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Citations sur Voyage avec Charley (45)

Un voyage est un individu. Il n'en est pas deux semblables. Et tous les plans, toutes les garantis, tous les projets et tous les engagements prévus ont vains. Après des années de bataille, on finit par comprendre que nous n'entreprenons jamais un voyage: c'est lui qui nous entreprend.
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Se pourrait-il que les Américains soient un peuple remuant, nomade, jamais satisfait de l'endroit où il se trouve ? Les pionniers, les immigrants qui peuplèrent le continent étaient les agités de l'Europe. Les enracinés restèrent chez eux et y sont toujours. Mais chacun de nous, à l'exception des Noirs amenés de force comme esclaves, descend d'un nomade, d'un être fantasque ne désirant pas rester chez soi. Quoi d'étonnant à ce que nous ayons hérité de cette tendance ? Car nous l'avons fait. Mais c'est là voir les choses de trop près. Que sont des racines et depuis combien de temps en avons-nous ? Quelle est l'histoire de notre espèce, si celle-ci existe depuis quelques millions d'années ? Nos ancêtres lointains jouèrent le jeu, se déplaçant suivant les possibilités de subsistance, fuyant devant le mauvais temps, le gel et les changements de saison. Il se passa des millénaires avant qu'ils songent à élever des animaux et à avoir ainsi leurs vivres sous la main. Puis ils partirent, avec leurs troupeaux, à la recherche de l'herbe qui les nourrissait, se déplaçant sans cesse. Ce n'est qu'avec l'agriculture - et celle-ci est toute récente - qu'un emplacement acquit une signification en termes de valeur et de durée. Mais la terre est chose tangible et tout ce qui est tangible a une propension à se concentrer en un petit nombre de mains. Celui qui convoite la propriété de la terre veut aussi les serfs qui la travailleront. Les racines naquirent avec la propriété, avec les possessions tangibles et immuables. Sous cet angle, nous sommes une espèce nomade, l'histoire de nos racines est très récente et ces dernières n'étaient l'apanage que d'une minorité. Peut-être les avons-nous surestimées, obéissant ce faisant à un besoin psychologique ? Mais sans doute le désir le plus grand, le plus profond et le plus ancien des besoins, c'est la volonté d'être ailleurs.
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- On est habitué, dis-je, à apprécier l'idée de s'attacher quelque part, de s'enraciner dans un sol déterminé, au sein d'une communauté. (...)
- Combien y a-t-il, aujourd'hui, de gens qui ont ce dont vous parlez ? Quelles racines peut-on avoir dans un appartement au douzième étage d'un immeuble où des centaines et des milliers de gens vivent dans des compartiments presque identiques ? Mon père est d'origine italienne. Il a été élevé en Toscane dans une maison où sa famille habitait depuis mille ans. C'est ça que vous appelez des racines ? Pas d'eau courante, pas de W.-C., la cuisine faite au charbon de bois ou aux ceps de vigne. Ils ne disposaient que de deux pièces, une cuisine et une chambre à coucher où tout le monde dormait, le grand-père, le père et tous les gosses. Aucun endroit pour lire ou pour s'isoler. Etait-ce mieux ? Mon vieux aurait eu le choix, il aurait coupé ses racines et vécu comme nous.
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(...) j'étais un fantôme. Ma ville avait grandi et changé, et mon ami avait fait comme elle. Maintenant, revenu, aussi différent aux yeux de mon ami que ma ville l'était aux miens, je déformais ses idées, brouillais sa mémoire. En partant, j'étais mort et, de ce fait, j'étais devenu une image fixe, inchangeable. Mon retour ne causait que désordre et malaise. Ils ne pouvaient pas me le dire, mais mes vieux amis désiraient me voir repartir pour pouvoir me remettre à la place qui m'était assignée, dans leurs souvenirs... et je souhaitais partir moi aussi, pour la même raison. Tom Wolfe avait vu vrai. On ne peut retourner chez soi car cela n'existe plus.
