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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le poil de la bête.
En premier lieu je recommande aux lecteurs sujets à l'arthrite, ou à une quelconque déficience musculaire des membres supérieurs ou abdominale d'attendre la version poche de ce live qui pèse un âne mort. le temps de lecture étant particulièrement long, il est conseillé d'avoir recours au marque page dès l'apparition des premiers fourmillements dans les doigts.

Cela dit ce roman policier possède tous les ingrédients d'un roman policier, à savoir des victimes des assassins, des inspecteurs de police, un détective privé, des gens qui restent vivants aussi. Notons également une très belle couverture avec des citrons, un vaporisateur de parfum et des taches.

L'intrigue est cohérente, malgré les artifices (changements de narrateur, découpage en chapitres improbables, citations de Wittgenstein sans lien (ou si ténu) avec l'histoire. Bien ficelée les faits se passent essentiellement à Vienne que l'auteur n'apprécie pas beaucoup. Si ce dernier est autrichien, il est né en Australie et chacun sait que l'Australie est très loin en toutes choses de l'Autriche, avec son architecture et ses gâteaux. Aussi se plaint-il par le truchement de ses personnages d'un état de pesanteur et de balourdise prédominant dans cette capitale dont même l'aéroport semble rescapé sans dommage du dernier conflit mondial.

Là où le roman s'échappe du classicisme c'est que les personnages n'agissent pas conformément à leur rôle. Peut-être un peu au début un assassin tue-t-il une victime mais c'est jugé accessoire et pardonnable et donc chacun agit selon sa morale propre pour mieux assurer sa continuité vitale. Personne n'est coupable, personne n'ira en prison, personne ne contrôle personne, seuls les morts sont morts, encore que… L'auteur s'amuse, et les échanges verbaux tournent souvent à la dérision. Un mélange du théâtre de Prévert ( de mémoire : Piquemouvoche , pas Michevoupoque , on n'a qu'un nom et on y tient…) et de Beckett dégraissé par Ionesco. Un peu vieillot tout de même ces références (j'oubliais Anouilh…) qui provoque des ricanements édentés.

Chaque page est donc pesante de mots et c'est inutile d'en tenter la lecture accélérée vous êtes acculés au repli. Comme c'est effrayant de se satisfaire d'avoir passé les cent premières ou de jeter un oeil sur le numéro de la dernière (642) pour se rassurer (plus que 130) alors que votre poignet émet un craquement inquiétant.

On finit ce livre comme on remonte de la mine, épuisé, avec un dernier trait
« pour ceux qui veulent absolument tout savoir ».

Ne vous découragez pas car on retombe (lourdement) sur ses pieds, fatigués mais satisfaits deux fois (d'avoir compris et d'avoir fini).
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Créée en 1709, l'eau de Cologne était à l'origine un médicament utilisé contre les attaques d'apoplexie, les migraines, les rages de dents et même les accouchements difficiles. C'était une eau miraculeuse, la formule de l'eau 4711, la plus fameuse, est depuis toujours gardée secrète. Mais heureusement il y aura toujours des personnes malveillantes pour tenter de s'approprier le secret d'une eau miraculeuse, comme il y aura toujours un détective privé et quelques femmes fatales dans tous romans noirs qui se respectent.

Oubliez toutes les conventions du polar, si il y a bien un détective, il est autrichien d'origine Chinoise, manchot, romantique et poète en diable ,précédé d' une solide réputation : « chaque fois qu'il est chargé d'une affaire, il y a une foule de gens passablement dingues qui meurent »disent de lui les flics Viennois complètement dépassés , et les femmes sont fatales, bien sur, mais aussi et en même temps terriblement maternelles et parfois létales .

Dans « le poil de la bête » nous rencontrerons également un archiviste Viennois agent double, un banquier gérontophile, un célèbre compositeur de musique à la recherche de trou spatio-temporels , un jeune écrivain arrogant espérant l'immortalité ou le Nobel, une mère célibataire et sa gamine à la langue bien pendue, un adolescent handicapé et son skate- board, une jeune punk dresseuse de merle , des vieillards indignes et des chats chartreux gardiens des clés du paradis .

Heinrich Steinfest nous entraine dans les rues de Vienne sans temps mort .Cinéphile il convoque Hitchcock, Godard, Tarantino et, sacrilège, ose imaginer que l'on puisse faire un remake de « Citizen Kane. Cultivé il oppose Wittgenstein à Descartes tout en visitant une expo de Dürer .L'écriture est brillante bourrée de métaphores poétiques et décalées . Sacré roman, érudit et drôle « le poil de la bête » à l'intelligence de ne se prendre jamais au sérieux. Un livre pétri d'humour qui met bien à mal la fameuse blague du siècle dernier sur le prétendu humour autricihien
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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On s'abstiendra pour commencer de tenter de résumer l'intrigue du Poil de la bête car on ne pourrait en fin de compte que l'affadir. On se contentera donc de dire que l'on y trouvera une quadragénaire devenue tueur à gages qui ne se sépare jamais de son enfant handicapé, un compositeur venu peut-être venu du futur, un chien n'émettant ni bruit ni odeur, un détective manchot, une enfant juive un peu antisémite sur les bords et de l'eau de Cologne.

Il apparaîtra pour qui a déjà lu l'un ou l'autre des précédents romans de Steinfest que le romancier autrichien n'a pas varié dans sa démarche, déconstruisant et reconstruisant avec bonheur ses histoires sur un fond d'énigme policière dont la résolution ne pourra qu'être étonnante (ce qui n'empêche pas qu'elle soit logique).
« La précision de Dürer n'a pas vraiment de sens. Les choses n'en deviennent pas plus claires. Au contraire. Elles disparaissent derrière la finesse du trait. » dit l'un des personnages du Poil de la bête. Et, de fait, c'est cela, mais aussi son contraire, que l'on retrouve chez Steinfest, écrivain présentant avec une précision redoutable un monde qui n'est pas la réalité mais plus que la réalité. Bien ancré dans le réel, le monde que décrit Steinfest va au-delà du réel, poussant les personnages et le lecteur à envisager sérieusement la possibilité de l'existence d'une autre vérité derrière celle que l'auteur présente avec un luxe de détails.

Faussement échevelé le récit, comme habité par une vie propre, se plaît à déstabiliser le lecteur avant de venir un peu confirmer ses certitudes puis, à nouveau, à l'occasion d'un nouvel enchainement de situations ou au détour d'une phrase, de le faire douter à nouveau. Et cela, toujours, avec un humour extrêmement fin qui séduira les amateurs de nonsense.

C'est toujours une expérience stimulante et troublante que de lire un roman de Steinfest et sans doute plus encore avec ce roman long (plus de 650 pages) multipliant avec bonheur points de vue, fausses pistes, trompes l'oeil et rebondissements. Revigorant pour qui acceptera de se laisser prendre au jeu que propose l'auteur, le poil de la bête est assurément une nouvelle réussite pour celui dont il n'est plus besoin de confirmer qu'il est aujourd'hui l'un des écrivains les plus originaux du polar.


Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Prendre dans sa toile, s'agissant en principe d'un polar, Wittgenstein, De Niro, Ginette Neveu et Kurt Waldheim sans qu'aucun d'entre eux, évidemment, ne participe à l'intrigue, est un gage d'éclectisme.

Cela suffirait à recommander l'auteur et son roman que viennent encore abonder humour, imagination, auto-dérision et réflexions diverses.

Pas vraiment ou pas seulement un polar, a-t-on envie d'écrire, satisfait.
C'est bien que ça existe et qu'existent encore les bonnes surprises, particulièrement là où on ne les attend pas.
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