Miss "Skeeter" (c'est son surnom) a 23 ans et des cheveux blonds frisés. Elle est (trop) grande, toujours célibataire, et, au grand désarroi de sa mère, rêve de devenir journaliste ou écrivain ! Recherchant du travail auprès d'une grande maison d'édition, celle-ci lui propose le challenge suivant : écrire une histoire qui n'a jamais été écrite, un point de vue nouveau, quelque chose d'inédit.
Miss Skeeter décide alors de donner la parole aux "bonnes" de Jackson, Missisipi, ces "nounous" noires qui travaillent dans les grandes maisons appartenant aux blanches, s'occupant aussi bien des sols que de la cuisine, élevant le plus souvent avec plus d'amour et de proximité les futurs maitres et maitresses blancs de Jackson.
La première bonne à rejoindre son projet est Aibeleen, qui a perdu son garçon des années plus tôt, et quitte systématiquement les familles pour lesquelles elle travaille dès lors que les enfants dont elle s'occupe grandissent et changent le regard qu'ils portent sur elle. Mais dans l'Amérique des années 60, alors que les femmes de la Ligue veulent faire passer un projet de loi sur la nécessité de séparation de toilettes pour les noirs et les blancs, il est dangereux de parler de ce qui se passe dans les grandes maisons blanches. D'autant que la violence, l'humiliation et la répression des noirs ne sont jamais loin, il suffit de lire les journaux, et que
Martin Luther King prépare une marche sur Washington !
Roman choral à 3 voix,
La couleur des sentiments nous est relaté par Miss Skeeter, Minnie et Aibileen, trois femmes différentes, mais aussi sympathiques qu'attachantes. Emouvant, ce livre nous fait réagir en mettant en évidence les lois et discours de ce temps-là, qu'on ne peut que qualifier de racistes. Les rapports humains sont au coeur du livre, l'humour n'est jamais loin, et Katryn Scott dépeind avec un certain réalisme la vie dans les années soixante dans les états unis ex-esclavagistes. Elle fait ainsi revivre un passé que l'on serait vite tenté d'oublier.
Pour ma part, ce qui m'a étonnée dans cette lecture, c'est la relation amour-haine que vouent les bonnes à leurs blanches patronnes, qui le leur rendent bien, ne serait-ce que pour conserver la suprématie de la couleur de leur peau ! Même si j'ai trouvé la fin moins bonne que le reste du livre, et que le déroulement de l'histoire reste assez convenu, ce livre évite la plupart du temps de tomber dans les clichés ou de devenir larmoyant.
La couleur des sentiments est un bon roman pas compliqué et bien mené, à lire pour se détendre, et se rappeler que, si le monde aujourd'hui n'est certes pas parfait, l'élection d'un
Obama à la présidence des USA était juste inimaginable il y a une poignées d'années de cela !