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Voir un séquoia vous laisse une marque qui ne s'effacera plus. Jamais on n'en a reproduit de bonne photo ou de bonne peinture. La sensation qu'on éprouve ne peut se transmettre. Ces arbres imposent le silence et le respect. Ce n'est pas dû à leur stature incomparable, à la couleur qui semble se transformer, se nuancer sous vos yeux, non, ils ne ressemblent en rien aux autres arbres que l'on connaît ; ce sont les ambassadeurs d'une autre époque. Ils ont le mystère de ces fougères disparues un million d'années plus tôt dans le charbon de l'ère carbonifère. Ils transportent leur propre lumière et leur ombre. L'homme le plus vaniteux, le plus satisfait, le plus irrévérencieux mis en présence d'un séquoia est frappé d'émerveillement et de respect. Respect, c'est le mot. On éprouve le besoin de s'incliner devant une souveraineté incontestable. Depuis ma plus petite enfance, j'ai connu ces grands de la terre ; j'ai vécu parmi eux, campé et dormi contre leurs corps chauds et monstrueux, jamais je n'ai éprouvé l'ombre d'un dédain. Je ne suis pas le seul dans ce cas.
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J'ai l'air - préoccupation de la vieillesse - de pleurer le bon vieux temps et de m'opposer aux changements - ce qui est monnaie courante chez les riches et les idiots. Ce n'est pas cela. Seattle n'était pas un vieux souvenir modifié. C'était quelque chose de neuf. Atterri au hasard, je n'aurais pas su dire où je me trouvais. Partout un développement fantastique, dévorant. Les bulldozers jetaient à bas les forêts vertes, entassaient les branches pour les brûler. Les troncs blancs arrachés s'empilaient le long de murs gris. Je me demande pourquoi le progrès ressemble tellement à la destruction.
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(...) Et le désert, desseché et accablé par le soleil, est une bonne école pour observer l'astuce et l'infinie variété de moyens de survivre malgré une opposition sans merci. La vie ne pouvait changer le soleil ou arroser le désert, elle s'est changée elle-même.
Le désert, endroit peu désirable, est peut-être le dernier rempart de la vie contre l'absence de vie. Car, dans les parties riches, arrosées, recherchées de ce monde, la vie part à l'assaut d'elle-même et, dans la confusion, finit par s'allier avec son ennemi, l'absence de vie. Et ce que les armes cuisantes, desséchantes, gelantes, toxiques de l'absence de vie, ne sont pas parvenues à faire, l'instinct de conservation ranci y arrivera et ce sera la fin. Si la plus versatile des formes vivantes, l'être humain, se bat pour survivre comme elle l'a toujours fait, cela peut aboutir non seulement à sa propre élimination mais à celle de toute autre forme de vie. Et c'est peut-être le désert qui deviendra la mère rude de la repopulation. Car ses habitants sont bien entraînés et bien armés contre la désolation. Même notre propre espèce égarée peut émerger de nouveau du désert. L'homme et sa femme tannés par le soleil, qui s'accrochent à l'ombre dans un endroit infertile que personne ne leur dispute, avec leurs frères d'armes - le coyote, le crapaud corné, le serpent à sonnette et tous les insectes caparaçonnés -, ces particules de vie, résistantes et bien entraînées, peuvent représenter l'ultime espoir de la vie contre la non-vie. Avant cela, le désert a enfanté d'autres magies.
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C'est dans la nature de l'homme lorsqu'il vieillit de protester contre les changements, surtout si ceux-ci sont des améliorations. Mais il est vrai que nous avons échangé l'abondance contre la famine et l'une des deux nous tuera.
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Lorsque j'étais très jeune et possédé du besoin d'être toujours ailleurs, les gens mûrs m'assuraient que la maturité me guérirait de cette démangeaison. Quand les ans me déclarèrent mûr, on m'assura encore que l'âge ferait son oeuvre. Puis l'on m'affirma que ma fièvre se calmerait avec le temps. Et, à présent que j'ai cinquante-huit ans, sans doute est-ce de la sénilité que viendra le remède. Jusqu'ici, rien n'y a fait. Quatre coups rauques de sirène de bateau me hérissent les poils de la nuque et me donnent des fourmis dans les jambes. Le bruit d'un avion à réaction, un moteur qui chauffe, le claquement de sabots sur le pavé réveillent le vieux frisson ; font la gorge sèche, l'oeil vague, les mains moites et se dilater l'estomac sous les côtes.
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Les techniques pour entamer le dialogue sont universelles. Je l’ai su il y a longtemps et j’ai découvert que la meilleure façon d’attirer attention, aide et confidences, est d’être perdu.
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