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Citations sur Les gais lurons (6)

Par une nuit comme celle-là, bien entendu, le regard plonge en un monde de ténèbres où les eaux tourbillonnent en écumant, où les vagues s'entrechoquent avec le fracas d'une explosion et l'écume jaillit et se disperse en un clin d'œil. Jamais auparavant je n'avais vu les Gais Lurons aussi furieux. La rage, la hauteur et la fugacité de leurs projections formaient un spectacle impossible à décrire. Bien plus haut que nous et que la falaise, leurs blanches colonnes montaient dans les ténèbres ; et au même instant, comme des fantômes, elles avaient disparu. Quelquefois, trois d'un coup s'élevaient ainsi pour s'évanouir ; quelquefois, la bourrasque les emportait et l'embrun retombait sur nous, dense comme une vague. Et cependant le spectacle était encore plus effarant par son allègre frénésie, qu'imposant par sa puissance. L'esprit restait confondu devant cette clameur stupéfiante ; un vide hilare s'emparait des cerveaux humains, un état voisin de la folie ; et je me suis surpris à accompagner la danse des Gais Lurons comme s'il se fût agi d'un air de gigue sur un instrument.
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Parmi cette confusion de formes qui fluctuaient dans le courant, les objets étaient difficiles à distinguer. Mais j'ignorais encore si mes pieds posaient sur un rocher naturel, ou sur le pont d'un navire de la riche Armada, lorsque la touffe de varech me resta toute entière dans la main. En un instant je fus remonté à la surface, et les rives de la baie, ainsi que l'eau étincelante, flottèrent devant mes yeux dans un éblouissement rouge. Je regrimpai sur les rochers et jetai à mes pieds la touffe de varech. En même temps, quelque chose rendit un son métallique, comme une pièce de monnaie qui tombe. Je me baissai et découvris, encroûté de rouille, mais indéniable, une boucle de soulier en acier. La vue de cette pauvre relique d'humanité me pénétra, non d'espérance ni de crainte, mais d'une mélancolie amère. Je la ramassai, et l'image de son propriétaire m'apparut comme une présence réelle. Sa figure tannée par les intempéries, ses mains de matelot, sa voix enrouée par les mélopées du cabestan, son pied qui avait jadis porté cette même boucle et si longtemps arpenté les ponts instables, tout ce qui faisait de lui un homme, une créature semblable à moi, avec des poils, du sang, des yeux qui voient, m'obsédait en ce lieu solitaire et ensoleillé, non à la manière d'un fantôme, mais comme un ami que j'aurai bassement offensé.
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On l’appelait Espirito Santo, un énorme vaisseau de guerre, à plusieurs ponts, muni de canons, chargé de trésors, monté par des grands d’Espagne et d’intrépides soldats. Maintenant, c’en était fait de ses voyages et de ses prouesses, il gisait pour toute l’éternité, en Écosse, au fond de la baie de Sandag, à l’ouest d’Aros. Plus de salves d’artillerie pour le majestueux Saint-Esprit, plus de vents favorables, plus d’heureuses aventures ; il n’avait rien à faire désormais qu’à pourrir dans le fouillis des algues enchevêtrées, au bruit de la clameur des Gais Lurons.
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C'était un homme de petite taille, revêche, bilieux, avec un long visage et des yeux très noirs ; cinquante-six ans, respirant la santé et l'activité, avec quelque chose d’intermédiaire entre le berger et le marin. Ne riant jamais, à ma connaissance ; lisant continuellement la Bible ; priant beaucoup ; à l'instar des Caméroniens parmi lesquels il avait été élevé ; et c'est un fait que par bien des côtés il me rappelait l'un de ces prédicateurs des montagnes à l'époque des massacres ayant précédé la Révolution. Mais sa piété ne lui procurait guère de réconfort, ni même, selon moi, de gouverne. Il avait des accès d'humeur noire lorsqu'il craignait l'enfer ; mais il avait eu une vie rude, une vie qu'il contemplait avec nostalgie, et il était demeuré un homme rude, froid et sombre.
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Le Ross, le promontoire de Grisapol, n’est ni haut ni large, mais les hommes l’ont laissé, jusqu’à ce jour, âpre et inculte comme Dieu l’a fait : il est entouré d’îles escarpées, d’écueils que redoutent les navires ; tout cela dominé à l’est par de très imposantes falaises et par le pic de Ben-Kyaw, la montagne du brouillard, en langue gaélique, - elle est la bien nommée, car ce sommet, qui a plus de trois mille pieds de haut, arrête au passage les brumes qui viennent de la mer et arbore son étendard gris, même quand le ciel est clair partout ailleurs. Le Ben-Kyaw est marécageux jusqu’au faîte. Combien de fois, assis au grand soleil sur la bruyère, avons-nous vu la pluie l’envelopper d’un crêpe noir ! Mais l’humidité ne rend souvent la montagne que plus belle. Quand le soleil frappe ses flancs, les roches mouillées et les petites sources brillent d’un éclat de joyaux.
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Une prière sincère n'est jamais formulée en vain : si la supplication n'est point toujours exaucée, du moins le suppliant est-il, selon moi, immanquablement récompensé par la grâce d'une quelconque consultation.
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