorte de parcours personnel." On voyage en effet du Vermont à Salt Lake City et à la Californie, et même jusqu'à la fosse de Mindanao. Les chutes des nouvelles déçoivent parfois. L'intérêt est ailleurs : dans un style sublime, qui colle à la réalité de la terre avec un vocabulaire souvent soutenu, une matière verbale sculptée au plus près de l'expérience vécue. Des expressions comme "Silence adamantin", "trame collante de la glace, comme si des criquets lui eussent frangé les yeux". 250 pages stylistiquement irréprochables (Il faudrait saluer le travail du traducteur, Éric Chédaille). Un ouvrage à posséder pour tout amoureux des mots. Cinq récits très différents par leur contenu et l'immersion qu'ils proposent mais où résonne une même musique verbale proche de la perfection.
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Wallace STEGNER (1909-1993) est l'une des figures majeures et en même temps l'un des pionniers de la littérature Etats-unienne du « Nature writing ». Mais il serait maladroit de le limiter à cette forme d'écriture, les cinq nouvelles de ce recueil en sont la preuve.

Dans ces nouvelles de longueurs et atmosphère très diverses, nous allons faire connaissance avec un couple âgé qui sent le poids du temps qui passe en se promenant dans la campagne dans la très brève nouvelle donnant le titre au recueil. le même sentiment survient dans la tête d'un homme entre deux âges qui revient sur les paysages de son enfance dans la courte nouvelle « Jeune fille en sa tour ».

Changement d'ambiance avec la longue et cynique nouvelle « Guide pratique des oiseaux de l'Ouest » où, lors d'une ennuyeuse soirée pince-fesses, la maîtresse de maison cherche à faire briller en société un pianiste qui tape sur les nerfs du narrateur ornithologue. Jim HARRISON vénérait STEGNER. Dans ce texte, la similitude entre les deux écrivains saute aux yeux : l'humour décalé de STEGNER, ce début de récit avec de majestueuses et puissantes descriptions de la nature et des oiseaux, ces personnages un brin beaufs mais souhaitant être mis en valeur, ces situations burlesques et embarrassantes, les digressions, etc. le format est par ailleurs proche des novellas chères à HARRISON. Petit bijou à découvrir. Je ne m'attarderai pas sur la nouvelle sans aspérités « Fausses perles pêchées dans la fosse Mindanao », sans trop d'intérêt.

La dernière nouvelle, je devrais plutôt écrire court roman puisqu'elle représente près de la moitié du recueil, est sans nul doute la plus forte. Nouveau changement de décor avec « Genèse », où un jeune anglais du début du XXe siècle souhaite devenir cow-boy au Canada. Ici s'ouvrent de fabuleuses pages de « Nature writing », ambiance western très identifiée, avec des personnages rudes, batailleurs mais humains, superbement décrits, puissants et déterminés malgré un froid glacial qui pourrait bien les empêcher de continuer leur route. « Ils vont te parler de tout ce boulot de marquages, de servages, de castrations, de journées entières le cul en selle à pourchasser les bêtes par monts et par vaux. Mais à quoi veux-tu qu'un cow-boy passe son temps ? Quand il a rien à faire, il joue aux cartes, il se bagarre, il court la gueuse et c'est les ennuis assurés. Il vaut bien mieux pour lui de se retrouver sous une gentille tente comme celle-ci, à camper bien gentiment au milieu du blizzard ».

La nature, hostile, est impitoyable et d'une grande force. Ici, on pense bien sûr au Larry MCMURTRY de « Lonesome dove » par exemple. Et ce n'est pas un hasard : MCMURTRY et Edward ABBEY entre autres furent les élèves du prof de littérature Wallace STEGNER, c'est lui qui leur a en partie inculqué leur maîtrise. Ce texte est un pur ravissement, et le recueil un aperçu très pertinent des mondes de Wallace STEGNER, qu'il serait sans doute judicieux de continuer à explorer tant ce recueil donne un succulent goût sucré. Pas mal de phrases frappent au coeur : « Je ne vois pas comment l'on peut rester en bonne santé si l'on exprime pas ses sentiments ».

Ces nouvelles sont sorties à différentes périodes de la vie de l'auteur, elles furent regroupées en recueil en France tout d'abord chez Phébus, mais c'est ici l'édition poche de Totem des éditions Gallmeister parue en 2019 qui est privilégiée, avec une petite postface de l'auteur rédigée peu d'années avant sa mort. Un recueil en harmonie totale avec la météo, pour chevaucher au coeur des grands espaces.

https://deslivresrances.blogspot.com

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Ce recueil laisse un sentiment d'une grande intimité vécue. En quelques paragraphes ou avec plusieurs pages (selon la durée de la nouvelle), Wallace Stegner place ses personnages comme des observateurs du présent. Nous ressentons tout de suite leur sensibilité au monde et ils sont entièrement disposés à vivre des rencontres, avec le présent ou le passé. Cela peut être mélancolique comme dans les deux premières nouvelles. La musique que nous propose l'auteur fonctionne sur des tempo différents et passer d'une nouvelle de 20 pages à une autre de plus de 100 est une sensation étonnante. On passe d'une fugue à une symphonie et à chaque fois, le développement sensoriel fonctionne. L'auteur utilise tous les éléments de son décor pour soutenir le propos. L'auteur semble mettre en scène des êtres face à une réalité qu'ils ne connaissent pas. Là où les deux premiers textes placent les narrateurs dans une relation sensible, les trois autres textes mettent en avant la Raison. L'auteur pose la question de la position par rapport à la vie, l'engagement ou la retenue, la passion ou la raison. La rencontre est belle car elle ne se place pas sous le signe de la confrontation. Ce recueil se développe dans la tendresse et dans le questionnement qui reste à la fin de chaque texte. Pourrais-je changer mon rapport à la vie ? Ne vaut-il pas mieux choisir pour éviter des remords et des regrets ? le voyage est le point commun de ces textes et William Stegner s'amuse à bouleverser le parcours, changer le rythme du trajet imaginé pour ouvrir alors une brèche dans le temps. Commence alors la force poétique de ces narrations. L'auteur parvient à évoquer tous les doutes ressentis par les personnages, une manière d'admettre un questionnement intime sans aucun drame. le recueil propose une écoute du monde, introspective et pudique.
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