- Nous sommes de beaux explorateurs. Quelques jours de route et on a le cafard.
Il y a, paraît-il, en Chine, une loi non écrite qui veut que, lorsqu'un homme a sauvé une vie, il en devient responsable jusqu'à la fin de son existence. Car, étant intervenu dans le cours des événements, le sauveur ne doit pas échapper à ses responsabilités. Cela m'avait paru très logique.
La personnalité de l'Américain est un fait absolu et démontrable.
Avoir un compagnon vous fixe dans le temps et c'est le présent ; mais, quand la solitude s'installe, passé, présent et futur, tout se mêle. Le souvenir, l'événement immédiat et la conjecture sont présents tous à la fois.
Rien de mieux, me sembla-t-il, pour remédier à ma solitude que d'être seul.
Le gardien du lac était solitaire, et ce d'autant plus qu'il avait une femme.
Il y a tant à voir, et nos yeux du matin décrivent un monde qui ne sera pas celui que contempleront nos yeux de l'après-midi, cependant qu'il ne fait aucun doute que nos yeux las du soir ne pourront décrire qu'un monde fatigué.
Nous bûmes du whisky et échangeâmes quelques mensonges.
Les techniques pour entamer le dialogue sont universelles. Je l'ai su il y a longtemps et j'ai découvert que la meilleure façon d'attirer attention, aide et confidences, est d'être perdu. Un homme qui, voyant sa mère mourante de faim, gisant par terre, serait capable de la rouer de coups de pieds et de lui passer sur le corps pour libérer le chemin consacrera avec empressement plusieurs heures de son temps à fournir des indications fausses à un étranger qui se plaindra d'être égaré.
Un voyage est comme un mariage. Le meilleur moyen de se tromper est de penser qu'on le contrôle.